Man/ Covid 19 : Voici les secteurs d’activité sinistrés

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Les mesures prises récemment par le conseil national de la sécurité et le chef de l’état pour empêcher l’évolution de la pandémie du Coronavirus en Côte d’Ivoire produisent des effets inattendus chez les opérateurs économiques de la ville de Man. Les activités dont l’impact est difficile à supporter par les acteurs sont celles des  secteurs comme le tourisme, le transport, l’artisanat d’art et l’enseignement privé.

Il est 10 heures ce jeudi 02 avril lorsque nous sommes arrivés à la gare d’une importante compagnie de transport faisant la ligne Man-Abidjan et Man San-Pedro ainsi que des villes sur ces deux axes. Impossible de se frayer un passage à moto. Plus d’une dizaine de car de 70 places sont stationnés. A la porte, sur un banc des personnes assissent en train de causer de tout et de rien. Parmi elles, nous reconnaissons des chauffeurs de la compagnie.

Le temps pour nous de nous arrêter, nous recevons un bonjour juste à côté. C’est le chef de service courrier et colis de cette compagnie qui nous interpelle. A la question de savoir pourquoi la gare est pratiquement barricadée par des autocars, l’homme souris et répond, « Tu connais la situation, nous sommes au chômage. Depuis qu’Abidjan est isolée, tous les cars sont garés. Pas de transport. Tout est bloqué. Moi-même je suis juste venus saluer des amis et collègue pour tuer un peu le temps avec eux », nous renseigne OM.

 Le secteur du transport au point mort 

A dix mètres, c’est le chef de gare des véhicules de location  que nous croisons, Diomandé Mamadou. « Comme tu le constate, le secteur du transport est mort. Abidjan étant coupé, tout est mort. Dans notre secteur, la vie s’est arrêtée. Depuis que la ligne d’Abidjan est fermée, tout est bloqué. La situation est catastrophique. Pour manger ici à la gare nous sommes obligés de nous cotiser en raison de 100 francs pour acheter un plat  de riz de 500 francs sans poisson pour manger. C’est très dur», fulmine-t-il. A cette gare, les véhicules de location sont stationnés dans l’espoir qu’une tierce personne vienne louer une. Mais hélas, pas de client. La plus part sont des cadres et des touristes qui viennent d’Abidjan.

 Le transport inter villages aussi connait des difficultés. Les massa de 20 places sont sommés de ne pas dépasser 16 passagers par transport. « Quand on prend en compte, les frais de route, le carburant et d’autres charges annexes, on se rend compte qu’on travaille à perte. C’est pourquoi mon patron m’a demandé de garer de de lui rendre ses clés. On ne sort que lorsqu’il y a location. Là aussi, il n’y a rien », soutien Bakayoko Drissa, chauffeur de mini car appelé communément Massa.

Les taxis-villes poursuivent leurs activités avec un nombre réduit de passager, qui passe de 4 à 3. Ce qui n’est pas sans conséquence pour la recette qui va surement connaitre une réduction. Même si parmi ces chauffeurs de taxis, l’on enregistre quelques réfractaires aux mesures de limitation du nombre de passagers.

Pendant notre entretien avec les chauffeurs de la grande gare de Man, arrive un car de 45 places en provenance d’Odienné. A Son bord une dizaine de passagers en partance pour Daloa. « Avec ça, comment peut-on s’en sortir », s’interroge Diomandé Mamadou.

Les restaurateurs au chômage

Autre lieu, autre secteur, les restaurants, oui, depuis le lendemain du message à la nation du chef de l’Etat Alassane Ouattara, tous les restaurant de la ville ont rangé la clé sous le paillasson. Les cuisiniers  les serveuses et serveurs sont tous mis au chômage. Il en est de même pour les établissements de nuit tels que les maquis et boites de nuit qui ont tous fermé. « Actuellement il  nous est difficile de joindre les deux bouts. Il est dur pour nous de nourrir nos familles. Nous avons été mis au chômage sans nos derniers salaires », se lamente  Doua Gilbert, disque joker dans un établissement de nuit de la ville.

Le secteur de l’hôtellerie traverse un sinistre qui ne dit pas son  nom. Une tournée dans quelques importants réceptifs de la ville nous permet de nous rendre à l’évidence. Ici ce sont les chiffres qui parlent. Loin de faire la publicité de ces réceptifs qui comptent parmi les plus importants de la ville. Il faut admettre avec ces données chiffrées que ces hôtels ne sont pas loin de la fermeture et de la mise en chômage de leur personnel. Ce jeudi matin, l’hôtel Les cascades, le plus grand de la ville, avec 47 chambres dont des suites c’est seulement deux qui sont occupées.

Les Hôtel sinistrés

 Le deuxième plus grand réceptif, Beau séjour, sur 37 chambres, seulement deux sont occupées également. Les autres réceptifs que nous avons visités qui compte parmi les plus grands qui ont des capacités qui varient entre 45 et 15 chambres, Amoitrin, Bon Samaritin, Hôtel résidence, Hôtel Véi, Agbansseu, Goma, aucun client. Toutes les chambres sont vides. Les séminaires qui étaient programmés dans certains hôtels ont été purement et simplement annulés compte tenue des nouvelles mesures de lutte contre le Covid 19.   Le seul réceptif qui a le taux d’occupation le plus élevé est l’hôtel Zota, qui ce jeudi a enregistré 3 clients pour 14 chambres. Le promoteur envisage fermer l’établissement compte tenu du très faible taux de fréquentation.

Au niveau de l’artisanat d’art, les sculpteurs broient du noir, ils ne reçoivent plus de clients. Les touristes ne fréquentant plus la ville.

« Depuis deux semaines, rien ne bouge. Il n’y a pas de visite de touriste. Les cascades naturelles ne sont pas fréquentées nos sculptures ne sont pas vendus, et on se cherche », fait savoir Koné Hamed, sculpteur et guide touristique à Man.

Droh A. Directeur d’une école primaire privée, indique que suite au congé forcé décidé par le conseil national de sécurité, tous les enseignants de son école sont mis au chômage technique. Et chacun doit se débrouiller comme il peut pour se prendre en charge avec sa famille. Il en est de même pour des unités industrielles du bois qui viennent de réduire leurs effectifs à cause de manque de clientèle.

Et pourtant, aucun cas suspect ni confirmé du Covid 19 n’est signalé dans la ville depuis le déclenchement de l’épidémie du Coronavirus en Côte d’Ivoire.

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