Man/ Les femmes du projet SWEDD à l’honneur : Une cérémonie intergénérationnelle porteuse d’espoir

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Ce samedi 12 octobre 2024, la ville de Man, située au cœur de la région du Tonkpi, a accueilli une cérémonie marquant la campagne de sensibilisation communautaire “Stronger Together” du projet SWEDD (Projet d’autonomisation des femmes et du dividende démographique dans le Sahel). L’événement, organisé sous le thème “Femmes Modèles & Ambassadeurs en Action”, a rassemblé des leaders religieux, des figures emblématiques féminines et des jeunes engagés pour promouvoir l’éducation des filles, la lutte contre les mariages précoces et la promotion du leadership féminin. Le projet, soutenu par la Banque Mondiale et l’UNFPA, se déroule sous l’égide du ministère de la Cohésion Nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté. Retour sur une journée riche en enseignements et témoignages poignants.

Le chef Yaké Raphaël, porte-parole du roi du Tonkpi, a ouvert la cérémonie en saluant cette initiative qui, selon lui, “vient apporter des réponses concrètes au maintien des jeunes filles à l’école, à travers la lutte contre les grossesses en cours de scolarité et la promotion de l’autonomisation des femmes.” Il a souligné l’importance du projet SWEDD pour la région et l’engagement des autorités locales à accompagner les actions visant à assurer un meilleur avenir pour les jeunes filles de la communauté.

Dans son discours, l’Imam Yassine Lucien Sédia, de la mosquée Icra du lycée Club Ambassadeur, a insisté sur l’importance de l’éducation des filles. “Trop souvent, on donne la jeune fille en mariage et on utilise l’argent de la dot pour scolariser son frère”, a-t-il déploré. L’Imam a lancé un appel vibrant aux parents pour qu’ils priorisent l’éducation de leurs filles, soulignant que l’ignorance et les mariages précoces enterrent leurs chances d’une vie meilleure.

Le courage exemplaire de Mme Glao née Tia Philomène

Mme Glao Tia Philomène, figure emblématique de la région, a captivé l’audience avec son témoignage poignant. Mariée de force à 17 ans à un homme de 70 ans, elle a dû surmonter des violences morales et physiques. Aujourd’hui à la tête d’une entreprise prospère, elle est une véritable success story de l’entrepreneuriat féminin dans la région. Pourtant, elle considère son manque d’éducation comme un handicap majeur. “Malgré ma richesse, je suis handicapée parce que je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école”, a-t-elle déclaré, encourageant les jeunes filles à ne jamais abandonner leurs études, car l’éducation est la clé de leur autonomisation.

Ruth Amandine Oro Tanon, ambassadrice du projet Stronger Together, a partagé son parcours de résilience. Orpheline dès son jeune âge, elle a dû se battre pour financer ses études en faisant du commerce dans les rues d’Abidjan. “Je n’ai pas compté sur quelqu’un. Aujourd’hui, je suis étudiante en master 2 de communication pour le développement”, a-t-elle affirmé avec fierté. Son message aux jeunes filles était clair : “Prenez vos études au sérieux. Le travail est votre premier mari, car une femme qui ne travaille pas est dépendante.” Elle a insisté sur l’importance de refuser la facilité et de travailler dur pour atteindre ses objectifs. . “Ouvrez vos cahiers et fermez vos cuisses”, a-t-elle lancé comme une exhortation aux jeunes filles, afin qu’elles se concentrent sur leurs études et non sur des distractions pouvant compromettre leur avenir.

Mme Syra Sy Savané, défenseuse des droits des femmes, a appelé les parents à soutenir l’éducation de leurs filles jusqu’à leur terme. Elle a dénoncé l’utilisation des jeunes filles comme sources de revenus à travers des mariages précoces, une pratique encore courante dans certaines régions. “Terminez l’éducation de vos filles avant qu’elles ne partent chez leur mari”, a-t-elle conseillé, en soulignant que l’avenir de toute une communauté dépend de l’instruction des jeunes filles.

Le sous-préfet de Yapleu, Any Edy Désiré, représentant le préfet de région, a encouragé la poursuite de telles initiatives qui visent à renforcer les capacités des jeunes filles. Il a félicité les organisateurs du projet SWEDD pour leur engagement dans la région et a réitéré le soutien des autorités locales pour la réussite de ces actions. “L’éducation des filles et leur maintien à l’école sont des priorités absolues pour garantir l’avenir de notre nation”, a-t-il affirmé.

Le projet SWEDD, un pilier pour l’autonomisation des femmes

Le projet SWEDD, présenté par Malibu Yehiri, chef de mission AIMAS SWEDD Communication, est une initiative de grande envergure qui vise à améliorer les conditions de vie des femmes dans la région du Sahel. “Ce projet est le socle de l’autonomisation de la femme et du dividende démographique dans le Sahel”, a-t-il expliqué, remerciant la Banque Mondiale et l’UNFPA pour leur soutien. Selon lui, l’autonomisation des femmes passe non seulement par l’éducation, mais aussi par leur accès aux méthodes modernes de contraception, ce qui leur permet de mieux planifier leur avenir.

Les intervenants ont tous mis l’accent sur un même message : l’avenir des jeunes filles dépend de leur éducation et de leur capacité à surmonter les obstacles culturels et socio-économiques. Que ce soit à travers les témoignages personnels ou les conseils prodigués, cette campagne de sensibilisation a permis de rappeler l’importance de l’éducation des filles dans la lutte contre les mariages précoces et les grossesses en cours de scolarité.

Une mobilisation collective pour un avenir meilleur

La campagne Stronger Together a démontré que la mobilisation de tous les acteurs de la société – leaders religieux, autorités locales, femmes modèles et jeunes – est essentielle pour créer un environnement propice à l’émancipation des jeunes filles. Les discussions, les témoignages et les conseils ont permis de poser les bases d’un dialogue constructif sur l’autonomisation des femmes dans la région.

La campagne “Stronger Together” n’est qu’un début. La route vers l’autonomisation des femmes est encore longue, mais grâce à des initiatives comme celles du projet SWEDD, un espoir se dessine. Les acteurs locaux, les parents et les jeunes sont appelés à travailler ensemble pour garantir un avenir meilleur aux filles de la région, afin qu’elles deviennent des leaders de demain, capables de transformer la société.

Kindo Ousseny

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