Les chasseurs traditionnels « dozo » de Côte d’Ivoire ont tenu leurs assises ce dimanche 28 avril 2024 dans les locaux du groupe scolaire Péraldi de Man. Il a été question pour les responsables « Dozo » et le ministère de la culture de sensibiliser les chasseurs traditionnels sur les fondamentaux de la confrérie « dozo » pour la cohésion sociale et la paix en Côte d’Ivoire. La cérémonie s’est déroulée en présence du conseiller spécial du ministre de la culture et des francophonie et du médiateur délégué de la région du Tonkpi, Yoro Badia.
C’est le capitaine de vaisseau à la retraite, Touré Moussa, chargé de l’encadrement des chasseurs traditionnels au ministère de la défense, par ailleurs président national de la Confrérie des dozo de Côte d’Ivoire, (CODOZ-CI) qui a conduit la forte délégation des dozos de Côte d’Ivoire à Man. Selon lui, cette mission a pour objectif de sensibiliser les chasseurs traditionnels « dozo » afin qu’ils adoptent les fondamentaux de la confrérie Dozo. « Nous avons demandé au Dozoba de Man d’encadrer ses pairs. Nous sommes venus dire aux « Dozo » qu’ils ne sont ni gendarmes ni policiers. S’ils appréhendent un malfrat, leur rôle est de saisir la police ou la gendarmerie pour qu’elle procède à son arrestation. Il n’est pas normal pour un Dozo d’attraper un individu, quel que soit son crime, l’attacher comme un animal. Soyez des acteurs des droits de l’homme », a conseillé l’ex officier supérieur de la marine nationale.
L’ex capitaine de vaisseau à la retraite a exhorté les chasseurs traditionnels à mettre définitivement un terme aux jeux et aux danses qui consistent à s’exhiber avec les fusils car dit-il, cela comporte des risques. « Je suis un militaire, je sais ce que représentent les armes. Après le service, on les range dans un magasin qu’on ferme à double tour », a-t-il souligné.
Le colonel Touré Moussa a rappelé que les « dozo » ne sont pas des politiciens. « Ils ont un rôle de médecin. Ils soignent à partir de plantes traditionnelles, ils sont des acteurs de la paix et de cohésion sociale. Ils doivent contribuer à la protection de l’environnement et surtout de la biodiversité. D’autant plus que ce sont ces plantes qu’ils utilisent pour soigner », a-t-il exhorté.
Il a félicité le chef « Dozo » de Man Yéo Nalourgo Daouda pour sa sagesse. Il l’a invité à faire en sorte que les « Dozo » de Man se comportent comme des citoyens respectueux des institutions de la république.
Le conseiller spécial du ministre de la culture et de la Francophonie, chargé du patrimoine, Fernand Sekongo, représentant la ministre Françoise remarque a indiqué que la confrérie « Dozo » fait partie du patrimoine culturel immatériel de la Côte d’Ivoire. Pour lui, les « dozo » ont une connaissance extrêmement importante des plantes médicinales, ils savent lire les astres et ils sont formés par initiation qui dure souvent plusieurs années. C’est pourquoi le gouvernement à travers le ministère de la culture leur accorde une place importante. « C’est une institution multiséculaire qui existe depuis l’époque de Soundiata Kéita », a-t-il relevé. Selon lui, l’Etat a adopté une loi portant protection du patrimoine culturel des peuples de Côte d’Ivoire dont l’institution du «Dozoya». Pour M. Sekongo, les valeurs institutionnelles du Dozoya peuvent s’enseigner. C’est pourquoi il a invité les chasseurs traditionnels à se mettre au service de la communauté et à partager leurs valeurs avec les peuples. « Le « dozo » n’est pas un diviseur, il n’est pas un bandit, il n’est pas un voleur, il a des valeurs de probité et d’intégrité qu’il doit pouvoir partager avec les autres pour renforcer la paix et la cohésion sociale. Ils doivent œuvrer à une bonne collaboration avec les forces de sécurité. Ils doivent être des facilitateurs de l’action publique. Ils contribuent à l’apaisement social par leur comportement en respectant leur identité culturelle. Une identité de paix et de de facilitation et des relations sociales, être conforme à l’idéal de probité qui caractérise le « dozoya », a expliqué le représentant du ministre de la culture.
Le médiateur délégué de la région du Tonkpi, l’ancien ministre Yoro Badia a salué les actions menées pour redorer le blason des « dozo » qui a été terni pendant la crise que la Côte d’Ivoire a connue.
Il a exhorté les chasseurs à adopter un comportement qui contribue à la paix. « La force des «dozo », se trouve dans la sagesse qui les incarne », a-t-il souligné. Il a fait savoir que la Côte d’Ivoire est remplie de confrérie dont ceux des masques chez les « dan », des « Glahé » chez les wê, et des dozo au nord. Pour lui, ces confréries constituent une force incroyable mais négligée. « Je propose la création d’une organisation nationale des confréries pour que nous arrivions à faire de cette Côte d’Ivoire un pays de paix. Notre ADN, comme le disent les blancs, doit être notre capacité à produire la paix. Je souhaite qu’un jour, le prix Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix soit décerné à un ivoirien, mais à un « dozo », a-t-il indiqué.
Kindo Ousseny à Man