Le voile commence à se lever sur l’affaire macabre qui a bouleversé la quiétude de Sandougou-Soba, un village du département de Man dans l’ouest ivoirien. Il s’agit de l’enlèvement, de l’assassinat et du prélèvement d’organes, de pratique de charlatanisme ayant porté atteinte à l’intégrité physique du jeune Koalaga Bangba, un adolescent retrouvé sans vie dans des circonstances tragiques. Après plusieurs jours de traque, la brigade ville de la gendarmerie nationale de Man, avec l’appui de ses services de recherche, a mis la main sur le principal suspect : un tradipraticien dénommé A A, alias “Dah Ezo”. Ce dernier a été arrêté à Vavoua, en compagnie de son présumé complice, grâce à une opération menée avec une discrétion exemplaire.

Tout commence au lendemain de l’interpellation d’un premier suspect dans l’affaire. Dès le samedi 22 mars 2025, “Dah Ezo” quitte précipitamment Sandougou-Soba, prétextant un déplacement pour se ravitailler en matériel de soin à Troya 2, dans la sous-préfecture de Guiglo, où réside sa compagne, une ressortissante du village de Sandougou-Soba. Interrogé plus tard par les enquêteurs, il soutiendra avoir fait ce déplacement pour des raisons purement professionnelles, sans lien avec l’affaire en cours. Mais les éléments d’enquête vont vite mettre à mal cette version.
Le 25 mars, sa compagne, alertée par les rumeurs qui courent au village, l’informe de son implication présumée dans l’assassinat du jeune garçon. Loin de s’indigner, “Dah Ezo” nie toute implication, mais invite curieusement sa compagne à changer de numéro de téléphone, tout en lui avouant qu’il s’est lui-même “retiré du réseau”. Une posture jugée suspecte par sa conjointe, qui commence à douter de l’innocence de son partenaire. Elle l’implore alors de retourner à Sandougou-Soba pour éclaircir les faits. Ce qu’il promet de faire, mais sans jamais s’exécuter.
Au lieu de prendre la route de Sandougou-Soba, “Dah Ezo” met le cap vers Daloa, puis Vavoua. C’est dans cette dernière ville qu’il trouve refuge chez un compatriote ouest-africain, Z H P, également tradipraticien. Malgré l’errance suspecte de son hôte, ce dernier accepte de l’héberger. Là encore, le féticheur avance les mêmes prétextes : l’achat de matériel de travail. Finalement, face à la pression, il finit par confier à son hôte qu’il cherche à “échapper à la justice”, tout en continuant de nier les faits. Une confidence lourde de sens, que Z H P préfère taire, choisissant de ne pas alerter les autorités. Une erreur qui lui vaudra son arrestation aux côtés de “Dah Ezo” pour recèle de malfaiteur.
Les deux hommes sont transférés sous bonne escorte à la brigade ville de Man. C’est là que s’engage une série d’interrogatoires minutieusement menés par les enquêteurs de la gendarmerie. Malgré les preuves accablantes et les témoignages concordants, le sieur A A alias “Dah Ezo” nie en bloc les faits. Mais la confrontation avec son premier complice, déjà arrêté, va le confondre. Celui-ci le désigne sans détour comme le commanditaire de l’enlèvement et de l’assassinat. Sa compagne, également entendue, n’a pas manqué de souligner ses attitudes suspectes depuis sa fuite.

Les éléments réunis par les enquêteurs laissent entrevoir un possible réseau de trafic d’organes humains opérant dans la région. L’itinéraire de fuite de “Dah Ezo”, sa volonté d’effacer toute trace de communication, ainsi que les protections dont il a bénéficié en chemin, interrogent les autorités. La gendarmerie nationale poursuit activement ses investigations pour faire toute la lumière sur cette affaire à la fois tragique et complexe.
En attendant l’issue de l’enquête, A A alias “Dah Ezo” et son présumé complice sont incarcérés à la maison d’arrêt et de correction de Man depuis le jeudi 3 avril 2025. Ils devront bientôt répondre de leurs actes devant le tribunal de première instance de Man. La population, encore sous le choc, espère que justice sera rendue pour l’adolescent froidement arraché à la vie.
Cette avancée décisive dans l’enquête doit beaucoup au professionnalisme, à la discrétion et à la célérité de la brigade ville de la gendarmerie nationale de Man, menée sous la supervision du lieutenant-colonel Moussa Koné, commandant la huitième légion territoriale de la gendarmerie de Man et le chef d’escadron N’goran Effi Gerard commandant de compagnie de la gendarmerie de Man. En agissant avec rigueur et efficacité, la gendarmerie a su rassurer les populations et démontrer que nul ne peut échapper à la justice. Bravo aux forces de l’ordre pour ce travail salutaire.
Kindo Ousseny