Man/ Des proches de Mabri Toikeusse ferment le siège régional de la chefferie : Le chef suprême des Dan sort de sa réserve

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Le chef suprême des Dan, sa majesté Gloudeu Dan 1er Gué Pascal, roi du Tonkpi n’est pas content. En effet, dans la nuit du mardi 5 septembre, des jeunes se réclamant proches du président du conseil régional du Tonkpi ont fait irruption dans les locaux du siège régional de la chefferie traditionnelle où ils ont chassé les vigiles, changé les serrures et mis le bâtiment et la clôture sous scellée. Ce jeudi 7 septembre, d’autres jeunes soutenus par une forte délégation de femmes sont allés installer le chef suprême et ses notables dans leur bureau. Occasion pour le roi du Tonkpi de rompre son silence et donner sa version des faits.

Dans la nuit du mardi 5 septembre, selon les dires du chef suprême des Dan, des jeunes dont un certain Setin Nando Frédérique se disant envoyé par le président du conseil régional ont fait irruption dans les locaux du siège de la chambre régionale des rois et chefs traditionnels pour déloger ceux qui y étaient notamment les agents de sécurité et mettre le bâtiment et la clôture sous scellée. Une action que des jeunes de Man et des femmes n’ont pas bien apprécié. « Ces jeunes sont venus me voir pour me dire qu’ils ne sont pas d’accord avec ce qui se passe. Donc ils sont venus me chercher pour aller m’installer dans mon bureau. Pour eux c’est ici que je dois recevoir les gens pour régler les problèmes de conflit et de cohésion sociale. Je leur ai dit que cela doit se faire sans violence. Ils m’ont donné toutes les assurances. C’est ainsi que nous sommes arrivés ici ce matin », a expliqué le chef suprême des Dan.

Selon lui, le ministre Mabri Toikeusse l’accuse d’avoir soutenu des candidats contre lui, ce qui n’est pas vrai d’après lui. « Je n’ai rien fait à Mabri qui est mon fils. Il n’est pas plus âgé que mon deuxième fils. J’ai été très surpris d’apprendre que Mabri dit que je ne le soutiens pas alors que lui et Aboubakar Fofana m’ont été présentés comme des candidats du président Alassane Ouattara. Je relaie cela auprès de tous les chefs pour qu’ils soient soutenus. J’essaie de m’informer auprès des chefs qui sont souvent autour de lui, et ils me disent que mon problème avec Mabri c’est que j’ai été celui qui a demandé à Alassane Ouattara d’être candidat. Vendredi 1er septembre, un de ses proches, Koné Amara est venu me menacer dans mon bureau ici comme quoi si Mabri perd cette élection, il va s’en prendre à moi. J’ai saisi les autorités compétentes et l’affaire suit son cours. Et c’est après cela que Setin est venu demander à ce que je quitte ce bureau », a-t-il expliqué. Il a expliqué les conditions dans lesquelles il a acquis ce siège.

« Lorsque j’ai été désigné chef suprême des Dan, je suis allé demander un site au préfet pour la construction du siège de la chefferie, C’est ainsi que le préfet nous a octroyé ce site. Nous avons tous les papiers. Mabri a demandé que le conseil régional construise ce siège. Chose que nous avons acceptée en lui donnant le plan de la construction. Mais il a voulu nous tromper en s’offrant un bureau ici dans nos locaux, chose que nous avons refusé. Il voulait utiliser ce site pour s’installer en tant que candidat aux élections présidentielles de 2025. Nous avons refusé cela. S’il veut le faire qu’il aille à son site de Nihidaley mais pas ici. Ce bâtiment a été construit avec les fonds du contribuable. Pas son argent personnel. Il appartient à la chefferie traditionnelle et non à un bien personnel de qui que ce soit. Nous n’allons pas accepter cela », a martelé le roi du Tonkpi.

Pour lui, ce siège est un bien imprenable de la chefferie traditionnelle. Il s’était même proposé d’offrir 10 millions et 1000 francs comme contribution par chef pour la construction du siège. « C’est le conseil régional même qui s’est proposé de construire ce siège pour l’offrir à la chefferie. Les travaux ont démarré en 2020 et c’est cette année que nous avons reçu les clés », a-t-il précisé.

Ce même matin, le chef suprême des Dan a reçu la visite du préfet de la région du Tonkpi, préfet du département de Man, Célestin Womblegnon, du ministre-gouverneur du district des montagnes, Albert Flindé, du maire de la commune, Aboubakar Fofana et du préfet de police de Man, le commissaire divisionnaire Ouattara Ibrahima.

A leur sortie du huis-clos qu’ils ont eu avec le président de la chambre régionale des rois et chefs traditionnels, ils n’ont fait aucune déclaration. Cependant, le Gloudeu Dan premier a fait savoir que ces autorités sont venues lui assurer de leur protection. « Il ont déployé des éléments des forces de sécurité à ma résidence et ici à mon bureau pour assurer ma sécurité et celle de l’institution que j’incarne », a relevé Gué Pascal. Depuis ce matin du jeudi, le siège de la chefferie est placé sous haute surveillance. Il a tout de même dit qu’il accorde son pardon à son fils Mabri et invite ses collaborateurs à pardonner les mauvais agissements de son fils. « Je demande aussi aux mânes de nos ancêtres de pardonner les agissements de mon fils. Il reviendra un jour à la raison et je vais bien l’accueillir », a-t-il conclu.

Dans l’impossibilité de joindre le président du conseil régional, nous avons pu avoir en ligne son directeur de cabinet, Désiré Mohi. Ce dernier nous a fait savoir que le ministre Mabri Toikeusse n’est pas au courant de cette affaire. « C’est seulement ce matin qu’il a appris que des jeunes inconnus sont allés verrouiller le siège de la chefferie traditionnelle. Vous savez bien que c’est lui qui a construit ce siège et il a offert à la chefferie traditionnelle. Il n’a pas à s’immiscer dans son fonctionnement à partir du moment où il a déjà remis les clés », a-t-il souligné.

A sa suite nous avons joint le deuxième vice-président du conseil régional, le sénateur Alain Seu Tia, qui nous a dit que seul le ministre Mabri peut répondre à cette préoccupation. Setin Nando Frédérique qui a été cité plusieurs fois dans cette affaire ne répond pas aux appels.

Le chef suprême dans ses propos a dit qu’il a été menacé dans son bureau par Koné Amara, un proche collaborateur du président Mabri Toikeusse. Ce dernier joint au téléphone a dit qu’il ne se reconnaît pas dans les faits. « Je n’ai jamais été chez le chef Gué Pascal. Je ne suis ni de loin ni de près impliqué dans cette affaire. Je n’en sais rien du tout. Même mon mentor le ministre Mabri n’est au courant de rien et je suis même surpris de ce que j’entends », a-t-il réagi. Il a tout de même refusé de donner sa position pour que nous puissions le rencontrer.

Les jeunes ont désigné Soumahoro Loua pour exprimer le soutien de la jeunesse Dan au chef Gué Pascal. « Ce qui se passe n’honore pas le peuple Dan. Nous ne devons pas être instrumentalisés par les politiques pour humilier les chefs. Cela ne fait pas partie de notre culture. Je soutiens le chef dans sa démarche. Qu’il continue son œuvre de promotion de la cohésion sociale. Qu’il ne tienne pas rigueur des agissements de ces jeunes », a déclaré le porte-parole de la jeunesse Dan.

Les femmes par la voix de la présidente de la fédération des organisations féminines de Man, Dosso Noëlle, ont traduit leur soutien à Gué Pascal. « Nous sommes de cœur avec le roi, nous ne voulons plus de bruit à Man. Moi-même qui vous parle, j’ai été menacée. Nous sommes fatiguées des palabres et nous n’en voulons plus chez nous », a-t-elle signifié.

Kindo Ousseny

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