L’indemnisation des victimes des viols et meurtres perpétrés au stade du 28 septembre 2009 à Conakry, traîne.

A quand l’indemnisation des victimes des viols et meurtres perpétrés au stade du 28 septembre ? Question sans réponse pour l’heure dans la capitale guinéenne. Plus de 15 ans après la tragédie, et 7 mois après le verdict du procès. A l’occasion d’une visite le 31 janvier dernier, le pôle d’experts d’Avocats Sans Frontières France (ASFF) a touché du doigt les réalités du Centre des Survivantes de Viol et de Violences Sexuelles de Maferinyah à 1h de la capitale Conakry. 4 survivantes et des responsables du centre ont discuté avec les expertes venues de la France.

Mme Aissatou Kodho Diallo, administratrice du centre, a donné quelques informations sur le quotidien des Survivantes. « Sur une liste de 400 victimes de toutes les tragédies confondues, nous ne recevons ici pour le moment qu’une quarantaine de femmes. Et nous n’avons pas la possibilité de les héberger sur place », indique-t-elle, avant de préciser que le centre connaît des difficultés de mobilisation et de sensibilisation à destination des Survivantes. Découragement, peur ou désespoir semblent alourdir les pas des victimes. « Pis, enfonce Aissatou, nous n’avons aucune visibilité concernant l’indemnisation des victimes. En attendant, les femmes accueillies s’occupent avec des activités de saponification et de teinture ». Le bout du tunnel semble donc loin pour les innombrables victimes de la répression. Le chemin des prises en charge et réparations des traumatismes est encore parsemé d’embûches et d’épines diverses. Les plaidoiries continuent, et les victimes attendent toujours. L’administratrice révèle que la situation des Survivantes demeure préoccupante. « L’unique psychologue fait de la thérapie de groupe, du suivi individuel mais aussi du référencement pour les victimes qui ont besoin d’une prise en charge particulière », signale-t-elle.

Émues par toutes ces informations, les expertes d’ASFF ont donné du courage à leurs consœurs. « Nous demeurons à vos côtés. Il faut que des leçons soient tirées de ces événements tragiques et que les violences faites aux femmes soient réprimées et que les victimes obtiennent réparation », énoncent Françoise Bastien-Rabner, magistrate honoraire, et Caroline Walter, laquelle travaille aussi pour le Fonds mondial pour les Survivants (GSF).
Notons que le centre des Survivantes de Viol et de Violentes Sexuelles de Maferinyah, est désormais financé par l’Agence Française de Développement. Il a été créé à l’initiative des Survivantes concernées dans le cadre du projet de Mesures Réparatrices Intérimaires (MRI) mené par GSF en Guinée. Le projet a été mis en œuvre avec l’Association des Victimes, Parents et Amis du 28 Septembre 2009 (AVIPA) et l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH). Inauguré le 28 septembre 2023, le centre est ouvert à toutes les victimes de VBG. Un projet en cours d’élaboration, vise la construction d’un nouveau bâtiment destiné à l’hébergement des victimes, afin de créer un lieu de prise en charge holistique pour elles. Les métiers de la pâtisserie et l’alphabétisation sont également prévus.
Mandé-Adams