Zoom sur Le « Gbagbou » ou le boubou Yacouba de Man

Temps de lecture : 4 minutes

Par Kindo Ousseny / Quand un visiteur ou un quelconque touriste arrive à Man, le souvenir qu’il a l’envi d’emporter est le boubou ou le pagne Yacouba. Ces tenues son prisées pour leur design ou leur beauté légendaire.

Depuis des temps immémoriaux des ancêtres DAN ou peuple Yacouba ; originaire de l’ouest montagneux, le « Gbagbou » ou boubou Yacouba se portait spécifiquement à l’occasion des rites  et ou des rituels sociaux-culturels de portée initiatique ou populaire.
De fabrication essentiellement locale, la bien longue tradition du textile tissé servit outre comme vêtement mais aussi de monnaie, fut un porteur de messages et un objet esthétique.

En effet, le « Gbagbou » fabriqué localement constituait  une denrée rare et précieuse pour les membres de la classe nobles des différents Cantons du District des Montagnes. Ainsi, le cumul des tissus est resté pendant longtemps une marque de richesse et de pouvoir pour beaucoup de familles d’entre elles. De toute évidence, vu son importance dans le quotidien des dites classes sociales, le « Gbagbou » ou boubou Yacouba offre, par ricochet, de voir leur pouvoir qui se mesure aussi bien à la propension à disposer des biens et à en constituer des réserves. le « Gbagbou » intervenait lors d’évènements importants dans la vie de chacun, qui plus est, l’acquisition d’un statut d’une charge sociale ou religieuse, le paiement de services ne peuvent avoir lieu sans distribution voire sans offrande indiquée de « Gbagbou ».

De même, chacun pour entretenir de bonnes relations avec les membres de sa famille, ses amis, ses voisins, et même pour être admis à un culte, est amené à, donner des pièces de « Gbagbou », et à en recevoir en contrepartie. La possession d’une grande quantité d’étoffes accroit le prestige de son propriétaire et lui donne un pouvoir qui peut intervenir à tout moment dans le réseau d’échanges communautaires ou le principe de la dette est à, la base de toute relation sociale et économique.

De nos jours il s’impose et conserve encore, qu’à cela ne tienne, toute son importance historique sauf qu’en certaines des occasions solennelles qu’officielles, l’esprit et la lettre du port ou de quelque utilisation de ce digne ambassadeur de la tradition Dan se gauchissent davantage…
Toutefois, notre contribution exige qu’on s’attarde sur les notions de la symbolique, de la notion de la gestuelle et des circonstances particulières dans lesquelles s’invite le port du boubou Dan ou Yacouba à contrario de ses utilisations galvaudées et acculturées de plus en plus visibles de nos jours.

En effet, le « Gbagbou » est un symbole sacré de la tradition Dan ou Yacouba. Selon le chef du canton Man-Campagne Gonse Pierre, Cette tenue est réservée à une classe donnée dans la société traditionnelle Dan. « En plus pour bénir un fils, un cadre ou un invité de Marque, la tradition recommande qu’on l’habille en « Gbagbou » avant de procéder à une quelconque cérémonie de bénédiction où de libation », explique le patriarche Dan. D’après l’autorité coutumière, celui qui doit officier une cérémonie du genre doit impérativement être vêtue en « Gbagbou ».

Pris sous cet angle, il est l’expression authentique et parfaite des us et coutume et en imprime non seulement la marque de fabrique de la rigueur, de toute l’abnégation, de toute la solennité des mots et des paraboles qui s’imposent au porteur du « Gbagbou ».
C’est fort de ce postulat que le sage gardien des temples a pu dire : « (…) quels que fabuleux soient les motifs de ton Gbagbou, parle en public outre le siège que tu occupes que je puisse deviner ta Classe Sociale ».

A n’en point douter, cette rigueur, cette abnégation, et toutes formules d’expressions de circonstances exigent du porteur de « Gbagbou » une kyrielle de gestes très évocateurs de la chaine de préséance ou de la chaine de commandement social dont son porteur est l’émanation familiale… Pour tout dire, l’émanation du Groupe social. Celui-ci compte parmi les personnes influentes de sa communauté soit le chef politique ou grand patriarche (…) et la suite qui se déplace avec lui, lorsqu’il sort est à son image.

A preuve, en des cérémonies traditionnelles ou officielles et qu’elle qu’en soit leur importance, cet habit à lui seul renseigne, parle aux personnes de même que l’ensemble les gestes de son porteur renvoi à des signifiés sociaux culturels. On est donc en mesure d’affirmer qu’à chaque circonstance, le « Gbagbou », a une expressivité. Du coup, nous sommes en droit de dire le « Gbagbou » n’est pas un habit comme les autres, au regard de son importance sociale. Chez le peuple Dan : le « Gbagbou » n’est pas seulement monnaie ou vêtement, il forme aussi par les modiques décorations qui l’ornent, une sorte de texte où peut être exprimé l’identité sociale et mystique de celui qui en est le porteur.

Certes, il est à noter que son attrait sur les populations en a fait une activité commerciale et constitue un maillon important de l’activité économique dans la région aux mains des populations malinkés. Les artisans Dan ayant dans leur majorité abandonné l’activité.

La longue tradition textile innove avec la variété des matériaux mises en synergie avec des styles importés. Ces riches étoffes ainsi confectionnés servent à habiller les populations des grandes villes  d’ici et d’ailleurs, donnant ainsi un relief aux aspects commerciaux et historiques. Toute chose qui consacre la politique de développement artisanale de plus en plus encouragée par l’UEMOA… une réalité de fait qui doit interpeller les acteurs de ce secteur à mieux se structurer pour relever les défis futurs.

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One Reply to “Zoom sur Le « Gbagbou » ou le boubou Yacouba de Man”

  1. salut je m’appelle bamba youssouf je suis developpeur informatique, j ‘ai fait tous mon enfance a man et j’aimerais participer a la mise en valeur de man en vous aidant a developpeur votre interface web

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