Du 9 au 13 décembre 2024, l’Organisation du Monde Islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture (ICESCO) a accueilli à Rabat un atelier international sur le thème : « Retrait des sites historiques en Afrique de la Liste du patrimoine en péril ». Cette rencontre a rassemblé des experts de 12 pays africains, des directeurs de sites patrimoniaux ainsi que des représentants d’institutions telles que l’UNESCO et le Fonds pour le patrimoine mondial africain. L’objectif principal était de trouver des solutions concrètes pour préserver les sites en danger, notamment en Afrique, qui concentre près de 59 % des sites patrimoniaux inscrits sur cette liste.

Le Lieutenant-Colonel Ange Beda, chargé du suivi écologique et du système d’informations géographiques à la Direction de la zone ouest de l’OIPR, était présent en tant que représentant de la Côte d’Ivoire. Il a brillé par son intervention axée sur la Réserve Naturelle Intégrale du Mont Nimba (RNIMN), un site transfrontalier également inscrit sur la liste critique. Il a plaidé pour le retrait de cette aire protégée transfrontalière de la Liste du patrimoine en péril.
Lors de son intervention, l’officier supérieur de l’OIPR a présenté la situation de la Réserve Naturelle Intégrale du Mont Nimba (RNIMN). Un site qui fait face à des défis majeurs tels que l’exploitation minière, l’afflux de populations réfugiées et les pressions agricoles.

Le Lieutenant-Colonel Beda a proposé des recommandations inspirées des récentes avancées du projet PAPFOR, notamment le renforcement des patrouilles transfrontalières, la sensibilisation des communautés locales et l’harmonisation des protocoles de suivi écologique. « Il est impératif d’impliquer activement les populations riveraines dans la gestion et la conservation des sites patrimoniaux. Cela constitue un levier stratégique pour garantir leur protection durable », a-t-il déclaré.
La réserve naturelle intégrale du Mont Nimba, un modèle de gestion conjointe
La présentation du Lieutenant-Colonel Ange Beda s’est focalisée sur les progrès réalisés dans la gestion conjointe de la Réserve Naturelle Intégrale du Mont Nimba entre la Guinée et la Côte d’Ivoire. Il a également mis en exergue les états de conservation souhaités définis par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 46ème session. Parmi les actions prioritaires figurent la restauration des zones dégradées, le suivi des espèces endémiques et l’utilisation de drones pour renforcer la surveillance dans les zones difficiles d’accès.

En collaboration avec la Guinée, des rencontres tri nationales ont été organisées pour favoriser une approche intégrée de la gestion. Cette dynamique s’appuie sur le soutien d’organisations internationales telles que l’UNESCO, la Banque mondiale et l’USAID.
Renforcer les capacités et les partenariats
Outre les recommandations liées au Mont Nimba, le Lieutenant-Colonel Beda a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des gestionnaires de sites. « Les formations et les ateliers régionaux doivent être intensifiés pour équiper les acteurs locaux des outils nécessaires à une gestion efficace des sites », a-t-il affirmé.
Par ailleurs, un accord de partenariat entre l’ICESCO et le Fonds pour le patrimoine mondial africain a été signé durant l’atelier. Cet accord vise à promouvoir l’inscription de nouveaux sites patrimoniaux et à

Les conférenciers ont unanimement souligné l’importance des outils technologiques dans la conservation des sites patrimoniaux. Qu’il s’agisse de drones pour la surveillance ou de systèmes d’informations géographiques (SIG) pour le suivi écologique, ces innovations permettent d’améliorer la gestion des sites tout en réduisant les coûts.
Le Lieutenant-Colonel Beda a d’ailleurs présenté des initiatives menées par l’OIPR en Côte d’Ivoire, notamment l’utilisation de technologies modernes pour le suivi des espèces menacées comme le chimpanzé ou le crapaud vivipare.
Perspectives pour une gestion durable

Les discussions ont permis de définir des étapes clés pour améliorer la gestion des sites africains en péril. La Guinée, par exemple, s’est engagée à finaliser une Étude d’Impact Environnemental et Social (EIES) conformément aux normes internationales. En Côte d’Ivoire, l’OIPR prévoit de renforcer la sensibilisation des communautés locales et de mobiliser des ressources pour finaliser le plan directeur du Mont Nimba.
La séance d’ouverture a été marquée par des présentations riches en enseignements. Dr Webber Ndoro, directeur du Centre ICESCO pour le patrimoine du monde islamique, a souligné les opportunités et les défis liés à la conservation des sites africains. De son côté, Dr Lazare Eloundou Assomo de l’UNESCO a appelé à une mobilisation accrue pour renforcer la gestion des sites dans des contextes souvent marqués par l’insécurité.
Le Dr Albino Jopela, représentant du Fonds pour le patrimoine africain, a partagé des exemples de projets réussis en matière de gestion des sites en péril, tout en mettant en avant l’importance des innovations technologiques. Enfin, Dr Salim M. AlMalik, Directeur général de l’ICESCO, a réaffirmé que la conservation du patrimoine constitue un vecteur de cohésion sociale et de paix durable.
L’atelier de Rabat a marqué une étape cruciale dans la lutte pour la préservation du patrimoine africain. Les recommandations formulées, notamment celles du Lieutenant-Colonel Beda, offrent une feuille de route pragmatique et ambitieuse pour retirer progressivement les sites historiques africains de la Liste du patrimoine mondial en péril, dont la réserve naturelle intégrale du mont Nimba. .
Kindo Ousseny