Interview/ Roger Sahi, Président de l’Association Jeunes Agriculteurs (AJA) : “Si nous sommes accompagnés, nous allons réduire considérablement le taux de grossesses en milieu scolaire”
L’Association Jeunes Agriculteurs (AJA) fait de la lutte contre les grossesses en milieu scolaire son credo. Elle se distingue par ses actions innovantes et son engagement depuis 2020. Entretien avec Roger Sahi, son président.
Vous utilisez des méthodes dites innovantes pour prévenir les grossesses en milieu scolaire. Peut- on les connaître ?
Nos principales actions incluent l’utilisation d’espaces sûrs et de discussions de groupe pour échanger avec les adolescentes, l’éducation complète à la sexualité et à la vie saine (ECSVS), et la gestion de l’hygiène menstruelle avec des calendriers et l’application MAMA SOPHIA pour suivre les cycles menstruels. Nous organisons également des visites à domicile (VAD) pour sensibiliser davantage.
Quels sont les résultats concrets obtenus par l’AJA dans la lutte contre les grossesses en milieu scolaire ?
Les résultats de nos efforts sont prometteurs. Nous avons réussi à maintenir zéro grossesse parmi les 50 enfants de nos espaces sûrs depuis quatre ans. Nous avons permis à 24 adolescentes d’utiliser des méthodes contraceptives grâce au soutien des AVEC. En outre, nous avons distribué 100 kits de dignité aux adolescentes et jeunes de 10 à 24 ans. Une réussite notable est celle de KOUA Emmanuella Merveille, une adolescente de 12 ans, qui a su gérer ses premières menstruations sans difficulté grâce à notre programme de sensibilisation.
Quels défis et obstacles rencontrez-vous dans vos activités et comment les surmontez-vous ?
Les principaux défis incluent les pesanteurs sociales, culturelles et religieuses, ainsi que l’opposition de certains parents aux méthodes contraceptives. La sexualité reste un tabou, ce qui rend notre travail de sensibilisation difficile. Nous surmontons ces obstacles par la sensibilisation des parents, des leaders communautaires, et en plaidant auprès des autorités pour améliorer le cadre légal en Côte d’Ivoire. Nous cherchons également des partenaires pour soutenir financièrement nos actions, car la mobilisation de ressources est un défi constant.
