Alors que la fête de l’Aïd El Kebir encore appelée la fête de la Tabaski ou du mouton, se profile à l’horizon- la célébration est prévue pour ce dimanche 16 juin- la ville de Man, capitale de la région du Tonkpi, est en ébullition. Si les commerçants qui se sont ravitaillés en marchandises espèrent faire une bonne affaire, les populations pour leur part se plaignent des prix pratiqués sur les marchés.
Vendredi 8 juin 2024. Nous sommes au grand marché de Man. L’ambiance est au rendez-vous. Vendeuses de vivriers, de vêtements et autres articles, proposent leurs produits; certains le font à la criée, quand d’autres présentent avec soin leurs marchandises. S’il y’a un point qui grouillent également de monde, c’est aussi le marché à bétail, situé au centre-ville, où l’on vend uniquement les petits ruminants, moutons et cabris.
Les commerçants attendent la clientèle
Le marché est bien fourni en bêtes. Il a été approvisionné pour la circonstance. Les enclos qui ont été érigé pour les parquer sont plein à craquer. Sur la provenance des animaux, Habib Coulibaly, un jeune vendeur de bétail qui revendique plus de 150 têtes de petits ruminants (principalement des moutons et quelques chèvres) nous informe que presque tous les moutons viennent des villages et sous-préfectures du Tonkpi, du Guémon et du Cavally.
« Nous sommes vraiment fournis en petits ruminants. Nous n’attendons pas les pays voisins pour nous approvisionner en moutons. Notre principal marché d’approvisionnement reste les villages environnants. Nous sommes bien garnis et n’attendons plus que les clients pour venir se servir », a-t-il dit.
Parlant des prix des bêtes, Habib reconnaît une flambée. Les coûts pratiqués varient entre 85 000 et 300 000 FCFA. Cette flambée des prix, explique-t-il, n’est pas du ressort des vendeurs qu’ils sont. À l’en croire, l’entretien des animaux est devenu plus coûteux. « L’entretien journalier d’un mouton nous revient par jour à 2 000 FCFA. Ce qui devient excessif sur un mois. Sans compter les vaccins que nous devons administrer durant leur séjour chez nous. Quant à la nourriture, elle nous coûte 7 000 FCFA/ jour. Il faut ajouter à tout ceci des frais supplémentaires. Nous essayons de fixer des prix raisonnables pour permettre à tout le monde d’acheter son mouton », a-t-il expliqué. Pour la fête, Habib Coulibaly conseille l’achat d’ un mouton de 120 000 FCFA. Ce qui serait, à ses yeux, plus raisonnable. En ce qui concerne l’affluence, il se dit satisfait.« Les clients viennent timidement, mais c’est acceptable. L’expérience nous a appris que c’est à la dernière minute qu’ils arrivent. Sinon les derniers jours. Notamment à la veille de la fête. À deux jours de la fête, ils commenceront à affluer », a-t-il ajouté.
Après le marché des petits ruminants, nous arrivons sur un autre parc à bétail. Celui de l’abattoir municipal de Man, situé au quartier Camp Sea, qui accueille principalement les grands ruminants. À savoir les boeufs. Nous découvrons un endroit plutôt désert. ” les bœufs sont pour la plupart partis paître”, apprend-on. Amadou DJIM, un bouvier quinquagénaire possédant plus de 30 ans d’expérience dans la vente de bœufs. « Nous sommes allés faire paître les bœufs disponibles ce matin. S’ils ne sont pas nombreux dans les enclos, c’est parce que nous attendons l’approvisionnement des pays voisins. En tant que vendeurs, nous préférons faire venir les bœufs deux ou trois jours avant la fête pour éviter les dépenses en nourriture et vaccins. Les clients attendent toujours à la dernière minute », nous relate-t-il. Les prix, selon lui, varient de 300 000 FCFA pour les boeufs moyens à 1 000 000 de francs pour les plus gros. Il indique que ces coûts sont raisonnables au vu de l’inflation des prix sur les marchés. « Les Manois n’ont pas à s’inquiéter, il y a assez de bœufs pour les satisfaire. Qu’ils viennent se servir pour passer une bonne fête. Les prix sont abordables et chacun pourra trouver pour lui », a-t-il rassuré.
… pendant celle-ci s’inquiète des prix pratiqués
Les clients expriment néanmoins quelques inquiétudes face à la hausse des prix des moutons et des bœufs. Beaucoup redoutent de ne pas pouvoir s’acheter un animal. À cause des tarifs jugés élevés, selon eux. Dans ces conditions, beaucoup envisagent de se tourner vers des alternatives moins coûteuses telles que des achats groupés. À savoir se mettre à plusieurs pour acheter un bœuf. Ou même carrément renoncer à l’achat. Ce qui pourrait affecter la tradition et l’esprit de la fête de la Tabaski.
Les sentiments sont mitigés. Si d’un côté les vendeurs se montrent optimistes et rassurants et espèrent faire une bonne affaire, les clients eux sont plutôt préoccupés par leur état financier au vu des prix fixés. Surtout que cette fête engendrent d’autres dépenses en dehors de la bête du sacrifice.« On va attendre jusqu’à la veille voir comment les prix seront pour pouvoir nous trouver au moins un mouton ou un bœuf pour la fête. Mais avec les dépenses à faire pour les enfants et la nourriture ces prix sont vraiment élevés. Ça devient une affaire de bourgeois », nous a confié Traoré Sekou, un client trouvé sur place.
Doumbia Seydou Badian