La récente tension entre le président de la chambre régionale des rois et chefs traditionnels et le président du conseil régional du Tonkpi, ne laisse pas indifférentes certaines autorités coutumières. Le chef Raphael Kpan Tiémoko, vice-président de l’organisation des institutions coutumières du grand ouest a réagi samedi face à la presse en proposant des pistes de solution pour stabiliser la chefferie traditionnelle afin qu’elle puisse jouer véritablement son rôle de rassemblement de de préservation de la paix et la cohésion sociale.
Selon Raphael Kpan Tiémoko, les chefs traditionnels dans l’exercice de leur mission en tant que chef ont une feuille de route bien définie. Entre autres, mettre en place un répertoire des us et coutumes de chaque localité de la Côte d’Ivoire. Cependant, déplore le leader coutumier, à l’issue de la mise en place de l’institution, parmi ceux qui ont été désignés pour diriger les régions, d’autres se sont retrouvés dans la peau des hommes politiques. « Ce que je dis s’applique à l’ensemble du territoire national. Si vous prenez par exemple la chambre nationale, il y a une division. Il y a deux clans qui sont là-bas que nous connaissons bien. Ils ne parlent plus d’une même voix ».
Pour l’ancien chef du canton Soin, à l’est de Man, le président d’une chambre des rois et chefs traditionnels d’une localité, C’est celui qui est l’incarnation de la cohésion, l’harmonie sociale. C’est celui qui doit batailler pour que la paix s’installe totalement au niveau de sa région. Ainsi, chaque région est stable et pacifiée. Et la Côte d’Ivoire peut aller allègrement sur le chemin du développement.
« Mais chez nous à l’ouest par exemple, le chef est assis là dans des conditions que l’on connait, alors que par le passé, on reprochait aux acteurs politiques de s’ingérer dans les affaires de chefferies, nos chefs notamment le numéro 1 de la chambre qui menace tel chef de canton ou chef de village de le démettre, alors que cela n’existe pas dans les textes qui régissent la chambre. Le président de la chambre régionale n’a aucune qualité pour désigner un chef ou pour le démettre. La situation est telle qu’il passe le temps à injurier certains chefs, ses fils et des cadres. Ce n’est pas cela la solution », a-t-il noté.
Pour lui, la solution première se trouve entre les mains du chef de l’Etat qui a lui-même créé la chambre nationale des rois et chefs traditionnels.
Le Chef Raphaël Kpan Tiemoko de Voungoué
« Je demande au président Alassane Ouattara de continuer le bon travail qu’il a initié en installant cette chambre dans chaque région. La nouvelle loi organique permet qu’il y ait des présidents au niveau des districts. Et je pense que c’est dans l’article 14 de la nouvelle loi organique. Donc ce qui est à faire, il faut un décret d’application. Cela permettrait au corps préfectoral d’appeler l’ensemble des chefs traditionnels pour désigner leur président de district comme c’est le cas dans le district du Goh Djiboua. C’est un mandat de 6 ans pour chaque président de chambre régionale. Je demande que le nouveau décret d’application soit pris pour que les peuples puissent choisir eux-mêmes leurs chefs qui pourront travailler en toute tranquillité », a-t-il préconisé.
Raphaël Kpan Tiémoko estime que le chef c’est l’homme de la paix, il est le garant de la cohésion, il a une fonction de représentativité et de dignité. Un chef doit être digne et loin des chapelles politiques. Le chef d’aujourd’hui n’est pas celui de 1960. Il doit avoir des connaissances. Une culture générale poussée. Il doit être un visionnaire qui sait anticiper et prévenir les événements. Il doit être un gestionnaire des communautés. Et pour cela il faut avoir de la connaissance. C’est l’homme qui apaise, qui règle tous les problèmes pour obtenir un consensus au niveau des populations. « Un homme qui n’a pas ces qualités n’est pas digne d’occuper le siège de la chefferie », a-t-il précisé.
