Biankouma/ 186 ha de forêts au cœur d’un conflit foncier à Santa : Des producteurs déguerpis de leurs plantations

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Colère et indignation à Santa, sous-préfecture du département de Biankouma. Plusieurs planteurs de cette sous préfecture ont en ce moment le sommeil troublé. La raison? Un conflit portant sur 186 ha de forêts les oppose au nommé To N’Ga Singogbeu Justin qui les a expulsé de leurs plantations. Cette situation dure depuis 3 ans. Quelle est donc l’origine de ce problème ?

Les faits, en effet, remontent à 2017 où ces planteurs se sont vus déguerpis par des gendarmes de leurs plantations. Le pretexte avancé, leurs champs se situeraient sur les proprietés du sieur To N’Ga Singogbeu. Malgré les tentatives de médiation de la chefferie l’affaire est portée devant les tribunaux. Lors d’un premier procès devant le tribunal de première instance de Man, ces planteurs sont sortis victorieux (confère jugement No344/2014 du 26/06/2014 R.G 403/2013 acte 1). Mais To N’Ga Singogbeu fera appel auprès de la cour d’appel de Daloa qui lui donne raison faute de comparution de ses adversaires, selon ces derniers. Depuis To N’Ga est l’unique propriétaire des terres qui font une superficie totale de 186 ha y compris leurs plantations. Ce dernier soutient avoir reçu ces terres en héritage.

Nous nous sommes rendus le lundi 02 janvier sur place pour écouter les différentes parties. Les planteurs et la chefferie ont été les premiers visités. Tour à tour, chef du village, chef de terre, président des jeunes, doyen d’âge du village et le collectif des planteurs nous ont tous présenté la situation dans laquelle ils vivent depuis sa survenue. Tous sont unanimes que le sieur To N’Ga est propriétaire de seulement 6ha de terre sur le Mt Gleton. Ils considèrent que la réquisition de toutes les terres en production autour et sur cette montagne sous prétexte qu’il est l’unique propriétaire est une forfaiture.

Le cri de cœur des déguerpis

Ce que ces pauvres planteurs souhaitent c’est que leurs terres leur soient restituées pour qu’ils continuent de s’occuper de leurs familles. Aujourd’hui plusieurs familles sont dans la précarité. Beaucoup de planteurs concernés par le problème sont obligés de faire des contrats pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Les plus âgés eux préfèrent s’en remettre à Dieu pour survivre. La situation est intenable pour plusieurs familles. C’est tout un village qui est meurtri et attristé par cette affaire.

Le septuagénaire Dro Bazeme est concerné par ce problème. Il explique le calvaire qui est le sien en ce moment. « Nous sommes jusque là surpris. La montagne même qui a envoyé le conflit n’a rien avoir avec nous. Ma parcelle est à 1 km de la montagne. Aujourd’hui c’est nous tous qui en pâtissons. Nous avons nos champs en production là-bas. A notre âge qu’est ce qu’on peut faire de plus? On ne peut pas faire les contrats comme les jeunes mais on est obligé pour manger et nourrir notre famille. Cette situation nous fait énormément de peine, nous appelons au secours pour que solution soit rapidement trouvée », a-t-il dit les yeux larmoyants. Même appel de detresse chez le président des jeunes, le président des Lobi, le président des Senoufo qui sont tous concernés par cette situation déplorable. Ils appellent de tout leur vœux l’intervention du ministre de l’intérieur, fils de la région, le général Vagondo Diomande, du chef de l’Etat pour que le problème soit réglé pour le bonheur et la cohésion sociale dans le village. « À cause d’une personne plusieurs familles vivent dans la précarité. Nous ne savons plus à quel sait se vouer. Nous sommes venus ici vivre en cohésion avec nos frères et sœurs. Mais cette situation est entrain de mettre mal à l’aise tout le village. Si ça doit rester ainsi qu’on nous permette de récolter nos productions car ce sont les efforts de nos durs labeurs ou qu’on nous dédommage », s’indigne le président des Lobi. Le président des Senoufo de Santa ne dit pas autre chose. Idem pour le président des jeunes de Santa Dro Jacquet. Lui même victime s’en remet difficilement et se dit indigné de voir qu’un individu puisse plonger dans le dessaroi des persones avec lesquelles il vit depuis longtemps. « Cette situation est entrain de créer beaucoup de tension car nous sommes nombreux c’est presque tout le village qui est secoué par cette affaire», confie-t-il.

La reaction de Toh N’Ga Singogbeu

Après les échanges avec les planteurs nous avons entendu To N’Ga Singogbeu à son domicile. Tout en nous présentant la grosse de la cour d’appel de Daloa, il affirme avoir voulu négocier avec les déguerpis mais cela n’a pas abouti. Aussi se dit-il toujours disponible pour les négociations. « Je suis fils de ce village, mes pères, mes oncles mes aïeux et mes ancêtres sont d’ici. Mon ancêtre a transmis les terres à mes aïeux qui les ont transmis à mes parents. Après mes parents je suis en droit de réclamer ce qui me revient de droit. C’est ce que j’ai fais avec les papiers qui attestent que je suis propriétaire. Je veux la paix aussi. Je n’ai rien contre qui que ce soit», s’est il défendu. En attendant que solution soit trouvée, c’est peu de dire que le feu couve à Santa.

DSB

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