Après la prise de plusieurs mesures par le chef de l’état pour éviter la propagation du Covid-19 dans le pays, à Man nombreux sont les secteurs d’activités qui sont en difficulté. man-ville.net s’est interressé à la filière viande.
C’est l’abattoir qui nous accueille en ce journée du lundi 06 Avril. À notre arrivée, nous trouvons un endroit désert. Habituellement, c’est un lieu très animé. Mais il règne un calme plat. Les bouchers, les propriétaires de bétails, vendeurs de peaux, que nous trouvons ont plutôt la tête ailleurs. Inquiets, visages crispés, ils devisent entre eux. Le sujet de leur conversation porte justement sur l’avenir, ce que leur réserve les jours à venir. Ils avaient l’aire endeuillé. Les bouchers chargés de dépecer les bœufs ont, pour la plupart, rangés les machettes. Ils sont au chômage. Les enclos, quand à eux, sont vides.
Un vendeur de bétail que nous approchons explique les difficultés qu’ils traversent depuis la fermeture des frontières qui a considérablement freiné leur ravitaillement en bêtes.« Actuellement c’est dur. À cette heure ci, tu serais venu nous trouver occupé. J’étais à au moins 3 bœufs déjà vendus. Mais aujourd’hui pour vendre, faudrait il qu’on ait du bétail. Tout ceux que qui nous ravitaillent disent que la situation actuelle fait que les bœufs ne rentrent plus. Nous nous ravitaillons à Odienne qui se ravitaille au Mali. Maintenant que les frontières sont fermées à cause de la situation sanitaire, c’est quasi impossible d’avoir des bêtes. Ce sont nos derniers stocks de bétails que nous sommes entrain d’écouler. Vous voyez (nous montrant les enclos) tout est vide. Avant ce sont des centaines de bœufs que vous auriez trouvé à cette heure ici, mais aujourd’hui rien », explique Sangare Yaya. Avant d’ajouter que la situation va de pire en pire parce que le bétail sur place est presque épuisé.
Vers une augmentation du kilogramme de viande ?
Du fait de la rareté du betail, il nous explique que le prix des animaux connait en ce moment une hausse au niveau des fournisseurs d’Odienne.« Depuis quelques jours et vu la rareté des bœufs, nos fournisseurs font de la surenchère. Les bœufs de 100 000 fcfa sont passés à 150 voire 200.000 fcfa. Ceux de 200 000 sont passés à 300 voire 350 000 fcfa », a-t-il déploré.
Si la situation actuelle persiste, selon lui, il va de soit que le prix du kilogramme de viande connaisse également une hausse sur le marché.« Actuellement, le prix du kilo de viande est à 2000 fcfa. Il risque de passer à 2200fcfa (et ça a déjà commencé, a-t-il précisé). Actuellement tous les acteurs du secteur de la viande sont touchés par cette situation au plus haut point », a-t-il renchérit. Selon lui, en pareille circonstance, les propriétaires locaux de bœufs sensés les ravitailler en bêtes sont devenus aussi chers.
Le secteur de la viande, il faut le dire, est fortement sinistré. Et si on y prend pas garde le prix de la viande risque de flamber sur les marchés. Face à cette situation, les bouchers, les propriétaires de bétails appellent l’Etat au secours.« Nous savons que la situation sanitaire qui prévaut est compliquée. Mais il faut que l’Etat pense à nous aussi. Tout le bétail que nous recevons du Nord vient soit du Mali et quelques fois du Burkina. La viande fait partie de la nourriture de base des populations. Que nos dirigeants en particulier le chef de l’état pense à ce secteur. Car si la viande se fait de plus en plus rare, ce sera difficile pour nos populations. Et nous qui travaillons dans le secteur, nos familles seront dans la faim. Ici à l’abattoir, ce sont plus de 200 emplois directs (bouchers, vendeurs de pattes, de têtes de bétail, vendeurs de peaux.. Ndlr) que génère ce travail. Et si ces pères de famille sont au chômage ça sera vraiment catastrophique. », souhaite Adama Boucher.
Vivement que l’Etat se penche sur cette situation pour que les populations ne viennent pas à manquer de viande.
Doumbia Seydou Badian