Le dimanche 9 avril, jour de la fête de pâques, la grande famille Mah Ouohi et alliés a choisi pour célébrer la mère, la grande mère de la famille dame Monné Mahanlou. Une octogénaire de 86 ans, ménagère du village qui a consacré sa vie à œuvrer pour la réussite de ses cadettes et cadet ainsi que l’ensemble de ses enfants. Une mère modèle à qui le village d’environ 6000 âmes a décidé de rendre hommage. Une occasion pour les cadres d’inviter la population à célébrer les personnes âgées de leur vivant en lieu et place des funérailles grandioses.
Gba Marcel, fils aîné de dame Monné Mahanlou a indiqué que c’est la capacité de sa mère de savoir dompter les enfants qui est célébrée et qui doit faire tâche d’huile. « Cette dame, qui est née vers 1937 a conçu beaucoup d’enfants dont je suis l’ainé. Au départ nous étions 10, aujourd’hui nous restons 4. Les autres avant de partir ont eu beaucoup d’enfants. Dans sa situation de femme rurale, elle a œuvré pour que tous ses enfants et ses petits-enfants réussissent. C’est ce caractère de dompter l’éducation des enfants, à les accompagner au succès, et à la réussite que nous célébrons », a expliqué Gbah Marcel, ingénieur de son état. Parmi les 4 enfants qui restent, il y a trois ingénieurs. « Nos enfants travaillent déjà à de hauts niveaux. Et aujourd’hui avec l’âge qu’elle a, il est temps qu’elle soit honorée. Cela prend des aspects de formalisation chez nous ici pour que les parents qui ont contribué à la réussite de leurs enfants, en guise de la quête de reconnaissance que ces enfants puissent restituer à leurs parents ce qu’ils ont donné et ce, de leur vivant », a-t-il soutenu.
Il a déploré les funérailles grandioses où des millions sont investis pour des gens qui meurent parfois par manque d’un médicament qui ne coûte pas grande chose. « Aujourd’hui, il faut que nous œuvrions pour donner des modèles à nos cadets. Encourager les uns et les autres à suivre cet exemple. Nous devons travailler pour changer cette mentalité qui consiste à célébrer les morts. Mais célébrer les parents de leur vivant. Éviter de les laisser mourir de faim ou de tristesse. C’est aussi un appel à tous les parents à scolariser leurs enfants parce que c’est un très bon investissement », a-t-il indiqué. Un avis partagé par le président de la mutuelle de développement de Gouekangouiné, Ruffin Doua. Ce dernier a appelé à un changement de paradigme. « Il est bon de célébrer nos parents de leurs vivants. Les rendre heureux et réunir toutes les bonnes conditions pour leur permettre de mieux vivre leurs vieux jours », a lancé le président de la mutuelle de développement de Gouékangouiné. Pour Mahan Rosalie, épouse Bled, cadre de Gouékangouiné, Cette pratique doit désormais s’inscrire dans la culture des populations du Tonkpi. Elle s’est réjouie de la forte mobilisation des cadres. Pour elle, il faut un retour des fondamentaux de la culture Dan. « A l’époque de nos parents, ce sont des masques qui sortent pour célébrer les personnes âgées. Mais avec le modernisme les choses ont changé. Cette dame que nous célébrons est ma sœur aînée. Mais c’est elle qui s’est occupée de nous pour que nous soyons ce que nous sommes parce que nous avons perdu nos parents très tôt et c’est elle qui a joué le rôle de la mère et du père », a fait savoir celle ques les cadres ont surnommé « la diplomate », Mme Bled Rosalie. Pour elle cette manifestation est une manière de montrer aux jeunes que la mère est unique et qu’il faut la célébrer.
Plusieurs cadres notamment Bih Tiémoko, Dr Dodo Mathurin ainsi que les chefs coutumiers ont pris la parole pour témoigner de la bonté et de la combativité de l’octogénaire. Ses enfants, ses petits-enfants, les cadres, les parents, les chefs coutumiers, amis et connaissances ont comblé Dame Moné Mahanlou de divers cadeaux en nature et en espèce.
Kindo Ousseny