La 39ᵉ session de l’ANP Academy s’est tenue, ce jeudi 12 août, à la Maison de la Presse d’Abidjan, autour du thème : « Information et communication en période électorale : comment éviter les risques liés aux infractions aux textes juridiques ». Animée par le procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Braman Oumar Koné, cette rencontre a permis de rappeler aux journalistes les limites légales encadrant la liberté d’expression, ainsi que les sanctions encourues en cas de manquement.

D’entrée de jeu, le Procureur a rappelé que l’article 19 de la Constitution garantit la liberté d’expression, mais que ce droit connaît des limites fixées par la loi. Ces restrictions visent notamment la protection des droits d’autrui, de la sécurité nationale et de l’ordre public. Il a expliqué que la loi sur la presse réprime plusieurs comportements, parmi lesquels la diffamation, y compris celle à caractère raciste, ethnique ou religieux, l’injure, la publication de nouvelles fausses, l’offense au Chef de l’État ou encore la diffamation envers les institutions, le gouvernement, les forces armées et les administrations publiques. Ces infractions, selon lui, peuvent entraîner la suspension du journal ou le paiement de lourdes condamnations pécuniaires.
Abordant la communication en ligne, M. Koné a précisé que la loi n°2013-451 du 19 juin 2013 relative à la lutte contre la cybercriminalité ne prévoit pas de régime particulier pour les journalistes et qu’elle s’applique à tous de manière uniforme. Les infractions susceptibles d’être commises sur Internet incluent l’atteinte à la dignité humaine, l’atteinte à l’honneur et à l’image, la diffusion de fausses informations, l’incitation au trouble à l’ordre public ou à la haine, ainsi que l’injure.
Pour le président de l’Autorité nationale de la presse (ANP), Samba Koné, cette session se tient à un moment crucial, à deux mois de l’élection présidentielle prévue le 15 octobre prochain. Il a souligné qu’en période électorale, les émotions collectives sont souvent exacerbées, allant de la colère à la peur, et que les risques de polarisation sont élevés. Les rumeurs, les informations non vérifiées et les discours de haine circulent alors rapidement, ce qui rend l’information particulièrement sensible.
Selon lui, les journalistes doivent, plus que jamais, manier l’information avec prudence, mesurer l’impact de chaque mot, chaque phrase et chaque image sur la cohésion sociale, et éviter de relayer des informations non confirmées. Il a rappelé que le journaliste n’est pas un simple relais, mais un acteur investi d’une responsabilité sociale, morale et juridique.
L’exposé du procureur Braman Oumar Koné a été suivi d’échanges nourris avec les journalistes présents, qui ont pu poser des questions précises sur les risques juridiques liés à leur pratique. La rencontre s’est achevée sur un appel à la responsabilité collective afin de préserver la paix sociale, en plaçant l’éthique et la rigueur au cœur de la pratique journalistique.
Touré Ibrahima