Tôt dans la matinée du mardi 21 mai 2019, les populations de Sipilou se sont réveillées et ont constaté une forte présence militaire et de gendarme dans la ville. Cette présence militaire fait suite à la montée de la violence contre les forces de l’ordre dans cette ville frontalière.
Selon des témoignages recueillis sur place, c’est à 2heure du matin que les renforts sont arrivés dans la ville et les hommes en armes, dès qu’ils ont foulé le sol de Sipilou, ont lancé des opérations de rafles systématiques. « Tout jeunes qui est appréhendé à cette heure est systématiquement interpelé et conduit à la brigade de gendarmerie », témoigne un habitant de la ville joint au téléphone. Selon lui, la ville est inondée par des hommes en armes. Il s’agit des renforts des escadrons mobiles de la gendarmerie de Daloa, de Man et de Danané, ainsi qu’un détachement du bataillon de sécurisation de l’ouest.
Les forces de l’ordre ont repris le contrôle de tous les corridors frontaliers. Selon certaines sources les frontières sont fermées depuis l’arrivée des renforts. « Des jeunes armés de machettes, de gourdins, fumant du cannabis avaient pris le contrôle des cheiks points et rançonnaient les passant depuis la matinée du lundi », a déploré un enseignant en poste à Sipilou. Ceux-ci selon lui ont pris la fuite quand les renforts sont arrivés. « D’autres ont traversé la frontière pour trouver refuge en guinée », renseignent nos interlocuteurs qui précisent que le président des jeunes et ses lieutenants sont portés disparus dans la ville. Ils auraient eux aussi traversé la frontière. Ce mardi matin, les boutiques et magasins de la ville restent fermés.
Notre source souligne que tous ceux qui ont été raflés dans la nuit ont été libérés tôt le matin. Elle précise par ailleurs qu’aucun habitant de la ville n’a été violenté. Néanmoins la peur fait que chacun reste terré chez lui. Seuls ceux qui ont un minimum de courage sortent pour se promener sans être inquiété.
Rappelons que ces événements font suite à une bavure policière ayant causé la mort d’un jeune conducteurs de taxi-moto. Une révolte de la population a engendré la destruction de tous les postes de la police des frontières et des agents des autres forces en charge de la surveillance de la zone frontalière de Sipilou. Le calme était revenu suite à des négociations des autorités administratives aidées des chefs coutumiers et guides religieux.
Cependant prétextant de la poursuite du racket par les forces de l’ordre sur les corridors, des jeunes de la ville se sont mobilisés pour aller les chasser et prendre le contrôle des barrages frontaliers. Aussi, ont-ils dressé des barricades sur l’artère principale de la ville et brulé des pneus. Depuis ce matin, les forces de l’ordre ont repris leurs positions, les patrouilles sont en cours et la peur semble changer de camp. Quant aux policiers ils sont toujours stationnés dans le village de Sema à 3 kilomètres de Sipilou.