Sandougou Soba: Un adolescent, enlevé, tué et mutilé

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Un drame sans précédent a secoué la sous-préfecture de Sandougou-soba et le village de Samahoulé. Koalaga Bangba, un adolescent de 15 ans, a été enlevé le 19 mars dernier avant d’être sauvagement assassiné. Son corps mutilé a été retrouvé en pleine brousse, certains de ses organes ayant été emportés. Une enquête rigoureuse menée par la brigade ville de la gendarmerie de Man a permis d’interpeller le principal suspect, qui est passé aux aveux sans la moindre pression. Il devra répondre de ses actes devant le tribunal de première instance de Man.

Le corps sans vie de l’adolescent a été découvert par les forces de l’ordre dirigées par le commandant de la brigade ville de Man, dans la broussaille située entre le village de Samahoulé et le chef-lieu de la sous-préfecture de Sandougoussoba. L’enquête a révélé que l’affaire remonte au 18 mars, lorsque le suspect, identifié sous les initiales D.A., a sollicité les services d’un féticheur béninois du nom de Dah Agouma alias “Ezo”, présent à Sandougoussoba depuis deux mois. Ce dernier, se présentant comme un “guérisseur”, lui aurait proposé un rituel pour devenir riche. “Il m’a demandé 5000 francs, 7 colas rouges et du sang humain avec un œsophage. Il m’a assuré qu’en dix jours, je serais un homme riche”, a déclaré D.A. lors de son interrogatoire.

Le lendemain, D.A. s’est mis à la recherche d’une victime. Après avoir échoué à convaincre deux jeunes Burkinabés de l’accompagner, il a accosté le jeune Koalaga Bangba et lui a proposé une rémunération pour l’aider à transporter des sacs de café. Malgré l’opposition de ses parents, l’adolescent a accepté. Il n’est jamais rentré chez lui ce soir-là.

Dès le lendemain matin, ses parents ont lancé des recherches et ont interrogé D.A., étant la dernière personne vue avec l’enfant. Celui-ci a tenté de les détourner en prétendant que le garçon avait rejoint des compatriotes Burkinabés en cours de route. Cependant, un mécanicien de la localité, ayant vu D.A. avec l’enfant, a confirmé leur déplacement ensemble. Face aux doutes, les parents ont porté plainte auprès du sous-préfet de Sandougoussoba, M. Djékou Fayo Leonard, qui a instruit les gendarmes de Man d’ouvrir une enquête.

Arrêté et interrogé, D.A. a d’abord nié toute implication, prétendant avoir demandé à l’adolescent de l’aider à transporter du café avant que ce dernier ne change d’avis. Ses explications n’ont pas convaincu les enquêteurs. Une confrontation a été organisée avec le prétendu propriétaire du café, qui a démenti toute transaction. Face à ces incohérences, les enquêteurs de la brigade ville de la gendarmerie de Man ont poursuivi leur stratégie d’interrogatoire.

Le 25 mars, alors que D.A. devait être déféré devant le parquet, les gendarmes ont opté pour une approche psychologique. Submergé par l’émotion, il a finalement avoué le meurtre. “J’ai pris l’enfant à Samahoulé et nous avons pris un sentier vers la plantation de mes parents. Il était fatigué, je lui ai proposé de se reposer sur un rocher. Profitant de son inattention, je l’ai étouffé jusqu’à ce qu’il perde connaissance”, a-t-il confessé.

Il a ensuite ligoté la victime et est retourné voir son féticheur, qui lui a demandé d’attendre la nuit pour extraire les organes. Vers 22 heures, il est revenu sur les lieux, a égorger l’enfant, collecté son sang et extrait son œsophage. Le sang a été versé dans une rivière comme offrande et l’organe livré au féticheur, qui a pris la fuite et est activement recherché.

Alertés, les gendarmes ont accompagné le suspect jusqu’à l’endroit où le corps était dissimulé. Un médecin-légiste a confirmé l’état de putréfaction avancée de la dépouille. Face à l’horreur de la situation, la tension est montée à Samahoulé, menaçant de dégénérer en affrontements communautaires. Le sous-préfet et les forces de l’ordre ont mené une médiation pour apaiser les esprits et éviter tout dérapage.

L’enterrement de la victime a eu lieu le soir même sous haute surveillance. Un dispositif de sécurité a été maintenu sur place pour prévenir toute escalade. Quant à D.A., il a été déféré devant le parquet de Man le 28 mars et placé sous mandat de dépôt à la Maison d’Arrêt et de Correction de Man, en attendant son jugement.

L’affaire a suscité une vive indignation au sein des populations locales, qui exigent une sévère application de la loi. L’enquête se poursuit pour retrouver le féticheur en fuite et déterminer s’il bénéficiait de complicités.

Kindo Ousseny

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