Dans la boue et entre poubelles pour vendre des vivriers au marché de Man

Temps de lecture : 2 minutes

Source: AIP / Vendredi, jour de marché à Man (Ouest, région du Tonkpi), l’espace réservé aux vivriers grouille de monde. Il est 7h 30, des minicars issus de différentes localités de la région du Tonkpi marquent des stationnements pour libérer leurs chargements.

On y trouve des sacs de manioc, de bananes, d’aubergines, d’ignames, de patates, d’escargots, de grenouilles séchées, de piments, d’avocats, ainsi que d’autres fruits.

Des femmes s’affairent à étaler à même le sol leurs produits en vue d’attirer l’attention des premiers clients.

A côté d’un tas d’immondices, dame Golou Gah, la quarantaine révolue, chiffon en main pour chasser les mouches, place sur une table de fortune, des tas d’arachide, de feuilles d’épinard, du haricot, du gombo sec et autres produits d’assaisonnement.

« Que faire si je ne supporte pas l’odeur de poubelle, je ne pourrai pas nourrir mes enfants, je n’ai pas trouvé d’autre place », se confie-t-elle à l’AIP.

Selon la commerçante, plusieurs plaintes ont été adressées à la mairie, mais les tas d’immondices sont toujours à l’état.

« Toutes les ordures du marché sont déversées de notre côté et cela nous fait beaucoup souffrir », fait-elle savoir.

A proximité, une voisine vit le même supplice. « Moi je n’ai pas de mari, ni de travail. Les gens nous disent : l’odeur ne vous gêne. La boue ne vous dérange pas. Non ! Souffrons, personne ne nous a attachées à cette place. Nous souhaitons bien aller ailleurs, mais nous n’avons pas encore trouvé mieux, donc on fait avec », renchérit Soumahoro Christine.

En s’éloignant des poubelles, l’on accède à un autre endroit du marché où commerçantes et clients discutent âprement le prix de denrées alimentaires.

« Je suis une fonctionnaire retraitée de plus de 70 ans, J’ai décidé de faire le commerce, pour ne pas m’ennuyer à la maison et prendre du poids. Je suis veuve. Je vends un peu de tout, de la banane, des aubergines, des concombres, etc. Certains moments, j’ai quelques bénéfices sur mes ventes, mais la plupart du temps, je vends à perte », déclare, pour sa part, Mme Kaé Marie, ajoutant qu’en période de pluie, la boue est un obstacle pour ces commerçantes. « Mais rien n’est facile dans cette vie », se plait-elle à faire savoir.

Dame Bamba Makagbê, la soixantaine, vend également à même le sol l’igname et des fruits secs appelés « chats noirs ». Elle a souhaité que Man dispose un jour d’un véritable marché couvert, avec des places aménagées qui protègeraient les commerçantes du vivrier et les mettraient à l’abri des immondices, de la boue et des intempéries.

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