Mont Nimba : Gbapleu décroche le 1er prix vert du village protecteur de la réserve

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La périphérie de la Réserve naturelle intégrale du Mont Nimba était en effervescence le samedi 29 novembre 2025 dernier. À Kpoleu, village riverain situé dans le département de Danané, l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) a organisé la première édition de la Journée socio-culturelle dédiée aux communautés vivant autour de ce patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette rencontre festive, ponctuée de compétitions sportives, de prestations culturelles et de sensibilisations, visait à renforcer l’engagement des populations dans la protection de ce joyau écologique unique au monde.

Dès l’entame de la cérémonie, l’ambiance était à la fois conviviale et solennelle. En prenant la parole, Sran Toua Valéry, porte-parole des populations riveraines, a salué l’initiative, estimant qu’elle traduit la reconnaissance de l’État envers les efforts consentis par les riverains pour préserver la réserve. « Le gouvernement mène plusieurs actions dans les villages du Mont Nimba afin de les détourner de toute activité dévastatrice », a-t-il rappelé, citant les projets d’élevage, de pisciculture et autres initiatives génératrices de revenus financées par le projet PAPFOR, le C2D et pilotées par l’OIPR. Selon lui, une partie de la population est désormais autonome financièrement, et les habitants jouent un rôle actif dans la surveillance de la réserve.

Toutefois, le porte-parole n’a pas manqué de soumettre quelques préoccupations. Il a plaidé pour la transformation de l’école locale en groupe scolaire, l’installation de pompes hydrauliques supplémentaires, la construction d’une maternité et le logement de nouveaux infirmiers. « Nous sommes plus de 5 000 habitants et un seul point d’eau ne suffit pas », a-t-il insisté, avant de conclure sur une note de gratitude et d’espoir en l’amélioration continue de la collaboration avec l’OIPR.

Au nom du Directeur général de l’OIPR, le Colonel Ouattara Amara a salué l’implication des populations riveraines. Il a promis de transmettre les doléances au niveau central et rappelé que la conservation du Mont Nimba dépasse les frontières nationales. « C’est un patrimoine mondial. Le fait d’y contribuer, c’est préserver des espèces qui appartiennent à l’humanité entière », a-t-il martelé. Il a également félicité les participants pour leur esprit de fair-play lors des tournois de football, symbole selon lui d’une cohésion renforcée.

La cérémonie a pris une tournure particulière lorsque le Colonel Assui Wa Kassi N’Guessan Dawy, représentant la Direction de la zone ouest de l’OIPR, a dévoilé les enjeux du Prix vert, une innovation majeure lancée cette année. Ce prix récompense le village le plus respectueux de la réserve, c’est-à-dire celui qui n’a enregistré ni braconnage, ni pêche, ni intrusion dans l’aire protégée. « Le montant est de 1 million de francs CFA. Ce prix existe pour encourager les populations à devenir actrices de la conservation », a-t-il expliqué, avant de rappeler que des espèces endémiques, comme les crapauds vivipares, ne peuvent survivre qu’à l’intérieur de cette réserve.

L’annonce tant attendue du vainqueur a été faite par le sous-préfet de Kouanwoulé, Sanogo Sidiki, représentant le préfet du département de Danané et président du Comité de gestion locale. Après délibération du jury présidé par le préfet du département de Danané, c’est le village de Gbapleu qui a remporté cette première édition du Prix vert, devançant cinq autres localités. « Votre engagement sincère sera capital pour la préservation de notre patrimoine commun », a-t-il déclaré, félicitant les responsables de l’OIPR pour « le travail colossal abattu de jour comme de nuit ».

Le représentant du village lauréat, Sran Toua Valéry, adjoint au chef, a exprimé la fierté de toute la communauté : « Ce prix nous conforte dans les efforts que nous menons depuis longtemps pour empêcher toute activité illégale dans la réserve. Nous allons renforcer nos actions de sensibilisation, surtout parce que nous sommes en contact direct avec la zone protégée. »

La journée s’est achevée dans la liesse populaire, autour de compétitions, de danses traditionnelles et d’un grand moment gastronomique. Mais au-delà de la fête, un message clair a été transmis : la préservation du Mont Nimba n’est plus seulement une affaire de techniciens de l’OIPR, elle est désormais portée par ses gardiens naturels, les populations riveraines.

Avec cette première édition du Prix vert, l’OIPR pose les bases d’un modèle participatif durable. Une dynamique qui, si elle se poursuit, pourrait devenir l’un des leviers majeurs de la conservation du Mont Nimba et faire des villages riverains de véritables champions de l’éco-citoyenneté.

Kindo Ousseny

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