Le 9 mai 2025, le Comité National de Lutte contre la Contrefaçon (CNLC) a posé ses valises à Man dans la capitale du Tonkpi pour une session de formation et de sensibilisation à l’endroit des forces de défense et de sécurité, ainsi que des leaders communautaires. Organisée dans la salle de conférence de la Préfecture, cette activité s’inscrit dans une vaste campagne nationale visant à renforcer la lutte contre la prolifération des produits contrefaits sur le territoire ivoirien.

Ville carrefour à forte activité commerciale, Man occupe une position stratégique dans l’ouest montagneux du pays. Ce dynamisme, bien que porteur d’opportunités économiques, expose également la région à un fléau silencieux : l’introduction de produits contrefaits, souvent au mépris de la santé des consommateurs et des règles commerciales. Le choix de Man pour cette étape de la tournée n’est donc pas fortuit.
Prenant la parole à l’ouverture de la rencontre, Mme Geneviève Férimata Diakité, présidente du CNLC, a rappelé l’ampleur des enjeux :
« La contrefaçon ne concerne pas seulement la propriété intellectuelle. C’est une menace pour la santé publique, un frein au développement économique et une atteinte à la souveraineté commerciale. Nous devons agir de manière concertée. »
Cette session a été l’occasion pour Serge Lakpo, expert en propriété intellectuelle et membre de la cellule de prévention du CNLC, de présenter les mécanismes de lutte mis en place. Il a notamment insisté sur la collaboration entre les services douaniers, les forces de l’ordre et les autorités locales :
« Nous devons bâtir une synergie opérationnelle. Sans coordination sur le terrain, la lutte restera inefficace. »
Les participants ont également été instruits sur le cadre juridique qui encadre la lutte contre la contrefaçon, avec une attention particulière portée à l’accord de Bangui et son annexe 3 sur les marques de commerce. Objectif : permettre aux agents de terrain d’identifier plus aisément les produits illicites.
Les sanctions prévues par la loi ont été rappelées : amendes pouvant atteindre 10 millions de francs CFA, peines d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans, sans oublier la saisie et la destruction des marchandises incriminées.
« Il faut que les auteurs sachent que la loi est claire et sévère », a insisté M. Lakpo.
À l’issue de la session, Mme Diakité a lancé un appel à la mobilisation de tous les acteurs : « La réussite de cette lutte repose sur chacun. Commerçants, consommateurs, leaders communautaires, agents de sécurité… tout le monde a un rôle à jouer pour assainir le marché. »
La campagne du CNLC se décline en trois axes : la formation des administrations concernées, la sensibilisation des opérateurs économiques et la répression des infractions grâce à une meilleure coordination des forces impliquées. Dans un contexte où les produits contrefaits prolifèrent, notamment dans les secteurs sensibles (cosmétiques, médicaments, boissons…), le CNLC entend renforcer la vigilance sur tout le territoire.
Cette étape à Man marque un tournant décisif pour le Tonkpi, appelé à devenir un rempart contre l’économie illicite. Le message est clair : la contrefaçon n’a pas sa place dans les marchés ivoiriens.
Doumbia Seydou Badian