La septième édition du forum économique, volet clé du festival Tonkpi Nihidaley, s’est tenue ce jeudi 19 décembre 2024, dans l’amphithéâtre Alassane Ouattara de l’Université Polytechnique de Man. Cette rencontre, placée sous le thème « Les enjeux socio-économiques de l’intégration dans la zone forestière : le cas de la région du Tonkpi », a rassemblé experts, acteurs économiques et autorités pour explorer les défis et opportunités de l’intégration régionale dans cette zone transfrontalière.
Dans son allocution d’ouverture, Abdallah Toikeusse Mabri, président du Conseil Régional du Tonkpi et ministre conseiller auprès du Président de la République, a souligné l’importance d’une réflexion collective sur les défis liés à l’intégration régionale. « Il s’agit pour nous d’analyser les opportunités économiques offertes par cette proximité géographique et culturelle tout en proposant des solutions adaptées aux disparités économiques et sociales », a-t-il affirmé. Selon lui, les enjeux de cette intégration dépassent les frontières locales et concernent des problématiques globales telles que la mobilité, le commerce et l’impact du changement climatique.
La région du Tonkpi, riche en ressources naturelles, offre des opportunités uniques d’investissement, selon les propos d’Abdallah Mabri. Il a présenté les trois piliers de l’économie locale : l’agriculture, le tourisme et les mines. « Nous produisons l’un des meilleurs cafés au monde, récemment labellisé, ainsi que d’importantes quantités de cacao, hévéa et noix de cajou. Les investissements dans la transformation sur place de ces produits pourraient changer la donne économique », a-t-il souligné. Par ailleurs, les richesses minières et les paysages touristiques de la région constituent des atouts majeurs encore sous-exploités.
Pour le ministre-gouverneur du district autonome des Montagnes, Dr Albert Flindé, la culture est un levier essentiel de développement économique. « Tonkpi Nihidaley est une plateforme qui associe la promotion culturelle à des objectifs économiques concrets », a-t-il déclaré. Il a également salué la labellisation du café des montagnes comme un exemple de réussite intégrant culture et économie.
Les problématiques liées aux zones frontalières ont été largement abordées durant les discussions. Selon Dr Gué Bamba, président du forum, les défis à relever concernent notamment les conflits fonciers, le trafic illégal de cacao et la forte pression démographique. Ces enjeux mettent à rude épreuve les ressources naturelles et la cohésion sociale. « Ce forum se veut un cadre d’analyse et de propositions concrètes pour assurer une intégration harmonieuse et durable des populations transfrontalières », a-t-il précisé.
Avec ses 12 000 kilomètres carrés et ses 1,3 million d’habitants majoritairement jeunes, la région du Tonkpi se positionne comme un territoire attractif pour les investisseurs. Les fleuves Sassandra, Cavally et Nyon, ainsi que des centaines d’hectares de bas-fonds irrigables, en font une zone idéale pour des activités agricoles comme la riziculture et la pisciculture. « Nous disposons d’infrastructures et de politiques favorables aux investisseurs, notamment dans le secteur agricole et hôtelier où la demande reste forte », a insisté Abdallah Mabri.
Les interventions ont également mis l’accent sur la nécessité d’une coopération accrue entre les pays voisins pour renforcer les échanges commerciaux et promouvoir la stabilité. La présence de représentants de l’UEMOA et d’experts internationaux a été saluée comme un signe encourageant. « L’intégration régionale ne peut se faire sans une collaboration étroite entre les acteurs locaux et les partenaires régionaux », a rappelé Dr Gué Bamba.
Les débats ont permis d’identifier des pistes d’action claires, notamment la création d’unités de transformation des matières premières, la lutte contre la déforestation et la promotion de l’artisanat local. Le rôle des jeunes, qui représentent 70 % de la population régionale, a également été souligné comme un moteur essentiel du développement.
