Depuis mercredi 11 juin, plus de 200 policiers, en uniforme ou en civil, arpentent les rues, marchés, fumoirs, gares routières, et même les maisons inachevées. À la tête de cette imposante délégation, le commissaire divisionnaire de police Gogoua Maxime, sous-directeur de la recherche à la DPSD, homme de terrain au verbe mesuré mais déterminé. « Nous sommes ici sur instruction du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Il ne s’agit plus seulement de répression. Nous voulons maintenant parler, expliquer, éduquer », confie-t-il dès le lancement de la caravane.

La ville de Touba, réputée paisible, est pourtant devenue, selon la DPSD, un carrefour stratégique du trafic de drogue. En cause : la proximité des frontières, un relief montagneux propice aux dissimulations, et surtout, une jeunesse de plus en plus ciblée par les réseaux de distribution.Parler aux cœurs, avant d’intervenir par la force.
Le message des agents est clair : prévenir avant de punir. Les équipes sillonnent les quartiers, dialoguent avec les jeunes, interpellent les parents sur leur rôle crucial dans la cellule familiale. « Aujourd’hui, nous fermons les yeux sur la répression pour mieux ouvrir ceux de la population. La famille est la première barrière contre la délinquance », martèle un agent en pleine séance de sensibilisation dans un marché de Ouaninou.
Cette approche humaine, presque pédagogique, ne cache pas pour autant la fermeté des moyens. Car, prévient Gogoua Maxime, la DPSD reste bien équipée et prête à agir : « Nos équipes sont dotées de personnel formé, d’équipements de détection et de mobilité. Nous avons les moyens de traquer les trafiquants et de les mettre hors d’état de nuire ».

Sur le terrain, la police bénéficie du soutien actif des autorités locales, à commencer par le commissaire Koné Tinon, chef de l’antenne régionale de la DPSD pour le Bafing. Salué à plusieurs reprises par la hiérarchie pour « l’efficacité et la régularité » de ses actions, il est considéré comme l’un des piliers de la lutte contre la drogue dans cette zone stratégique.
Selon lui, les efforts déployés depuis plusieurs mois ont permis de démanteler plusieurs réseaux, de réduire la circulation des substances illicites et de réinsérer des jeunes pris au piège de la toxicomanie. « Mais le combat est loin d’être terminé. Il faut maintenir la pression et continuer de sensibiliser », prévient-il.
Dès les premières heures de la caravane, les résultats ont été palpables. Des saisies importantes de produits illicites ont été effectuées, plusieurs interpellations ont eu lieu, notamment dans des zones reculées où les trafiquants pensaient agir à l’abri des regards.« La Marée blanche n’épargne aucun recoin », glisse, non sans fierté, un agent de la brigade mobile déployée à Koonan.

Clôture en apothéose : dire non à la drogue, oui à la vie
La journée du vendredi 13 juin a marqué le point d’orgue de cette opération de trois jours. Une conférence publique, organisée au centre culturel de Touba, a réuni jeunes, chefs de villages, enseignants, leaders communautaires et représentants de la société civile autour du thème :
« Jeunes de Côte d’Ivoire, dites non à la drogue et aux faux médicaments, mais oui à la vie ».
Un moment fort en émotions, ponctué par la découverte officielle d’un panneau de sensibilisation, désormais érigé à l’entrée de la ville comme symbole de l’engagement collectif. En guise de clôture, l’incinération publique des drogues saisies a scellé la volonté de rupture avec ce fléau.
La commissaire divisionnaire-major Touré Mabonga, épouse Atchet, représentant le Directeur général de la police nationale s’est félicitée de la mobilisation :« Ce que nous faisons ici est un devoir de protection, une mission de sauvegarde de notre jeunesse. C’est ensemble, avec les populations, que nous gagnerons cette guerre silencieuse. »
Kindo Ousseny