Man/ Plusieurs prisonniers en détention préventive à la MAC oubliés par les juges depuis des années attendent un jugement

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Violences en tout genre, surpopulation sont les maux qui minent la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Man. Ces conditions de détention exécrables sont encore doublement mal vécues par une catégorie de prisonniers. Ce sont les détenus dans les liens de la détention préventive. Certains y sont depuis 3, 4, 5 voire 6 ans.

Construite pour accueillir 250 pensionnaires, la maison d’arrêt de Man compte, à ce jour, 1289 détenus. Soit cinq fois la capacité d’accueil. Les dortoirs sont inexistants et les détenus ne mangent pas à leur faim.

À l’intérieur, apprend-on d’un ex pensionnaire, les prisonniers sont en groupes dans les cellules : ” Souvent, les autres prisonniers affamés groupent les repas de leurs codétenus qui viennent. C’est la loi du plus fort quand on veut pas partager”, explique-t- il.

À l’entendre, ils se voyaient contraints de partager sa nourriture avec d’autres détenus. Aussi, explique-t-il que la promiscuité est source de propagation de maladies. Dans ces conditions, les prisonniers sans soutien extérieur sont des morts en sursis, selon lui.

Au-delà des conditions de détention difficiles énumérées ci-dessus, certains détenus attendent toujours qu’on leur clarifie leur statut. Il s’agit de ceux frappés par la détention préventive qui attendent qu’un juge se prononce sur leurs cas.

Le tournoi de football organisé par l’administration de cette prison, à l’occasion des festivités de fin d’année, a permis à Glouzei Fidel, porte-parole des détenus ce jour, de soulever la question. C’est les larmes aux yeux qu’il a évoqué cette situation qui pèse sur la conscience de nombreux prisonniers.

S’adressant au procureur de la République près du tribunal de première instance de Man, il lui a demandé de se pencher sur le cas des prisonniers en détention préventive de longues durées. Selon lui, certains y sont depuis 3,4 voire 5 ans.« La vie en détention n’est pas facile et y être sans avoir été jugé et condamné est encore plus douloureux et dramatique”, a-t-il relevé.

Pour lui, c’est une situation qui participe à la surpopulation :” Nous sommes là depuis plusieurs années sans savoir jusqu’à quand nous serons là et quand nous sortirons », a-t-il indiqué, lui même incarcéré depuis 2015.

Un autre détenu à qui nous attribuons les initiales de K. M. dit également vivre mal sa situation. Selon lui, conduit dans cette prison depuis septembre 2015, il a été oublié par les juges: « Je suis ici depuis 2015 sans jugement. Certains avec qui nous sommes arrivés à cette période sont déjà sortis. Nous sommes encore là. Mes parents ont tellement fait que parfois ils se lassent de venir me voir. C’est toujours le statut quo. On ne sait pas ce qui coince. On veut être situer sur notre sort. Même si on est condamné c’est pas un souci mais vivre plusieurs années en ne sachant pas si on est coupable ou pas est plus douloureux que notre séjour », relate il les yeux larmoyants.

Ces festivites se sont avérées donc comme une occasion inespérée qui leur a été donné par le régisseur, Koné Ibrahim Khalil de s’adresser directement au procureur.« Jetez un regard sur les conditions de détention. Les cellules sont surpeuplées et la tombée de la nuit est pour les détenus que nous sommes, une torture”, a-t-il lancé.

Par ailleurs, il a demandé à l’État de créer des conditions de réinsertion après la prison :” Aidez nous à purger nos peines dans des conditions qui nous permettront de participer un jour au développement du pays”, a conclu Glouzei Fidel.

Les regards sont donc tournés vers les autorités judiciaires afin qu’elles jettent un regard sur cette situation qui contribue à rendre difficile les conditions de détention dans cette prison.

Doumbia Seydou Badian

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