Le parc national du Mont Péko, longtemps meurtri par les crises, amorce une résilience écologique encourageante. Du 2 au 4 juin 2025, à Duékoué, un atelier de validation des données du suivi écologique a réuni experts, chercheurs et gestionnaires de l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR), dans une ambiance studieuse et porteuse d’espoir pour la biodiversité ivoirienne.

Le chargé d’étude à la Direction de zone ouest de l’OIPR, le Colonel Assui Wa Kassi N’guessan Dawy, représentant le Directeur de zone ouest, a d’entrée campé le décor. “Le parc national du Mont Péko revient de loin. Les études antérieures faisaient état de 42 espèces de mammifères. Aujourd’hui, malgré des moyens limités, nous avons identifié 30 espèces, ce qui est un signe évident de régénération”, a-t-il expliqué. Une dynamique positive qui, selon lui, augure d’un avenir meilleur si les efforts de conservation se poursuivent.
Cette phase pilote de suivi écologique, encadrée par les chercheurs des universités Jean Lorougnon Guédé de Daloa et de Man, a permis d’évaluer la diversité faunique et les changements observés depuis les années de crise. Le Lieutenant-colonel Beda Ange Alex, en charge du suivi écologique et des systèmes d’information géographique, a présenté les données techniques, qui confirment le retour progressif des habitats naturels et des espèces phares du parc.
Pour le Colonel Kouamé N’Dri Pascal, chef de la cellule Appui technique à la Direction technique de l’OIPR, représentant le Directeur général, cette étude arrive à point nommé. “Il fallait mesurer l’impact des efforts déployés depuis la reprise en main du parc. Et ce suivi nous permet désormais d’adapter nos interventions pour garantir une conservation durable”, a-t-il précisé. Il s’est également réjoui de la pertinence des résultats et des propositions d’amélioration du dispositif de collecte.

Le parc du Mont Péko, enclavé et autrefois occupé, fait aujourd’hui peau neuve. Des signes clairs de reconstitution de la couverture végétale sont visibles. “Nous avons observé la présence d’arbres pionniers et d’essences forestières indicatrices de régénération. C’est encourageant”, a soutenu le Colonel Assui Wa Kassi. Une autre étude, cette fois axée sur la flore, est en cours et viendra compléter le tableau des efforts de restauration.
Du côté des chercheurs, la satisfaction est également de mise. Le Dr Kouakou Yao Célestin, enseignant-chercheur à l’Université Lorougnon Guédé, a souligné l’importance scientifique de cette démarche. “En validant ces résultats, nous avons l’assurance que la méthodologie convenue a été respectée. Les difficultés d’accès à certaines zones ont été soulignées, et des solutions comme l’usage de caméras pièges ou le réduction de la longueur des transects sont envisagées pour renforcer la surveillance.”

Au-delà des chiffres, cet atelier a mis en exergue l’approche inclusive de l’OIPR. Les recommandations formulées par le groupe de travail visent à améliorer l’efficacité du suivi écologique dans les prochaines années. L’ambiance cordiale, l’interactivité des discussions et la qualité des présentations ont marqué positivement les participants.
En clôture, les représentants de l’OIPR ont réitéré leur engagement pour la préservation du parc, tout en appelant à une mobilisation accrue des populations riveraines. Car, comme l’a si bien rappelé le Colonel Assui: “Le Mont Péko, c’est l’élément de vie des populations d’abord, avant d’être un enjeu national.”
Le Mont Péko renaît peu à peu, et avec lui, un pan entier de l’identité écologique de l’ouest montagneux. Une renaissance fragile, mais possible, à condition que l’engagement collectif se poursuive, des scientifiques aux villageois.
Kindo Ousseny