Bangolo : Mont Peko/ déguerpis de leurs terres 24 villages interpellent le gouvernement

Temps de lecture : 6 minutes

Par Doumbia Balla Moïse /

Ce qu’ils souhaitent
Rien ne va plus dans les villages riverains du mont Peko. Nombreuses sont les populations des villages des cantons tahouake, le bayedan, du département de Bangolo, qui font les frais  de la nouvelle délimitation du parc du mont Peko et ce, depuis mi 2016. Ces populations, pour la plupart autochtones sont issues de  24 villages desdits  cantons. Aujourd’hui, ce sont des  milliers de familles qui se voient dépourvu de leurs terres.

Face à cette  situation, l’ONG ORIPARC (Organisation des riverains du parc du mont Peko), qui multiplie les actions, a tenu une réunion avec les chefs des villages concernés le samedi 20 janvier dans le village GoéniéTahouake (environ 30km de Bangolo). Serge Djea, président de ORIPARC qui avait a ses cotes Oulah Tah, président de l’ONG CODEPARC (comité de défense du parc), fait l’historique de cette situation.« Cela fait bientôt plusieurs mois que nos parents on été déguerpis de leur terres. Nos grands parents sont nées sur ces terres et y ont vécu pendant plusieurs années. Le parc du Mont Peko est la propriété des Wê précisément des Guéré. En février 1968, un décret a été pris en conseil de ministre pour classer  34.000ha de nos terres. C’est ainsi que cette portion devient le  parc National du Mont Péko. En ‘74 une nouvelle limite a été tracée  par un exploitant forestier, du nom de  GOUE, d’où la  limite Goue. Elle s’étendait jusqu’au-delà de la rivière Minhin (GoenieTahouake). Et c’est cette limite que les parents ont respecté jusqu’à ce jour.

carte géographique du parc du mont Peko

Pendant la crise le mont Peko a été pris par des envahisseurs qui ont exploite abusivement ces terres. Récemment en 2014, une autre limite a été tracée par l’OIPR. Après le tracé de 2014, en mi 2016 nous assistons à un autre tracé qui dit respecter la limite Goue de ‘74 qui remmène la limite à la rivière Minhin. C’est depuis cette date que cette rivière devient la limite naturelle entre le mont Peko et les villages riverains. C’est donc  cette dernière délimitation qui est à l’origine de tous ces déguerpissements en masse », relate-t-il. Pour Serge Dea, cette  dernière délimitation est venue créée un dysfonctionnement social dans plusieurs villages et au sein des populations riveraines. «  Pendant plusieurs décennies nos parents ont vécu et travaillé sans craintes et sans gêne. Mais voilà que  depuis plusieurs mois, ils  sont dégagés  de leurs propres terres les laissant ainsi dans la désolation totale. Où iront ces parents, qui sont nées ici et qui y ont passé  toute leur vie. Depuis 1968 que le mont Peko a été classé, pourquoi c’est en 2016 qu’on fait des contrôles ? Le peuple wê ne peut pas être apatride sur ces propres terres », martèle le président de ORIPARC, fils de Goenie Tahouake.

Les répercussions

Ce sont au total 24 villages dont 17 du canton Tahouake qui ont été touché par ce dernier trace. Si certains ont Seulement été  chassés de leur plantations d’autres ont vu les siennes brûlées. Des villages scindés en deux d’autres rasés. C’est le cas du village de BouoblyTahouake à quelques Km de GoenieTahouake qui a vu une partie du village rasé complètement par les agents de l’OIPR  en décembre dernier. « Nous n’étions pas au départ pris en compte par le déguerpissement. Récemment les agents de l’OIPR  nous ont  dit que cette partie de notre village  fait parti du dernier tracé, car la limite Goue selon eux  n’a pas été respecté. Donc nous sommes obligés de déguerpir. Cette partie (la partie droite en allant au village) a été complètement rasée et brûlée dans certains endroits (voir Photo). Heureusement que nous avons prévenu nos administrés à temps. Ce qui nous a permis de les recaser. Mais nous n’avons pas eu de soutient ni d’appuis. Ce sont une centaines d’habitations et de commerces qui ont été détruits», nous raconte Goue Bruno, chef de village de Bouobly-Tahouake. Toh Jean, 86 ans habitant à Dioouzon2,  père de 8 enfants ne sait toujours pas remis de cette situation. « j’ai un champ de 4ha de cacao qui a  été dévasté. C’était ma principale source de revenu depuis belle lurette. Je me meurs et je n’avais que ça pour m’occuper de ma famille. Aujourd’hui j’ai deux enfants en classe de 3e à Bangolo qui ont été renvoyé faute de scolarité. Nous ne mangeons plus à notre faim et  sommes livrés à nous même », dit il en pleurant.

Goh Jeannette, de GoenieTahouake, TaheGuei de Dihebly vivent dans la misère  depuis leur déguerpissement de leurs terres. Le hic, c’est que tous ceux qui essaient de regagner leurs plantations sont mis aux arrêts et payent des amendes. « J’ai mon neveu qui été arrêté parce qu’il il voulait aller cultivé dans notre champ. Pour le libérer sa caution  nous a coûté 200.000 fcfa. Nous avons faim et comme nos plantations sont nos principales sources de revenus, nous partions souvent pour prendre de quoi nous nourrir mais avec cette histoire d’amende, nous sommes perdus. Nous vivons le martyrs et ce depuis plusieurs mois  », raconte Tahe Guei. Toutes ces populations expulsées des plantations qu’ils défrichent   depuis leur tendre enfance sont livrées à elles même et attendent que réparation soit faite.

[pullquote]Nous avons faim et comme nos plantations sont nos principales sources de revenus,  nous sommes perdus.[/pullquote]

Les cris de cœur des riverains

Au nom des populations riveraines des 24 villages touchés par cette nouvelle limite (2016)le chef de tribu, Doumbia Soumailla Soutient que  les riverains du mont Peko sont les propriétaires terriens dudit parc cet qu’ils ont été victimes de leur  hospitalité légendaire d’où tous ces problèmes. Pour lui, toutes les trois tribus touchées par ce problème se reconnaissent dans la limite Goue celle de 74. Mais, cette limite n’est jusque là pas définit et n’a jamais été suivi. « Nous nous reconnaissons dans la ligne 74, celle de Goue. Nous ne demandons pas de déclassé le parc, mais nous souhaitons que cette ligne soit rectiligne et borner. Nous voulons être consulté  pour prendre part au tracé. Nous souhaitons aussi que pour ne pas mettre a nue la cohésion sociale, il faut que les parents en attendant que cette ligne soit borner regagne leur champ. Ce sont des pères de familles qui Ont   tout perdu. La terre est  la seule chose qu’ils maîtrisent et c’est ici qu’ils ont tout fait », déclare-t-il-abondant dans le même sens, Serge Djea, président de ORIPARC dira qu’avec la démographique galopante, il n’y a plus de terre disponible, c’est pourquoi appelle t-il l’Etat à s’imprégner de cette situation en laissant les populations riveraines regagnées leur terres en attendant le bornage.

Aussi, dira-t-il que si les populations doivent quitter, que l’Etat prévoit des mesures d’accompagnement pour  les riverains afin qu’ils puissent subvenir aux besoins de leur famille. « Les parents ont pour la plupart tout perdu. Leur terre c’est ce qu’ils ont toujours eu. Aujourd’hui, ils sont livrés a eux même depuis que cette nouvelle limite leur met hors de leur terre. Nous demandons a Mme le ministre de la solidarité à l’Etat de Ci de penser a ces pauvres riverains ces pères de famille qui ne savent plus a quel saint se vouer. Que l’Etat les réintègrent et les dédommage  s’ils doivent quitter. ce sont plusieurs milliers de familles qui sont entrain de nourrir de faim depuis plusieurs mois. Cela peut mettre en mal la cohésion sociale et le vivre ensemble.  Les yeux de ces milliers pères de famille sont rivés sur le chef de l’Etat. Le peuple wê compte sur lui », a-t-il demandé.

les riverains du mont Peko attendent une action concrète de l’Etat de Cote d’ivoire

Pour rappel, retenons qu’avec une superficie  de 34000ha  le mont Peko a été classe en 68. Pendant la crise, il fut envahir par des clandestins armés. Il a subit 4 délimitations. Le premier tracé en 68, le second en 74 (la limite Goue), en 2014 et celui de 2016 qui est à l’origine de ces déguerpissement  en masse. En attendant que l’Etat  réagisse. Notons que  ce sont 24 villages qui sont interdits d’accès à leurs plantations depuis plusieurs mois.

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