Les portes de l’Institution de Formation et d’Éducation Féminine (IFEF) de Man se sont ouvertes, ce mercredi 8 avril 2025, à un public venu nombreux découvrir les actions de cette structure dédiée à l’autonomisation des femmes et des jeunes filles. À travers cette journée spéciale, la direction de l’établissement a voulu faire connaître ses formations et sensibiliser sur des enjeux majeurs liés à la condition féminine et à la protection de l’enfance.

Pour Ahinsa Lucie Pélagie, épouse Yao, Directrice de l’IFEF de Man, cette activité s’inscrit dans la vision du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, qui œuvre pour la valorisation des structures de proximité. « Nous formons les jeunes filles et les femmes à la couture, à la pâtisserie, à l’alphabétisation ainsi qu’à l’éducation numérique à travers la maison digitale. Cette journée est capitale car elle éclaire les efforts menés ici, à Man, pour offrir une seconde chance à celles qui en ont besoin », a-t-elle souligné. Elle a aussi salué les succès de deux apprenantes de la maison digitale, Gba Bernadette Houmbadji et Ouguéhi Lagoza Grâce Naomie, qui ont obtenu respectivement plus de trois millions et deux millions de francs CFA pour financer leurs projets générateurs de revenus.

Les formations de l’IFEF sont ouvertes à toutes, quels que soient l’âge ou le niveau d’étude, avec des frais annuels très accessibles, variant entre 15 000 et 25 000 FCFA selon les filières. Mais malgré la pertinence et la réussite du programme, l’établissement fait face à des défis logistiques préoccupants. « Nous manquons cruellement de salles de classe, le site n’est pas clôturé et nous avons été victimes de plusieurs vols. Des animaux errants traversent parfois la cour, mettant en danger nos pensionnaires », a déploré la directrice, appelant à l’appui des autorités locales.

Représentant le Directeur régional de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Diomandé Kessé Jetème, conseiller d’éducation spécialisé, a salué la qualité du travail accompli à l’IFEF. « Le taux de réussite avoisine les 97 %. C’est remarquable, surtout quand on sait que les bénéficiaires sont pour la plupart des filles déscolarisées. Grâce à l’encadrement rigoureux de l’équipe pédagogique et au soutien de nos partenaires, elles retrouvent espoir et perspectives. C’est pourquoi le Directeur régional Ouattara Hamidou me charger de les féliciter et de les encourager », a-t-il affirmé.
Un des moments forts de cette journée a été la conférence animée par Yoboué Jean Claude, juriste consultant à la clinique juridique de Man, sur le lien entre la non-déclaration des naissances et la traite des enfants. Avec des mots forts et percutants, il a tiré la sonnette d’alarme : « Un enfant non déclaré est un enfant invisible aux yeux de la société. Il ne peut ni poursuivre des études ni bénéficier de ses droits fondamentaux. Il devient une proie facile pour les réseaux de traite, soumis aux pires formes d’exploitation. Déclarer un enfant, c’est lui donner une existence légale et le protéger », a-t-il indiqué.
Les participants ont également eu droit à des échanges interactifs avec les apprenantes, qui ont partagé leurs expériences, leurs rêves et les compétences acquises. Beaucoup ont témoigné de la transformation radicale opérée dans leur vie depuis leur inscription à l’IFEF. Une dynamique qui prouve que la formation professionnelle des femmes reste une des clés majeures de leur autonomisation durable.

Enfin, la journée s’est achevée par une visite guidée des installations, donnant aux invités l’occasion d’apprécier les efforts d’adaptation déployés par l’équipe de l’IFEF malgré les contraintes. Des ateliers de couture, de pâtisserie, les salles d’alphabétisation et la maison digitale ont suscité l’admiration des visiteurs.
En somme, cette journée portes ouvertes a été bien plus qu’une opération de communication. Elle a mis en lumière une structure discrète mais déterminante dans la réinsertion sociale et économique des femmes à Man. Un modèle à soutenir, à renforcer, et surtout à reproduire partout sur le territoire national.
Kindo Ousseny