La salle de conférence de l’hôtel Sénevé à Duékoué a accueilli, le jeudi 17 avril 2025, un atelier décisif pour la préservation des éléphants du Parc national du Mont Péko (PNMP). Organisée par l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR), cette rencontre visait à valider un protocole rigoureux de suivi de l’éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis), espèce emblématique de la biodiversité ivoirienne. L’événement a mobilisé des chercheurs, des experts de l’OIPR, des universitaires, ainsi que des partenaires techniques et financiers engagés dans la réhabilitation durable du parc.

Présidant la cérémonie d’ouverture au nom du Directeur général de l’OIPR, le Colonel Koné Drissa a rappelé les efforts déployés pour restaurer le parc après la décennie de crise. « Le Mont Péko revient de loin. Nous avons retrouvé l’éléphant, symbole national, et nous devons aujourd’hui assurer sa conservation à travers des actions scientifiques structurées. Ce protocole marque une étape majeure vers une gestion durable du parc », a-t-il déclaré, saluant la participation active des communautés riveraines à travers les mesures d’accompagnement.
Le lieutenant-colonel Yao Kouassi Albert, Chef du secteur Péko, représentant le Directeur de zone ouest, le Colonel Zannou Moïse a pour sa part souligné les avancées obtenues grâce à la sécurisation du parc. « Depuis la crise, les moyens de surveillance mis en place ont permis de réduire la distance de fuite des animaux. Les éléphants réapparaissent même dans le domaine rural. Ce protocole permettra à la fois de mieux gérer ces grands mammifères et de jeter les bases d’un tourisme de vision structuré », a-t-il affirmé.

Au cœur des échanges, le protocole de suivi élaboré par le Dr Kouadio Alou Yao Dimitri, enseignant-chercheur à l’Université Lorougnon Guédé de Daloa, et le lieutenant-colonel Béda Ange Alex, chargé du suivi écologique à l’OIPR, a fait l’objet d’une présentation technique détaillée. Le chercheur a insisté sur l’urgence d’une stratégie scientifique de conservation. « Si la dernière population d’éléphants disparaît, que restera-t-il de l’emblème de notre pays ? », a-t-il interrogé. Il a proposé trois méthodes complémentaires pour la collecte des données : les transects pour repérer crottes et empreintes, la marche de reconnaissance aléatoire, et le piégeage photographique, avec des caméras installées sur deux mois pour documenter les déplacements et comportements des éléphants.
Les discussions en groupes et en plénière ont permis d’amender le document page par page. Les participants, dont des chercheurs des universités Alassane Ouattara de Bouaké et Lorougnon Guédé de Daloa, ont formulé plusieurs recommandations techniques, toutes prises en compte dans la version finale du protocole. Celui-ci a été validé sous réserve de l’intégration de ces ajustements, confirmant ainsi l’engagement collectif pour une conservation fondée sur la science et adaptée aux réalités locales.

Pour Diarrassouba Seydou, représentant la Fondation pour les Parcs et Réserves de Côte d’Ivoire, ce processus est exemplaire. « Le suivi écologique est un outil fondamental. Il nous permet d’apprécier l’état de santé d’une aire protégée. Nous saluons le travail remarquable des concepteurs du protocole. Notre objectif, en tant que bailleurs, c’est de mesurer l’impact réel de nos appuis sur le terrain », a-t-il indiqué, en promettant un accompagnement constant pour la mise en œuvre du protocole.
Le contexte historique du parc a également été rappelé dans les documents de référence de l’atelier. Occupé à 85 % pendant la crise, le PNMP a vu sa faune décimée et ses habitats fortement dégradés. Grâce à la reprise en main par l’OIPR, la dynamique de restauration écologique est désormais engagée. L’éléphant de forêt, par son rôle de régulateur des écosystèmes et sa valeur symbolique, devient un indicateur prioritaire de cette relance.

À travers cet atelier, l’OIPR et ses partenaires du Partenariat public-privé pour la protection et la réhabilitation du Mont Péko (financé par IDH et Barry Callebaut) démontrent leur volonté de bâtir un modèle ivoirien de conservation fondé sur la science, la transparence et la collaboration. Des efforts qui intègrent aussi les communautés riveraines par des projets générateurs de revenus et des infrastructures sociales, renforçant ainsi leur rôle de premiers gardiens du parc.
Ce protocole validé ouvre la voie à une gestion plus efficiente du parc national du Mont Péko et à une meilleure cohabitation entre les éléphants et les populations. Il constitue un jalon stratégique dans la construction d’un avenir durable pour cette aire protégée, tout en redonnant à la Côte d’Ivoire la fierté de voir son emblème national évoluer en toute sécurité dans son habitat naturel.
Kindo Ousseny