Le vendredi 12 mai dernier, le président de l’Université polytechnique de Man, le professeur Lassina Coulibaly a procédé à la remise officielle des clés d’une mosquée pour la communauté musulmane et d’une chapelle aux chrétiens de l’université polytechnique de Man. Des ouvrages qu’il a construits de sa poche. C’était en présence du Cheick Al Islam El Hadj Sekou Sylla, secrétaire général et porte-parole du Conseil supérieur des Imams, des mosquées et des affaires islamiques, (COSIM), et son excellence monseigneur Gaspard Beby Gnéba, Evêque du diocèse de Man.
La double cérémonie d’inauguration des édifices religieux a démarré à 12h20 par la mosquée universitaire de l’Université polytechnique de Man. Le professeur Lassina Coulibaly, donateur des deux ouvrages a situé le contexte de leur accomplissement « Un jour, il était midi quand j’ai vu que presque tous les étudiants de la première promotion quittent l’université pour aller prier dans le village environnant et deux jours plus tard, mon directeur de cabinet m’informe qu’un car de transport qui a voulu éviter des étudiants serait rentré dans le village et il y a eu deux morts. A la suite de tous ces évènements et vu que lorsqu’il pleuvait les étudiants ne pouvaient pas pratiquer la religion, ils occupaient les espaces universitaires des enseignements. J’ai pensé qu’il était important de saisir le conseil de l’université et de leur proposer qu’on puisse réaliser au sein de l’institution des infrastructures pour les prières », a-t-il expliqué.
Le président de l’université polytechnique de Man prenant en compte la problématique de la laïcité qui est le traitement non discriminatoire de tout ce qui est approche religieuse, au regard de la nécessité de ce traitement équitable, le conseil a décidé de la construction d’infrastructures pour les musulmans et une autre pour les chrétiens.
« Nous avons observé une période de trois à 4 mois pour voir si quelqu’un voudrait réaliser de telles infrastructures, avant que le délai n’expire, il a plus à Allah de rappeler à lui, notre Maman Hadja Gnonmon Coulibaly. Et alors j’ai été interpelé par le fait que nous sommes des humains et que nous pouvons périr à tout moment. Donc j’ai décidé de prendre tout ce que j’avais reçu comme dons pour pouvoir réaliser ces deux infrastructures. C’est comme ça que j’ai réalisé cette mosquée et juste à 100 mètres d’ici, nous avons réalisé une église », a-t-il clarifié.
A travers ces réalisations, le patron du temple du savoir de Man veut construire des humains pour garantir le développement durable. « Une université, c’est une représentation de l’Etat en miniature. A partir de ce moment, si nous participons à ce développement, alors nous devons comprendre que nous devons construire des humains pour le développement nous devons donc associer à une formation technique compétente, une formation spirituelle pour que ce qui va être généré par la pratique de l’exercice du technicien, on puisse tenir compte de l’humain pour garantir un développement durable », a-t-il indiqué.
L’Imam Sékou Sylla, porte-parole du Cosim qui a présidé l’inauguration de la mosquée a fait savoir que cette œuvre est une grande première dans l’histoire des universités en Côte d’ Ivoire. C’est pourquoi il félicite le président de l’UPM et sa famille pour avoir financé la réalisation des édifices religieux. « Nous sommes heureux et fiers de cet acte que le président de l’Université de Man a posé en démontrant qu’on peut avoir une université avec un lieu de culte à l’intérieur. Ça ne gêne aucunement le travail et l’évolution de l’université. D’ailleurs, il faut faire en sorte que nos étudiants, non seulement, ils soient bien formés, mais qu’ils aient aussi Dieu avec eux dans leur vie, parce que comme le disait le président Houphouët Boigny, un cadre compétent qui n’a pas Dieu dans sa vie on n’en veut pas », s’est-il réjouit.
La mosquée universitaire comporte une grande salle de prière d’une capacité de 500 places avec un espace dédié aux femmes. Une salle de réunion, une salle de formation, des bureaux pour l’Aeemci et le recteur de la mosquée. La gestion de l’ouvrage a été confiée à l’Association des élèves et étudiants musulmans de Côte d’Ivoire. Quant à la chapelle, elle a été bénie par l’évêque du diocèse de Man. Ce dernier l’a d’ailleurs baptisé Chapelle Saint Thomas d’Aquin ». Du nom selon lui, du plus saint des savants et le savant le plus saint de l’histoire de l’humanité.
« Je voudrais dire merci au président de l’université et à la famille coulibaly, qui de confession musulmane a offert une chapelle à la communauté chrétienne de l’université polytechnique de Man. La reconnaissance à Dieu le créateur qui a donné la bonne inspiration à notre frère le professeur Coulibaly Lassina. Il nous apprend ici aujourd’hui à dépasser les barrières pour construire une Côte d’Ivoire nouvelle inclusive. Où au-delà des diversités apparentes, on se construit pour construire l’humain et notre pays. Un développement intégral, un développement inclusif partagé où on se rencontre. Vous voyez comme c’est beau d’être avec les grands imams, ensemble, pour inaugurer une mosquée et une église. C’est un bâtisseur de pont. Grâce à lui, je connais le grand porte-parole du Cosim. C’est un bâtisseur de pont et voilà ce que la Côte d’Ivoire doit faire pour être un pays grand, un pays de développement à tous les niveaux », a relevé le prélat.
Marie-Dominique Agbo, administrateur de la chapelle a noté que l’ouvrage a été construit à 99% de son montant par la famille Coulibaly dans l’unique objectif de gagner la grâce de Dieu en contribuant à la formation de hauts cadres chrétiens. Selon elle, la jeunesse catholique de l’université a manifesté son intérêt pour l’ouvrage. C’est ce qui a emmené le président et sa famille à confier la gestion de l’ouvrage à la JEC, (Jeunesse Estudiantine catholique). Outre le bâtiment, la famille Coulibaly a fait don d’équipements à savoir, 10 bancs pour les fidèles, la table d’autel, un voile en dentelle pour couvrir l’autel, un kit eucharistique et des bougies pour la messe d’action de grâce. A cette occasion les guides religieux ont formulé des prières et des invocations pour la défunte mère du président, son défunt père ainsi que tous les fidèles présents à cette double cérémonie sans oublier la Côte d’Ivoire et le monde estudiantin.
Kindo Ousseny