Mont Nimba: La Côte d’Ivoire et la Guinée unies pour sortir du péril

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La salle de réunion du secteur OIPR-Nimba à Danané a abrité, le mercredi 13 août 2025, un atelier technique international d’évaluation de la mise en œuvre des indicateurs de l’État de conservation souhaité (DSOCR) de la Réserve naturelle intégrale du mont Nimba. Cette rencontre, organisée par l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) en partenariat avec le Centre guinéen de gestion de l’environnement des Monts Nimba et Simandou (CEGENS), visait à mesurer les progrès accomplis en vue du retrait du site de la Liste du patrimoine mondial en péril.

Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981, la réserve naturelle intégrale du Mont Nimba constitue un joyau écologique partagé entre la Côte d’Ivoire et la Guinée. Il abrite une biodiversité unique avec des espèces emblématiques et menacées comme le crapaud vivipare ou le micropotamogale de Lamotte. Mais depuis 1992, il figure sur la liste en péril en raison de pressions persistantes : exploitation minière, feux de brousse, braconnage, agriculture extensive et faiblesse institutionnelle. L’atelier de Danané qui a mobilisé des experts de l’OIPR, du CEGENS Guinée, des enseignants chercheurs et des instituts des recherches des deux pays s’inscrit dans une dynamique régionale visant à restaurer l’intégrité écologique de ce site à « valeur universelle exceptionnelle ».

Ouvrant les travaux, le colonel Kouamé N’dri Pascal, représentant le directeur général de l’OIPR, a rappelé que cet exercice s’inscrit dans le cadre des actions menées conjointement par les deux États pour satisfaire aux exigences du Comité du patrimoine mondial. « L’OIPR souhaite que cette collaboration se poursuive et nous permette, dans un délai raisonnable, de sortir le mont Nimba de la liste des sites en péril », a-t-il déclaré, saluant l’implication des chercheurs, techniciens et communautés locales dans ce processus.

Tout au long de la journée, les participants ont examiné les progrès réalisés depuis l’adoption du DSOCR en 2023 à Riyad. Parmi eux : la validation des plans d’aménagement et de gestion, l’harmonisation des protocoles de suivi écologique, la multiplication des patrouilles conjointes, ainsi que la mobilisation de ressources auprès de partenaires comme l’Union européenne, la Banque mondiale ou encore le Fonds du patrimoine mondial. Mais plusieurs défis subsistent, notamment les menaces minières sur la partie guinéenne et les lacunes scientifiques concernant certaines espèces indicatrices.

Le colonel Bilivogui Oua Justin, directeur général du CEGENS, a insisté sur la nécessité de mesures fortes pour garantir la conservation. « Le retrait du bien de la liste du patrimoine mondial en péril dépendra de la capacité à restaurer et garantir durablement son intégrité écologique », a-t-il affirmé. De son côté, le colonel Zannou Moïse, directeur de la zone ouest de l’OIPR, s’est montré confiant : « Nous avons passé en revue les indicateurs et nous sommes dans une bonne dynamique. Avec le soutien de l’UNESCO et la coopération de la Guinée, il y a réellement de l’espoir ».

Au-delà des échanges techniques, l’atelier a permis de renforcer les liens entre délégations ivoirienne et guinéenne. Les participants ont validé un plan d’actions chiffré 2025-2026 et convenu de la création d’un groupe de travail transfrontalier chargé du suivi des indicateurs et de la préparation de la mission conjointe de 2026. Le colonel Bilivogui a salué cette synergie : « Entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, il n’y a pas de frontière. Nous avançons ensemble vers le retrait du péril ».

En clôture, l’OIPR a remis à la délégation guinéenne des équipements techniques de surveillance, dont un drone et un GPS InReach, acquis grâce à un appui financier de l’UNESCO. D’autres outils, notamment des caméras-pièges et des nasses, suivront bientôt. Un geste salué par les partenaires comme une preuve concrète de l’engagement ivoirien en faveur d’une gestion transfrontalière concertée. « Cet atelier nous permet de savoir d’où nous venons et où nous allons », a résumé le colonel Kouamé N’dri Pascal. Tous les participants ont ainsi réaffirmé leur volonté commune de hisser à nouveau le mont Nimba au rang de modèle de conservation en Afrique de l’Ouest.

Kindo Ousseny

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