Man/ 8ème édition des journées de la charité : Le plaidoyer de maître Coumba Sylla en faveur des prisonniers

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Maître Coumba Sylla Sao, avocate internationale et présidente de la fondation Sao Amsatou, initie depuis 8 ans des journées de la charité en faveur des orphelins, des veuves, des malades et des prisonniers. Pour cette 8ème édition de ces journées dédiées au partage avec les personnes vulnérables de la maison d’arrêts et de correction de Man le 1er janvier 2023, la présidente de la fondation Sao Amsatou à plaider pour que les prisonniers aient un droit de suivi sur leurs différents dossiers afin de leur éviter de subir l’injustice.

La juriste à la faveur de cette journée de la charité a interpellé les parents de détenus, les animateurs de l’appareil judiciaire sur la nécessité de suivre les dossiers des détenus dont certains sont innocents. «Que chacun sache qu’ici à la maison d’arrêt et de correction ce sont des êtres humains qui y sont détenus mais pas des moutons. Et c’est une situation qui peut arriver à n’importe qui. Qu’on prenne conscience. Et que mes parents comprennent que lorsqu’ ils ont un problème au tribunal, c’est vrai qu’on a tendance à croire que prendre un avocat coûte cher. Mais sachez qu’il y a des avocats qui font du bénévolat, qui font du social. Donc ça ne coûte pas forcément grande chose. Mais si vous n’avez pas la possibilité de prendre un avocat, suivez le dossier de vos enfants. Les magistrats sont des êtres humains comme vous. La preuve, voilà un parmi nous. Il n’a pas de corne, il ne crache pas le feu », a déclaré maître Coumba Sylla Sao.

Selon elle, le tribunal dispose de jeunes magistrats disponibles et à l’écoute des usagers. « Si vous avez un enfant en détention, suivez personnellement son dossier. Parce qu’il y a très peu de magistrats et le nombre de dossiers est pléthorique. Aucun système n’est infaillible. Vous avez parfois des détenus qui sont enfermés sans jugement pendant 1 an, 3 ans, 7 ans, 10 ans et même plus. Ce n’est pas normal. Mais l’erreur est humaine. Seul Dieu ne se trompe pas. Suivez les dossiers de vos enfants », a-t-elle insisté.

Coumba Sylla Sao a saisi l’occasion pour lancer un appel aux personnes de bonne volonté, aux entreprises et à tous ceux qui disposent de ressources à apporter leurs aides à la prise en charge des détenus qui viennent dans une précarité indescriptible. « La prison a besoin de vêtements, de médicaments et de nourriture pour les détenus », a-t-elle fait savoir.

Pour cette édition, tout comme les précédentes, la Fondation Sao Amsatou est allée à la prison civile de Man les mains chargées de vivres et de vêtements pour les pensionnaires et le personnel de la maison d’arrêts et de correction, sans oublier le Centre d’observation des mineurs logé au sein de la prison civile.

Un geste salué par les autorités judiciaires. « Je tiens à dire chaleureusement merci à notre maman pour ces actes qui ne sont pas pour nous autres une surprise. Puisque c’est désormais une tradition qu’elle a instituée et qu’elle continue de perpétrer. Nous voudrions lui dire merci pour ces actes de générosité et de solidarité à l’endroit des couches les plus défavorisées de la société », a salué le substitut du procureur Tanoh Kouamé Landry, représentant le procureur de la république près le tribunal de première instance de Man.

Le régisseur de la prison civile de Man Eric Ban dans son mot de bienvenue, a lui aussi traduit sa reconnaissance à la donatrice qui chaque année manifeste son penchant pour les pensionnaires et le personnel pénitentiaire.

Même son de cloche chez les détenus. A travers leur porte-parole Glouzéi Odré Fidèle, ils ont exprimé leur gratitude à la fondation Sao Amsatou pour ce geste qui leur donne l’espoir pour de meilleures conditions de vie carcérale. Ils ont plaidé pour que les dossiers de ceux qui vivent une longue détention sans jugement soient transmis au tribunal afin qu’ils puissent connaître leur sort car dit-il, « la vie en détention n’est pas une chose aisée surtout avec le surpeuplement des prisons.

La maison d’arrêt et de correction de Man compte au moment de notre passage 400 détenus pour une capacité initiale de 250 places.

Kindo Ousseny

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