Courageuses et battantes. Elles, ce sont les femmes concasseuses de Mahanan, village situé sur la voie express d’Odienné, à quelques 4 kilomètres de Touba, région du Bafing.
Tous les matins elles prennent le chemin de leur carrière située à quelques kilomètres du village. Une fois là-bas, Sangaré Mabana, vice-présidente des concasseuses de Mahanan et ses consoeurs se mettent à la tâche.
À l’aide de marteaux, de grands blocs de pierres sont d’abord cassés en de gros morceaux avant d’être concassées en de plus petits morceaux destinés aux matériaux de construction. «Ceci est notre quotidien, c’est ce que nous faisons pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos enfants », informe Sangaré Mabana.
Au nombre d’une vingtaine, ces femmes dont l’âge varie de 25 à 40 ans voire plus, s’associent par groupe de dix afin de facilement atteindre un chargement de camion benne.
Cependant une difficulté demeure : le manque de clients ou l’achat à vil prix de leurs marchandises. «On s’associent pour que le travail avance vite. Chacune d’entre nous comptabilise le nombre de bassines qu’elle a pu faire. C’est en fonction de cela que nous partageons l’argent du changement. La grosse Ben peut prendre jusqu’à 120 bassines », explique Bakayoko Mariam. Précisant que leur principal souci est l’écoulement de leurs produits. « Nous rencontrons un véritable problème d’écoulement de nos cailloux. Des tas de cailloux peuvent faire 6 mois ici sans acheteurs. Les quelques clients qui viennent n’achètent pas à bon prix pourtant nous avons la meilleure qualité de cailloux de toute la zone. Avant, le chargement était à 150.000 frs mais maintenant les clients se limitent à 75.000 frs tout au plus sous prétexte que nous sommes loin de la ville. Pourtant nous faisons l’effort d’acheminer tous nos chargements au bord du goudron pour leur faciliter le travail mais ils ne reconnaissent pas nos efforts et souffrances », se désole Diomandé Maferima.
À la question de savoir si elles ont entrepris des démarches de partenariats envers les entrepreneurs de la région exerçant dans le bâtiment, la vice-présidente Mabana a répondu par l’affirmative; des démarches restées infructueuses car, selon elle, les propriétaires de Ben auprès de qui les entrepreneurs passent la commande préfèrent donner le marché à leurs proches qui sont dans certains quartiers de Touba.
En attendant que des entreprises les découvre afin d’acheter leurs cailloux, ces braves femmes continuent de produire plus car pour elles, mieux vaut gagner dignement sa vie même quand c’est dans l’adversité plutôt que de tendre la main aux autres donc pas question de baisser les bras.
Cheick Lamine Bakayoko