Man: Des adolescentes formées à la santé reproductive

Temps de lecture : 3 minutes

Au centre communautaire Béthanie, à Man, une trentaine de jeunes filles âgées de 10 à 24 ans ont pris part, ce mardi 25 juin à un atelier pas comme les autres. Porté par l’Association des Jeunes Agriculteurs, en partenariat avec l’ONG Ipas Afrique Francophone, cet atelier CVTA (Clarification des Valeurs sur la Transformation des Aptitudes vis-à-vis de l’avortement) vise à renforcer les connaissances des adolescentes sur la santé sexuelle et reproductive, en mettant particulièrement l’accent sur les risques liés à l’avortement clandestin.

Selon M. Saïd Roger, président de l’Association initiatrice, cette action s’inscrit dans une volonté de “préserver la santé et l’avenir des jeunes filles face à des pratiques dangereuses et méconnues”. Il évoque des rumeurs persistantes à Man selon lesquelles certaines adolescentes utiliseraient du ciment pour interrompre une grossesse. “Ces pratiques tuent à petit feu. Il est urgent de parler, de prévenir, d’éduquer”, affirme-t-il avec gravité.

Au programme de la journée, trois modules de formation : les droits à la santé sexuelle, la reproduction chez les adolescentes, et un volet interactif sur le CVTA. Les jeunes participantes ont été invitées à s’exprimer librement sur leurs représentations de l’avortement, à partager leurs connaissances, mais aussi à réfléchir à des cas pratiques, comme celui d’une adolescente décédée après une interruption clandestine. Une manière, selon les organisateurs, de favoriser une prise de conscience collective et individuelle.

Le formateur principal, Koffi Aboya, représentant de l’ONG Action contre la Misère, a insisté sur la nécessité d’ouvrir le dialogue avec les jeunes. “On ne peut pas dire à une fille de ne pas fréquenter les garçons sans expliquer pourquoi. Il faut l’orienter, l’informer, l’aider à prendre les bonnes décisions”, explique-t-il. Il invite également les adolescentes à se rapprocher des centres de santé où elles peuvent obtenir des conseils et un accompagnement approprié.

Mais l’atelier ne s’arrête pas à la sensibilisation. Les jeunes formées deviennent elles-mêmes actrices du changement. “À l’issue de cette formation, dix équipes de deux filles iront à la rencontre d’autres adolescentes de leur communauté. Chacune d’elles sensibilisera trois groupes de 15 filles, sur des thèmes comme l’hygiène menstruelle, la contraception ou encore les signes précoces de grossesse”, détaille Saïd Roger.

Parmi les participantes, Sarah Elisabeth, élève en classe de première, témoigne avec enthousiasme : “Cette formation m’aide à mieux me connaître, à mieux me comporter dans la société et à encourager d’autres filles à faire comme moi.” Pour elle, l’autonomie commence par la connaissance de soi et l’accès à la bonne information.

Alors que les grossesses précoces et les avortements clandestins continuent de compromettre l’avenir de nombreuses jeunes filles en Côte d’Ivoire, l’initiative lancée à Man apparaît comme une réponse locale concrète et salutaire. Une démarche communautaire et inclusive qui, espèrent ses initiateurs, fera boule de neige dans d’autres localités.

Kindo Ousseny

Loading

Partager, c'est aimer!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *