La cour de la préfecture de Man a abrité, ce lundi 7 avril 2025, la reprise officielle du salut aux couleurs, une tradition républicaine remise au goût du jour à l’initiative du préfet de la région du Tonkpi, préfet du département de Man, Soro Fatogoma. Dans une atmosphère empreinte de solennité et de fierté nationale, les détachements des forces de défense et de sécurité, les directeurs et chefs de service, les autorités municipales et les membres de la société civile ont assisté à la montée du drapeau tricolore. Ce rituel a été suivi d’un discours fort du préfet, d’une opération de don de sang et d’une conférence publique sur le nouveau code de l’environnement, animée par le directeur régional Klé Blé Sébastien.

Prenant la parole après l’hymne national, le préfet Soro Fatogoma a salué la forte mobilisation des autorités administratives, militaires et civiles. « Ce matin, je voudrais vous dire merci pour votre présence. Aujourd’hui, nous allons poser ensemble deux actes citoyens majeurs : le don de sang et la sensibilisation environnementale », a-t-il déclaré. Évoquant l’urgence sanitaire liée à la pénurie chronique de sang dans les hôpitaux de Man, il a lancé un appel fort à la solidarité : « Nous devons être les premiers à donner l’exemple. Chaque jour, les sirènes des sapeurs-pompiers résonnent dans la ville. Cela veut dire que chaque jour, des vies sont en danger. Donnons de notre sang pour sauver nos concitoyens. »
Sous les bâches installées dans la cour et dans la salle de conférence, plusieurs agents du Centre régional de transfusion sanguine (CRTS), conduits par leur directeur, Dr Saffo Apia Bernard, ont accueilli les donneurs. Ce dernier a salué l’initiative des autorités préfectorales, tout en insistant sur les critères d’éligibilité. « Pour faire un don, il faut être âgé de 18 à 60 ans et se sentir en bonne santé. Une fois sur place, un entretien médical décidera de votre aptitude. Il s’agit d’un geste simple, mais qui peut sauver une femme en couche ou un enfant atteint de paludisme », a-t-il rappelé, invitant la population du Tonkpi à faire de cet acte un réflexe citoyen.

La deuxième partie de cette matinée a été marquée par une conférence publique sur le nouveau code de l’environnement, promulgué en novembre 2023. Le directeur régional de l’environnement, du développement durable et de la transition écologique, Klé Blé Sébastien, en a présenté les innovations majeures. « Ce code intègre de nouveaux défis comme le changement climatique, l’éducation environnementale et la mise en place prochaine d’une police environnementale. À partir de novembre 2025, cette police interviendra pour sanctionner les infractions environnementales », a-t-il annoncé devant une salle attentive.
Klé Blé Sébastien a insisté sur la nécessité de sensibiliser les populations sur leurs devoirs écologiques. Il a évoqué des infractions courantes telles que l’incinération à l’air libre ou encore l’empoisonnement des cours d’eau pour tuer les poissons. « Ces pratiques sont punies par la loi. Nous devons urgemment éduquer nos populations à un comportement écocitoyen. L’environnement à Man est en danger. Il est temps d’agir collectivement », a-t-il martelé.

L’orateur n’a pas manqué de dénoncer certaines pratiques destructrices dans la région, notamment dans les zones de Zouan-Hounien, où l’orpaillage clandestin continue de faire des ravages. Une mission conjointe avec les forces de sécurité est prévue, selon lui, pour constater les dégâts et prendre les mesures qui s’imposent. Il a également pointé du doigt les conditions de travail dans le secteur du concassage de pierres. « Cette activité est légale, mais elle est exercée dans des conditions précaires, sans respect des normes environnementales ni mesures de sécurité pour les ouvriers », a-t-il déploré.
Dans un esprit de pédagogie, Klé Blé a évoqué la responsabilité des pollueurs et la mise en application prochaine de la taxe « pollueur-payeur », prévue par le nouveau code. « Toute incinération non contrôlée sera sanctionnée. Les activités économiques doivent se conformer aux exigences du développement durable », a-t-il averti, avant d’inviter les populations à intégrer le thème de la quinzaine de l’environnement 2025 : “Je suis un citoyen écoresponsable.”

La matinée s’est achevée sur une note d’engagement, tant de la part des autorités que des participants. Le préfet Soro Fatogoma a promis la pérennisation de ces actions citoyennes. « Nous allons continuer le salut aux couleurs, organiser régulièrement des collectes de sang et promouvoir les conférences thématiques. Le développement du Tonkpi passe aussi par l’exemplarité de ses cadres et la mobilisation de ses citoyens », a-t-il souligné.
Par ce triplé civique – patriotisme, solidarité et écologie – la préfecture de Man donne un signal fort : celui d’un État de proximité engagé à bâtir une société plus responsable. Le ton est donné pour une année 2025 placée sous le signe de l’action citoyenne.
Kindo Ousseny