Source http://www.poleafrique.info / Ce dimanche 18 Février l’équipe de reportage s’est rendu à Blolequin pour s’imprégner de la situation qui a mis la ville a feu et à sang.
A l’entrée de la ville le poste d’ordinaire tenu par les hommes en tenue est vide. Aucun gendarme, Faci ni eaux et forêts n’est présent en ce lieu. Dans la ville, les vas et vient de population sont visibles dans les rues. Dans les foyers, l’on s’apprête pour affronter la journée. Certains se préparent pour la messe quand d’autres s’activent pour se rendre soit au champ ou au marché.
Quelques heures après nous visitons certaines églises, les fidèles rendent gloire à Dieu pour le calme qui est revenu suite à la chaude journée du samedi.
Un poste de contrôle situé à la sortie de la ville côté nord-ouest a été théâtre d’un double meurtre. ” Le jeune nommé Tiemoko Nandouo Armand accompagnait sa famille et deux de ses enfants au campement. Un gendarme en poste à un de ces nombreux corridors lui a intimé l’ordre de payer 1000f. Le jeune aurait dit ne pas avoir l’argent. Une altercation violente se déclenche entre eux : le coup parti de l’arme du gendarme tue le jeune. Une foule nombreuse partie sur les lieux fait la découverte et vite s’en prend au corps habillé qu’elle lynche à mort“, raconte le chef Bloh Étienne.
Après leur forfait le corps du jeune motocycliste est porté sur les mains jusqu’à la brigade de gendarmerie, où tout dégénère quand un homme en treillis tire sur la foule. Un jeune homme est atteint au bras.
La foule grossit. Plus de 300 jeunes prennent la rue centrale en compte. Les corps habillés sont débordés. La brigade de gendarmerie est mise à sac et ensuite incendiée. Comme si elle avait prémédité son acte, les domiciles du préfet et du sous-préfet sont visités. Si chez le sous-préfet les jeunes sont cléments, chez le préfet c’est la désolation. Un véhicule de la Caritas stationné dans la cours est incendié, de même qu’une moto de liaison de la préfecture. La maison du gouverneur est fouillée de fond en comble. Les pillards emportent tout. Une dizaine de logements de gendarmes également sont pillés. Les dégâts matériels sont énormes et peuvent être évalués à des centaines de millions. Le secrétaire général de préfecture, un journaliste, un gendarme et un jeune dans le groupe de pillards sont au nombre des blessés.
Boué Paul Marinaire, président de la jeunesse départementale accuse les autorités administratives pour leur laxisme. “La source de toute cette bavure, c’est le nombre trop élevé. Ce problème a été mis à plusieurs reprises sur la table des autorités qui n’ont apporté malheureusement pas de réponse. Ces jeunes n’ont pas de travail. Ils ne vivent que de cette activité de conduite de motos. Mais s’ils doivent payer 1000f à chaque barrage, combien peuvent-ils avoir pour leur famille. Si les autorités administratives avaient pris au sérieux notre requête on ne serait là aujourd’hui”, martèle-t-il.
Cette accusation, les hommes de la marée chaussée ne s’y connaissent pas. “En Côte d’Ivoire nous avons 33 barrages bien homologués. Les autres postes que vous voyez c’est souvent pour la lutte contre les braquages. Dans cette zone, il y a trop de braquages et c’est pour lutter contre cela qu’il y a des postes de contrôle. Comme partout, il y a des brebis galeuses. Mais ce que je voulais qu’on sache c’est qu’il y a eu un acte isolé que nous déplorons tous“, dit le Col Edo Kouakou. Qui demande aux uns et aux autres de mettre balle à terre pour la préservation de la cohésion sociale.
La ministre Anne Désirée OULOTO, qui a eu vent de l’histoire est annoncée ce soir pour un entretien avec la chefferie, la jeunesse et les autorités administratives et militaires.