Man: L’AJA implémente le digital comme une arme contre les grossesses précoces

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Le Collège Saint-Martyrs de l’Ouganda à Man a abrité, du 18 au 21 août 2025, un atelier de formation de quarante adolescentes et jeunes filles âgées de 10 à 24 ans sur l’utilisation de l’application Mama Sophia, un outil numérique de suivi du cycle menstruel. Initiée par l’Association Jeunes Agriculteurs (AJA) avec l’appui de ses partenaires Mama Network et Global Fund for Women, cette rencontre a placé le digital au cœur de la lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire, un fléau qui frappe durement la région du Tonkpi.

Selon les chiffres de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS 2021), près de 23 % des adolescentes ivoiriennes ont déjà connu une grossesse, avec des taux encore plus alarmants dans les zones rurales. La région du Tonkpi occupe la deuxième place nationale en la matière avec 408 cas de grossesses en cours de scolarité enregistrés entre septembre 2023 et juin 2024. Pour Roger Sahi, président de l’AJA, cette situation exige des réponses urgentes et adaptées : « Si ces enfants contractent une grossesse précoce, cela peut nuire à leur avenir. C’est pourquoi nous menons des actions de sensibilisation et d’autonomisation, aussi bien auprès des filles que de leurs parents », a-t-il expliqué.

L’atelier a permis aux participantes d’acquérir des compétences essentielles en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment le calcul du cycle menstruel, l’estimation de l’âge d’une grossesse, la gestion de l’hygiène menstruelle et la maîtrise de l’application Mama Sophia. Au-delà de la formation, l’AJA a remis 14 smartphones Android à certaines bénéficiaires afin de faciliter la vulgarisation de l’outil numérique dans leurs communautés. « Avec ces 14 portables, plus ceux déjà distribués l’année passée, nous atteignons 36 adolescentes équipées pour mieux se protéger et sensibiliser leurs camarades », a précisé Sahi Roger.

La dimension communautaire a été fortement mise en avant. En effet, les jeunes formées devront constituer dix équipes pour sensibiliser au moins 1 000 autres adolescents pendant les vacances scolaires, période considérée comme la plus à risque. Elles auront également pour mission d’installer l’application Mama Sophia sur près de 600 téléphones dans leurs quartiers et villages. « Même celles qui n’ont pas eu la chance de participer directement à la formation pourront en bénéficier à travers leurs camarades. L’objectif est de protéger toute la jeunesse du Tonkpi », a ajouté le président de l’AJA.

Présent à la cérémonie, Kouassi Bah, représentant de l’UNICEF et responsable de la protection de l’enfant, a salué l’initiative : « Le Tonkpi est une des régions les plus touchées par les grossesses précoces. Cette action de l’AJA vient à point nommé. Nous avons rassuré les jeunes sur leurs droits et les avons encouragés à les mettre en pratique. Ces filles et garçons sont des leaders capables de devenir des acteurs de développement pour leurs familles, leurs communautés et la nation tout entière. »

Au-delà des aspects numériques, l’atelier a abordé des thématiques cruciales telles que la lutte contre les violences basées sur le genre, les mutilations génitales féminines, ainsi que les dangers des avortements clandestins. Les participantes ont échangé avec des professionnels de santé et des encadreurs, utilisant une pédagogie interactive fondée sur les questions-réponses et des exercices pratiques. « C’est une suite logique de ce que nous faisons depuis des années pour donner aux adolescentes des outils leur permettant de mieux gérer leur corps et leur avenir », a soutenu Sahi Roger, non sans rappeler le soutien financier de Mama Network et du Global Fund for Women.

Au terme de l’atelier, les organisateurs ont exhorté les jeunes filles à la discipline et à la patience, gages d’un avenir meilleur. « Ne soyez pas pressées dans la vie, le monde que vous découvrez n’est qu’un début, beaucoup de belles choses vous attendent », a conseillé le président de l’AJA. Pour ces quarante adolescentes formées, dont quatorze désormais dotées de smartphones, l’heure est à la responsabilisation et à l’action. À travers elles, c’est toute une génération qui se prépare à relever le défi des grossesses précoces par la voie du digital et de l’éducation.

Kindo Ousseny

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