Man: Zürich aux côtés du Tonkpi pour la préservation de l’ “âme” du peuple Dan

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Le, 29 mai 2025, une collaboration d’envergure internationale s’est nouée à Man, capitale du Tonkpi, entre la Fondation Koblé et le Musée Rietberg de Zurich. Au cœur de cette rencontre : la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel Dan, dans une région où les traditions millénaires résistent tant bien que mal aux assauts de la modernité. Dans les locaux de la Fondation Koblé, au sud de la ville, une séance de travail a réuni la directrice du musée suisse, Dr Michaela Oberhofer, des autorités administratives locales, des responsables culturels, ainsi que des membres de la société civile engagés dans la protection de l’héritage Dan.

Pour Dr Oberhofer, dont l’institution abrite certaines des pièces Dan les plus précieuses au monde, cette visite à Man ne marque pas seulement une étape diplomatique. Elle s’inscrit dans une dynamique de longue haleine. « Nous sommes engagés depuis de nombreuses années avec la Fondation Koblé. Ce séjour est une nouvelle occasion de renforcer notre lien et de préparer l’ouverture d’un centre de savoir Dan ici à Man, prévue pour décembre 2025 », a-t-elle déclaré, avec une émotion palpable. À travers ce projet, les deux partenaires entendent collecter, préserver et transmettre les savoirs traditionnels Dan, qu’il s’agisse des récits oraux, des techniques artisanales comme le tissage ou la sculpture, ou encore des formes d’art contemporain inspirées des pratiques ancestrales.

De son côté, Mamadou Camara, fondateur de la Fondation Koblé, a insisté sur l’importance de ce centre pour la région. Il ne s’agira pas d’un simple musée, mais d’un espace vivant, un lieu d’apprentissage et de dialogue entre générations. Selon lui, ce projet vise à faire de la culture Dan un vecteur de développement et de cohésion. « Ce centre sera un symbole fort pour la jeunesse du Tonkpi. Il abritera des objets culturels, des récits, des vêtements traditionnels. Il s’agit de redonner vie à notre mémoire collective et de transmettre à nos enfants ce que nos ancêtres nous ont légué », a-t-il affirmé, tout en soulignant l’expertise précieuse apportée par les partenaires suisses, notamment en matière d’organisation muséographique.

Mais au-delà de la conservation patrimoniale, la question de la restitution des œuvres d’art africaines détenues à l’étranger s’est aussi invitée dans les échanges. À ce sujet, M. Camara a annoncé l’organisation, en décembre prochain, d’un atelier et d’une exposition au Musée des Civilisations d’Abidjan, consacrés au retour des objets d’art africains. L’événement, préparé en coordination avec les partenaires suisses, visera à sensibiliser les Ivoiriens à l’importance de la réappropriation culturelle et à relancer le débat sur le sort des pièces conservées dans les musées occidentaux. « Ce sera un moment fort pour notre pays. Nous allons réfléchir ensemble à la meilleure manière de valoriser ces objets quand ils reviennent chez nous », a-t-il souligné.

Présente à cette rencontre, le secrétaire générale 1 de la préfecture de Man, M. Stéphane Guiriga, a salué l’initiative, en rappelant que le Tonkpi est une terre de grande richesse culturelle qui mérite d’être mieux connue, mieux protégée et mieux diffusée.

Le directeur régional de la Culture et de la Francophonie a pour sa part réaffirmé l’engagement de l’administration ivoirienne à soutenir les projets qui visent à renforcer l’identité culturelle des populations locales.

Pour Dr Oberhofer, le partenariat avec la Fondation Koblé dépasse la simple coopération scientifique. C’est un engagement éthique. « Certaines des plus belles pièces Dan sont conservées dans notre musée. Elles portent une histoire. En travaillant avec vous ici à Man, nous voulons rendre cette histoire plus accessible à ceux auxquels elle appartient », a-t-elle confié, visiblement émue par l’accueil chaleureux reçu dans les collines verdoyantes du Tonkpi.

La visite s’est achevée par des échanges culturels informels, au rythme des chants et danses Dan, comme pour rappeler que, si les documents peuvent s’archiver, les cultures, elles, vivent et se transmettent dans le geste, la parole et le regard. À travers cette collaboration exemplaire entre Man et Zurich, c’est un message fort qui est envoyé : celui d’un patrimoine africain vivant, qui ne demande qu’à être réhabilité, reconnu et transmis avec fierté.

Kindo Ousseny

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