Source Pole Afrique.info / Construit en 1996 par le maire Bouys Sianélé Philippe à la demande des femmes commerçantes, le petit marché de Libreville comportait trois hangars avec box. Le vent ayant rasé l’un des trois, aujourd’hui un seul sur les deux restants est exploité. Devenu une décharge en plein marché, la population riveraine, les commerçantes et la population côtoient les maladies à longueur de journée.
Doumbia Youssouf, riverain, la trentaine révolue contient mal sa colère. « C’est à cause de la crise que ce que nous vivons est arrivé. Les femmes à cause des fusils qui crépitaient ont préféré rester à terre pour fuir rapidement. Après la crise, la nature ayant horreur du vide, ce joli hangar s’est transformé en dépotoir. Une fois, la mairie est venue nettoyer sans prendre le soin d’installer les femmes. Le même scénario s’est reproduit. J’ai pris des photos que je suis allé montrer au préfet et au directeur des services techniques de la mairie, en vain », révèle-t-il.
Ce dépotoir en plein marché qui fait bon ménage avec les denrées alimentaires cause d’énormes désagréments aux riverains.
« Nous habitons juste à côté du marché. Nos maisons sont devenues des nids de moustiques et des mauvaises odeurs. Vous constatez qu’il y a de la fumée qui sort de ces tas d’immondices. Ce sont toutes ces choses mortelles que nous côtoyons chaque jour ici. A partir de 18 heures quand les commerçantes s’apprêtent à rentrer, elles mettent le feu aux ordures. Et c’est nous qui respirons l’odeur. Des voisins qui n’ont pas de toilettes viennent aussi faire leurs besoins ici. Ce qui est écœurant, c’est que la mairie prélève des taxes sur ce marché. Notre vie ne leur dit absolument rien. Nous sommes obligés d’acheter la nourriture dans des conditions d’hygiène très précaires. Notre situation de vie devient de plus en plus critique. Que les autorités compétentes agissent le plus vite possible »,souhaite Youssouf Doumbia.
Karidja Dosso est commerçante depuis 27 ans au petit marché de Libreville à Man. Elle explique la situation de ce joyau devenu un dépotoir. « C’est au temps du maire Bouys que ce marché a été construit. Au moment où la construction du marché s’achevait, Bouys a perdu la municipalité de Man. La construction n’étant pas bien terminée, les places n’ont pas été attribuées comme il le fallait. Il y a eu des mésententes au moment où on attribuait les places. Des femmes par je ne sais quel procédé, ont eu plusieurs places à la fois. On était à ce stade quand le vent a fait tomber le hangar du milieu. Les femmes ont donc quitté le hangar pour s’installer à même le sol. Étant donné que le hangar a été abandonné sous prétexte qu’en dessous les choses ne marchent pas bien, il est devenu le lieu privilégié, pour déverser les ordures », explique t-elle.
Cette situation, selon Dosso Karidja a poussé un moment les femmes à s’organiser pour épurer le hangar. « Un moment, il nous a fallu nous organiser pour enlever les ordures. Car il était vraiment impossible de s’asseoir et vendre à cause de la forte odeur que dégageaient les ordures. La mairie aussi fait son effort mais vraiment c’est dur », ajoute-t-elle. Répondant à tous ceux qui avancent que le hangar « dépotoir » serait hanté, Dosso Karidja dit s’inscrire en faux, car n’ayant jamais eu affaire à un quelconque génie.
A la mairie de la ville, où PôleAfrique.info s’est rendu pour avoir plus amples informations, Bah Basile, directeur des services techniques, ne cache pas son amertume. « Les hangars du marché de Libreville sont le fruit des souhaits des femmes qui y vendent depuis le maire Bouys en 1996. Les femmes, pour on ne sait quelle raison, ont quitté le hangar devenu dépotoir pour s’installer au pied de cet édifice dans les rues. La mairie a fait plusieurs démarches. D’abord avec le maire Flindé Albert ensuite avec l’actuel maire. Nous avons rencontré les femmes qui nous ont donné des raisons infondées selon nous, afin de rester dans les rues. Avec le maire Tia André, il ya eu plusieurs réunions de négociations, à la mairie et dans le quartier avec les forces vives. Les commerçantes donnent leur accord mais ne s’exécutent pas. Nous avons saisi la tutelle. Ainsi le 6 juillet 2017, elles ont encore pris la résolution d’occuper ce hangar. Mais comme toujours la situation demeure inchangée. Aujourd’hui, le hangar est devenu un vrai dépotoir, je dirai même une décharge. Nous nettoyons, vu l’insalubrité et le désagrément que cela cause aux riverains », fait savoir le Directeur technique de la mairie de Man.
Pour pallier cette situation qui pose un véritable problème de santé aux populations, la mairie a jugé bon d’aménager un site pour le dépôt des ordures, afin que le ramassage soit fait le plus vite possible. Une proposition qui n’obtient pas l’adhésion de la jeunesse du quartier Libreville.
« Nous voulons que le marché soit occupé. Pour y arriver il faut trouver un site à proximité pour que la population puisse y déverser les ordures. Nous avons tenté d’aménager le site identifié mais la jeunesse de ce quartier, s’est opposée violemment à cette opération. Jusqu’à présent nous sommes en négociation afin d’enlever les ordures et relocaliser les commerçantes », soutient Bah Basile.
Mais selon Mahoua Sidibé vendeuse d’oignon, le retour sous le hangar n’est pas un souci pour les commerçantes du petit marché de Libreville. Elles demandent juste qu’il soit débarrassé des tas d’immondices et qu’un site de dépôt d’ordures soit trouvé. « Nous sommes prêtes à retourner sous le hangar. Nous allons, nous-mêmes faire la police pour que celles, qui vont refuser de s’asseoir sous le hangar y soient obligées. Moi-même je suis prête à porter pantalon pour mener cette campagne avec la mairie » a t-elle assuré.
Les commerçantes disent n’attendre que les coups de pelles, râteaux et balais de la mairie, pour recoloniser le hangar.
Jean Olivier Dan (Correspondant Ouest)
Source : rédaction Poleafrique.info