La coordination régionale de l’Association ivoirienne pour le bien-être familial (AIBEF) a organisé, le week-end dernier à Man, une journée portes ouvertes. Cette activité s’inscrit dans le cadre d’un projet d’urgence initié par la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF), dont l’AIBEF est membre. Elle a été l’occasion pour les sage-femmes de sensibiliser contre le cancer du col de l’utérus.

Selon Mme N’Guessan, sage-femme coordonnatrice régionale, cette initiative répond aux difficultés financières rencontrées par de nombreuses ONG et vise à redynamiser les cliniques associatives en rapprochant leurs services des populations. « Nous voulons mieux nous faire connaître et présenter nos prestations, désormais dans un centre plus accessible, proche du marché », a-t-elle expliqué.
Les services offerts par le centre AIBEF de Man sont multiples : planification familiale, consultations prénatales, soins post-partum, médecine générale, pédiatrie et sensibilisation sur les IST et le VIH/Sida. L’association organise également des camps éducatifs pour adolescents afin de promouvoir une vie saine. Si la majorité des visiteurs sont des femmes, de plus en plus d’hommes accompagnent leurs épouses, comme l’a relevé Mme N’Guessan : « Ce matin encore, un homme est venu avec sa femme pour un dépistage du cancer du col de l’utérus et du sein. Nous les encourageons à s’impliquer dans la santé familiale. »
La journée a aussi été marquée par une importante séance de sensibilisation sur le cancer du sein et du col de l’utérus, animée par Mme Binate Barakissa, sage-femme coordonnatrice de la santé mère-enfant à la direction régionale de la santé de Man. Elle a rappelé que ces deux cancers figurent parmi les principales causes de mortalité chez les femmes. « Ce sont de véritables tueuses, mais dépistées tôt, la guérison est possible. La prévention passe par le dépistage précoce », a-t-elle insisté.

Aux participantes, elle a conseillé des gestes simples mais essentiels, tels que l’autopalpation régulière des seins afin de détecter toute anomalie, ou encore le recours annuel au dépistage dès l’âge de 40 ans. Pour le cancer du col de l’utérus, elle a recommandé l’adoption de comportements responsables, notamment la réduction des partenaires sexuels et un suivi médical attentif pour les femmes ayant eu plusieurs grossesses. « Le message est clair : connaître son corps et consulter rapidement au moindre signe suspect », a martelé la sage-femme.
Ces messages ont fortement marqué les participantes, à l’image de Miss Yombro Ange, membre de l’Association des jeunes agriculteurs (AJA). Pour elle, la journée a été riche en enseignements pratiques : « J’ai appris à faire l’autopalpation en divisant le sein en quatre zones et en levant le bras pour mieux sentir. J’ai aussi compris l’importance de consulter en cas de règles trop irrégulières. » Elle a ajouté que les informations sur les méthodes contraceptives – préservatifs, implants, injections ou abstinence – ont été très utiles pour les jeunes filles présentes.
Au-delà de la sensibilisation, les participantes ont pu bénéficier de services à prix réduits, une manière d’encourager un plus grand nombre de femmes à franchir le pas. « En quittant cette journée, je m’engage à partager ces informations au sein de mon association et de ma communauté », a promis Miss Yombro.
En clôture, Mme N’Guessan a réaffirmé les attentes de l’AIBEF : « Nous voulons que toutes les femmes sachent où nous trouver et qu’elles aient le réflexe de se tourner vers nous pour leur santé et celle de leurs familles. » Avec son nouveau siège près du grand marché de Man, et une stratégie de proximité, l’AIBEF espère gagner en visibilité et contribuer à sauver des vies grâce au dépistage précoce et à la sensibilisation continue.
Kindo Ousseny