Dans un paysage politique local largement dominé par les hommes, Massiré Traoré s’impose comme une figure d’exception. Cheffe du quartier Wassako à Kouroussa, en Haute-Guinée, elle incarne l’espoir d’une gouvernance plus inclusive.

Le 16 février dernier, en présence des autorités municipales, 16 nouveaux chefs de quartiers et de secteurs ont été installés. Parmi eux, une seule femme : Massiré Traoré. Déterminée à faire entendre la voix des femmes, elle place son mandat sous le signe du leadership féminin, de la médiation et de la lutte pour l’autonomisation des femmes.
Convaincue que la parité passe d’abord par l’éducation, elle en fait une priorité : « Mon équipe et moi avons comme axes prioritaires une représentation sociologique équilibrée entre hommes et femmes dans les instances de décision. Pour y parvenir, il faut renforcer la scolarisation des jeunes filles et promouvoir l’alphabétisation des femmes en général. Une femme éduquée est une femme prête à revendiquer ses droits et à influencer les décisions qui concernent son avenir et celui de la nation. »
Elle applique déjà ce principe en composant un bureau de 11 membres, dont 5 femmes. « C’est un bon début », estime-t-elle. « Tant que la voix des femmes est prise en compte, nous pourrons retrouver notre place. Car une femme épanouie, c’est une société en harmonie avec ses valeurs de solidarité, de paix et de développement. »

Si son élection est une avancée, Massiré Traoré sait que le chemin reste semé d’embûches. Elle dénonce les violences et discriminations dont les femmes sont encore victimes : « Nous subissons toutes sortes de violences dues au poids des traditions, aux mentalités rétrogrades et à l’impunité. C’est comme si l’État se rendait complice de ce fléau. Nous avons besoin du soutien des organisations de la société civile et des ONG pour mener ce combat. Aujourd’hui, nous n’avons pas les épaules assez solides pour y faire face seules. »
Son combat fait écho aux propos de Kadyatou Tounkara, activiste et femme politique guinéenne. En janvier 2025, cette dernière soulignait l’importance du rôle des femmes à la tête des quartiers : « Le chef de quartier est le premier point de contact pour les habitants et joue un rôle clé dans la gestion des affaires locales. Pourtant, les femmes sont encore sous-représentées à ce poste, avec moins de 10 % sur les 4 112 quartiers de Guinée. C’est une perte pour la société, car elles sont des agents de paix et de cohésion sociale. »
Mariée et mère de cinq enfants, Massiré Traoré est aussi ingénieure stagiaire à la direction préfectorale de l’environnement et du développement durable. À Wassako, son quartier, elle espère insuffler un changement durable et inspirer d’autres femmes à prendre des responsabilités.
Mandé Adams