Le mercredi 7 mai 2024 dernier, La salle des fêtes de l’hôtel communal de Man a abrité des échanges d’experts, d’élus et de représentants institutionnels à l’initiative du Réseau Ivoirien pour la Promotion de l’Éducation Pour Tous (RIP-EPT) au cours d’un panel. Une activité qui s’inscrit dans le cadre de la Semaine mondiale d’action pour l’éducation 2025, placée cette année sous le thème : « Protéger l’éducation en cas d’urgence ».

Dès l’ouverture des travaux, Dosso Abou, président du comité régional du RIP-EPT, a planté le décor. « Il s’agit pour nous de créer un espace de dialogue pour réfléchir ensemble aux réponses adaptées afin de garantir la continuité de l’éducation, même en contexte de crise. Nos priorités incluent les enfants, les filles et les personnes handicapées », a-t-il indiqué. Ce cadre d’échange se voulait aussi un levier pour interpeller les décideurs sur les vulnérabilités éducatives encore trop fréquentes dans la région du Tonkpi.
Au nom du président du Conseil régional, le directeur de cabinet Désiré Mohi a mis en lumière les efforts menés pour réduire les inégalités d’accès à l’éducation : construction de 34 collèges de proximité, 22 000 tables-bancs distribués et un engagement de 5 millions de FCFA pour renforcer l’équipement des écoles. Toutefois, il a précisé que les demandes doivent être transmises officiellement par courriel. « Notre volonté est de faire plus, mais dans l’ordre et la transparence », a-t-il ajouté.

Intervenant ensuite, Tuo Adama, directeur régional des statistiques, a rappelé l’importance de l’investissement personnel dans les études. « L’accès à Internet est une chance, mais aussi un piège si l’on en fait mauvais usage. Petit papier = petit salaire, si tu as la chance d’avoir un travail », a-t-il lancé. Pour lui, les technologies doivent compléter l’apprentissage, sans le remplacer.
Keffa Adolph, président de la Commission régionale des droits de l’homme, a quant à lui replacé le débat dans un cadre plus global. « L’école est un droit constitutionnel, et les parents sont légalement tenus de scolariser leurs enfants. La vulnérabilité peut toucher tout le monde, d’où la nécessité d’un système éducatif juste et inclusif », a-t-il insisté, avant de rappeler que la fille a autant de droits que le garçon, un message de justice sociale salué par l’assistance.

Le dernier mot est revenu à Goué Jules, inspecteur de l’Éducation nationale et 6ᵉ adjoint au maire de Man, qui a mis en lumière une action concrète contre l’abandon scolaire des filles : la distribution de 1 000 kits de serviettes hygiéniques dans les écoles primaires. « Chaque kit couvre une année. Nous devons briser le tabou autour des menstruations si nous voulons garder nos filles à l’école », a-t-il déclaré avec conviction.
En clôture, Dosso Abou a remercié les partenaires techniques, les collectivités et les responsables éducatifs pour leur mobilisation. « Ce panel prouve que, unis, nous pouvons rendre notre système éducatif plus fort face aux urgences », a-t-il affirmé. À Man, les défis éducatifs sont nombreux, mais la dynamique collective engagée ce jour laisse entrevoir de réelles avancées pour une école plus inclusive, plus humaine et mieux préparée aux aléas du monde contemporain.
Kindo Ousseny