La problématique de l’accès des femmes à la propriété foncière et des violences basées sur le genre (VBG) reste un défi majeur en Côte d’Ivoire, particulièrement dans les régions rurales. C’est dans ce cadre que l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI), en partenariat avec l’ONG TetraTech et l’Agence américaine pour le développement international (USAID), a organisé une série d’ateliers de formation et d’échanges du 12 au 13 novembre 2024 à Bangolo et les 15 et 16 novembre 2024 à Logoualé. Ces sessions visent à renforcer les compétences des acteurs des plateformes VBG sur les liens entre genre, foncier et prévention des violences.
À Bangolo, l’atelier s’est tenu dans un hôtel de la ville et a enregistré la participation des autorités administratives et municipales. Représentant le maire, M. Banhiet Jean Pohinsson, chef de cabinet, a exprimé sa gratitude envers les organisateurs : « L’homme a besoin d’apprendre tous les jours. Je salue votre arrivée ici à Bangolo pour mener cette activité. » À Logoualé, dans la salle des conférences de la mairie, les autorités locales ont également applaudi cette initiative. Ces formations marquent une nouvelle approche en faveur de l’inclusion foncière des femmes.
Mme Justine Kpan, épouse Yao, directrice de la Clinique Juridique de Man, a précisé les objectifs de ces ateliers lors de la cérémonie d’ouverture : « Cet atelier s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui à l’Accès des Femmes à la Propriété Foncière (AFPF), initié en 2022 et prolongé jusqu’en 2025 grâce à l’appui de l’USAID. Il vise à sensibiliser les acteurs locaux sur les VBG en lien avec le foncier et à développer des stratégies pour améliorer la gestion de ces cas. » Le projet met un accent particulier sur la réduction des conflits fonciers et l’accroissement de la cohésion sociale en renforçant les droits des femmes.
Les ateliers, organisés sous forme de deux sessions par localité, ont privilégié une approche participative. Des techniques telles que des études de cas, des partages d’expériences et des dialogues sociaux ont permis aux participants d’échanger sur des thématiques clés, notamment « Genre et Foncier » et « Prise en charge juridique et judiciaire des cas de VBG en lien avec le foncier ». Ces échanges ont permis de mettre en lumière les barrières culturelles et structurelles freinant l’accès des femmes à la propriété foncière.
Comoé Esson, secrétaire général de la préfecture de Bangolo, représentant le préfet, a souligné l’importance de cette démarche : « Il est essentiel de sensibiliser les populations à ces thématiques. La recrudescence des cas de violences, notamment les viols, est alarmante dans notre région. Ces ateliers offrent une opportunité pour réfléchir ensemble à des solutions durables. » Il a également encouragé les femmes à surmonter les obstacles culturels pour revendiquer leur droit à la terre.
Ces ateliers visent plusieurs résultats concrets, notamment, une meilleure compréhension des liens entre genre et foncier par les acteurs locaux ; Le renforcement des capacités des plateformes VBG pour identifier et gérer efficacement les cas en lien avec le foncier ; La mise en place de stratégies locales de prévention et de gestion des VBG ; Une sensibilisation accrue des communautés sur l’importance de l’inclusion foncière des femmes.
Cependant, certains défis restent majeurs. La résistance culturelle, notamment dans les communautés Guéré où l’héritage foncier féminin est encore largement tabou, constitue un frein important. « Les chefs doivent casser le verrou culturel pour permettre aux femmes d’accéder à la terre », a insisté M. Comoé. La sensibilisation des hommes et l’éducation des communautés sur les bénéfices de l’inclusion foncière des femmes apparaissent comme des priorités.
Pour garantir l’impact durable du projet, les organisateurs prévoient de multiplier les sessions de sensibilisation et d’échanges dans d’autres localités. Justine Kpan Yao a également souligné l’importance d’un suivi rigoureux et d’une collaboration renforcée entre les acteurs des plateformes VBG et les autorités locales : « Nous espérons que ces ateliers permettront d’améliorer la qualité des services pour les survivantes de VBG et de garantir un accès équitable aux ressources foncières. »
En somme, ces ateliers à Bangolo et Logoualé témoignent d’un engagement fort en faveur de l’égalité des sexes et de la lutte contre les violences basées sur le genre. Cependant, pour pérenniser ces acquis, il faudra continuer à briser les barrières culturelles afin de bâtir une société inclusive et équitable.
Kindo Ousseny