Reportage/ Parc national du Mont Sangbé : Voyage au cœur de la biodiversité et des secrets de la savane

Temps de lecture : 6 minutes

Une aventure extraordinaire a conduit, ce samedi 2 novembre 2024, à l’initiative de l’ONG Milieu Vert en partenariat avec l’OIPR, un groupe de visiteurs amoureux de la biodiversité dans les profondeurs du parc national du Mont Sangbé, un joyau écologique en Côte d’Ivoire. Parmi eux, des journalistes, des jeunes leaders de Man, des représentants de l’ONG Milieu Vert, et le Capitaine Yaya Sinayoko, responsable des mesures riveraines à la Direction de la zone ouest de l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR). Armés d’une passion commune pour la conservation et d’une curiosité insatiable, ils ont embarqué pour un périple guidé à travers cet espace naturel exceptionnel, réputé pour ses 97 554 hectares de faune avec plus de 46 espèces de mammifères notamment le léopard, le chimpanzé et l’hippotrague avec flore précieuses et variée.

Le trajet pour rejoindre cette étendue luxuriante et sauvage fut à lui seul une aventure. Après un parcours de 84 kilomètres sur la route dégradée reliant Man à Fouéna dans le département de Touba, émaillée de nids-de-poule, le groupe a parcouru 46 kilomètres de pistes poussiéreuses. À bord d’un cargo militaire de l’OIPR, les visiteurs ont affronté la rudesse du chemin, entre chocs et secousses, avant d’atteindre enfin Toulo, petite localité marquant la dernière étape avant l’entrée de l’aire protégée.

En arrivant à la porte du parc, située à six kilomètres de Toulo, le capitaine Sinayoko présente la première porte d’entrée du parc. Dans un discours solennel, il a rappelé l’importance de préserver ce sanctuaire naturel : « Évitez de jeter des ordures, de laisser des objets ou de perturber la biodiversité, tant faunistique que floristique. Ce parc est notre héritage commun ; protégeons-le pour les générations futures. » La consigne ainsi donnée, il est temps d’immortaliser ce moment unique avec des photos de groupe, sous le regard curieux d’un ciel bleu éclatant.

Sur le trajet dans ce décor époustouflant, un mammifère surgit au loin, presque imperceptible dans la savane, sans doute effrayé par le bruit du moteur du camion : un Cobe Defassa, majestueux, en quête de nourriture. Tous s’arrêtent, subjugués par cette apparition éphémère qui rappelle la splendeur naturelle des lieux. La silhouette du cobe Defassa se fond dans le paysage, offrant un aperçu éphémère de la diversité animale qui peuple le parc national du Mont Sangbé.

Exploration dans le silence sacré de la savane

Le trajet se poursuit à l’intérieur du parc, et après une quinzaine de kilomètres, le guide Diomandé Lanciné, écologue de l’OIPR, demande au conducteur de marquer un arrêt. Dans les herbes hautes, il révèle un sentier presque invisible, un passage connu seulement des initiés, menant à une saline. Cette terre, marquée par le passage régulier des animaux, est une source précieuse de minéraux pour leur alimentation. L’écologue se penche pour montrer des empreintes fraîches de Cobe Defassa et de potamochères, signes récents d’une activité animalière intense. « Ici, les animaux viennent chercher le sel pour équilibrer leur santé. On peut souvent observer des troupeaux entiers le matin et au crépuscule », explique-t-il, avant de guider les visiteurs plus loin.

Le périple se poursuit en pénétrant davantage dans les profondeurs du parc. Le silence règne par moments, interrompu seulement par les bruits mystérieux des oiseaux, parmi lesquels le chant des Touracos et de nombreuses autres espèces. Chaque pas écrase les herbes épaisses sous les pieds des visiteurs. Diomandé Lanciné, écologue et guide expert du parc national du Mont Sangbé, qui connaît chaque sentier invisible à travers les hautes herbes prend la tête du groupe, suivi de près par le capitaine, en file indienne, les visiteurs avancent dans l’espoir de surprendre un mammifère discret ou un oiseau coloré. « On peut entendre les oiseaux avant même de les voir », murmure une participante, éblouie par cette symphonie sauvage.

Arrivé à la saline, un lieu énigmatique où les animaux se rassemblent pour s’alimenter en sel, l’écologue Diomandé marque un arrêt. « Cette terre salée, une création de Dieu et de la nature, attire tous les animaux du parc. Ici, ils viennent se nourrir de cette terre riche pour leur santé, » explique-t-il. Les visiteurs observent les marques fraîches laissées par les animaux – empreintes de cobe défassa, de buffle, de phacochère, d’hylochère, de potamochère et même des traces plus fines, signes du passage d’un hérisson. Les buissons piétinés témoignent d’une vie foisonnante, invisible, mais omniprésente.

Les récits passionnants de l’écologue captivent les visiteurs, tandis qu’ils avancent prudemment à travers la savane. « Cette zone accueille également des carnivores comme les panthères, toujours à l’affût dans les recoins sombres de la savane, » poursuit-il. Ces prédateurs, tels des gardiens silencieux, ajoutent une touche de mystère à ce sanctuaire sauvage. Bien que les animaux soient discrets, les visiteurs ressentent la présence de cette vie animale en constante observation.

Sous un soleil de plus en plus haut, le groupe aperçoit des signes tangibles d’une faune diverse mais discrète. Diarrassouba Yayou, vice-président de l’ONG Milieu Vert, co-initiateur de cette excursion, explique l’objectif de la visite : « Nous voulons sensibiliser les jeunes et les populations locales à la valorisation et à la protection de cette richesse de la nature et la fragilité de notre biodiversité. Ce parc recèle des trésors naturels inestimables qui méritent d’être protégés et respectés. »Vers midi, un événement rare se produit : un Autour unibande, un rapace de la famille des Accipitridae, atterrit à proximité du groupe, comme attiré par la curiosité des visiteurs. L’oiseau se laisse photographier, comme une invitation à se rapprocher de la nature. Cet instant magique ravive l’enthousiasme du groupe, qui immortalise le moment sans bouger, impressionné par la majesté de cet animal.

Le Capitaine Sinayoko ne manque pas d’exprimer sa satisfaction pour cette sortie : « L’OIPR s’engage non seulement à protéger, mais également à promouvoir le parc national du Mont Sangbé comme un atout pour la région. Grâce à des partenariats comme celui avec l’ONG Milieu Vert, nous encourageons une approche durable de la conservation et du développement. » Il rappelle que le parc s’étend sur trois départements et représente une richesse écologique pour la Côte d’Ivoire.

Malgré la chaleur intense et la fatigue, les visiteurs poursuivent leur exploration, éblouis par la beauté et la sérénité du paysage. Diomandé, en véritable connaisseur des lieux, raconte que le parc national du Mont Sangbé abrite des espèces rares telles que les hippotragues, ces majestueuses antilopes qui se déplacent souvent en troupeau. « En fin d’après-midi, il n’est pas rare de les voir chercher leur précieux sel, vital pour leur survie, » raconte-il.

Avant de quitter le parc, le Lieutenant Koné Yaya, chef du secteur Sangbé 1, rejoint le groupe malgré une récente convalescence. Sa présence symbolise l’engagement total des protecteurs de la nature envers la sauvegarde de ce patrimoine. « Je suis heureux de vous voir si nombreux aujourd’hui. Ensemble, nous pouvons préserver cette biodiversité exceptionnelle, » déclare-t-il avec émotion.

En fin de journée, alors que le soleil amorce sa descente, les visiteurs se remettent en route, enrichis par une expérience à la fois intense et inoubliable. La visite guidée a pris fin, mais le parc national du Mont Sangbé restera gravé dans leur mémoire comme un monde caché où règne la nature, un rappel de l’importance de préserver ces écosystèmes uniques pour les générations futures.

Kindo Ousseny

Loading

Partager, c'est aimer!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *