Bangolo/ Wê et Burkinabè fument le calumet de la paix

Temps de lecture : 3 minutes

La jeune Yoro Taha Melaine peut rejoindre tranquillement sa dernière demeure. Après avoir été tué lâchement par un allogène burkinabé à l’aide d’une machette, ses parents ont décidé de fumer le calumet de la paix avec les burkinabè. C’était le mercredi 11 juillet dans la salle de réunion de Bangolo.

Cette rencontre tripartite (burkinabè, Wê et autorités) a été présidée par le préfet du département de Bangolo. « Nous avons été tous choqué de la mort atroce de notre fille et  sœur Yoro Taha tuée par un jeune burkinabé  (Guira Daouda). Cette mort a provoqué le courroux des populations. Pour cela, les femmes avaient organisé une marche pour exprimer leur mécontentement. Aujourd’hui nous avons décidé de nous parler franchement en mettant les balises pour ne plus que ce genre de comportement se reproduise. Il faut que chacun de nous comprennent que la quiétude et la paix sont le socle d’un développement durable. Sans paix rien de possible », a déclaré le préfet de Bangolo, Chérif Ibrahim.

Au nom de la communauté burkinabé, Soura Drissa a exprimé  sa compassion à la famille de la jeune Taha avant de leur demander pardon. « Nous sommes pères de famille, nous avons aussi des filles, nous ne saurions toléré ce genre de barbarie. Un de nos frères a commis cet acte ignoble et inqualifiable. Nous en sommes tous meurtris. Nous n’avons pas les mots pour justifier un tel acte. Nous vivons pour la plupart ici depuis plus de 30 ans en paix avec nos frères Guerré. Cette situation est venue créer des foyers de tension entre nous. C’est pourquoi au nom de la communauté et au nom du consul du Burkina, je demande pardon à la famille de notre défunte fille », a-t-il exprimé.

Bado Laurence, initiatrice de cette rencontre inter-communautaire, et porte-parole des femmes de Bangolo, a pour sa part, déploré ce qui est arrivé. « Nous sommes un peuple hospitalier, c’est vrai, mais cella nous est mal rendu. Nos frères burkinabés que nous avons accueilli à qui nous avons même donné des femmes nous font regretter cette hospitalité », a-t-elle dit avant de demander aux burkinabés de “parler entre eux“, de “se donner des conseils” afin que de “telles attitudes n’arrivent plus”. « Nous demandons à nos frères burkinabés de faire en sorte que leurs enfants, leurs jeunes soient plus courtois. Qu’ils comprennent que nous leur avons tout donné pour créer un lien fort entre nous. Nous ne voulons plus que ce genre de situation se reproduise », a ajouté Laurence.

Du chef de village de Beoue zagna, village de Taha, au chef de canton en passant par le chef central, tous ont prôné le dialogue et l’apaisement afin que les deux peuples continuent de vivre ensemble comme par le passé.
Pour eux, le mal est déjà fait, mais pour que Taha soit accompagnée dans sa dernière demeure il faut que, ont ils demandé, les allogènes réparent le préjudice subit à travers des sacrifices.

Amos Benaho, cadre de Bangolo, et parent de la victime, a appelé ces parents au calme et à la retenue. « Nous sommes toujours sous le choc chers parents. Notre fille Taha nous a été, certes arrachée, mais il faut que nous comprenions que la violence ne résoud rien. L’auteur de l’acte est en détention et  justice sera rendue. Nous avons vécu en bonne intelligence avec nos frères burkinabés. Il faut que la paix règne à Bangolo. Dans le désordre, nous n’arriverons à rien », a-t-il souhaité.

Aux burkinabés, l’ancien président de l’UNJCI, les a exhorté à faire en sorte que ce genre d’acte cesse. Il les a appellé à une franche collaboration avec les chefs de villages pour qu’avec ceux-ci, ils mettent les balises pour prévenir de tels actes. « Nous sommes d’accord pour le pardon mais nous demandons à la communauté burkinabè de donner des conseils à leurs enfants. Il n’y a plus rien derrière le pardon. Nous demandons au gouvernement de jeter un regard sur Bangolo pour que Bangolo sorte de sa léthargie », a t il appelé.

La levée de corps de la jeune Yoro Taha aura lieu ce vendredi suivi de l’enterrement, le samedi 14 juillet.

Doumbia Seydou Badian

Loading

Partager, c'est aimer!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *