L’écotourisme en ligne de mire
La salle de conférences de la préfecture de Séguéla a vibré ce jeudi 14 novembre 2024, au rythme de la troisième session annuelle du Comité de gestion locale (CGL) du Parc national du Mont Sangbé. Sous la présidence du préfet de la région du Worodougou, préfet du département de Séguéla, cette rencontre a réuni les acteurs locaux et nationaux pour débattre des avancées et perspectives liées à la protection de cette aire protégée, joyau écologique de la Côte d’Ivoire.
Le colonel Gonto Gbassaha, conseiller technique représentant le conservateur général, Tondossama Adama, Directeur général de l’OIPR, à la clôture de la session, a partagé un bilan un bilan éloquent du parc national du Mont Sangbé. Les activités du troisième trimestre 2024 témoignent d’une amélioration notable de la population animale, avec une progression des espèces emblématiques comme les chimpanzés, les hippotragues, les cobs et bien d’autres. Ces résultats, fruits d’un suivi écologique rigoureux, permettent de redoubler les efforts pour contrer les menaces récurrentes, notamment le braconnage.
Selon le colonel Gonto, « malgré les défis persistants, nos équipes travaillent sans relâche pour sécuriser ce patrimoine. L’objectif est désormais de valoriser les richesses du parc à travers l’éco-tourisme, une initiative qui bénéficie déjà du soutien du Conseil régional du Tonkpi. »
Le représentant du directeur général de l’OIPR a salué l’effort du gouvernement en faveur des aires protégées qui se matérialise par le recrutement de 3 000 agents des Eaux et Forêts. « Ces renforts permettront d’intensifier la surveillance du parc face aux pressions humaines et environnementales croissantes, » a-t-il expliqué.
Des initiatives innovantes, telles que des études sur les conflits hommes-faune, sont également en cours. Ces recherches visent à atténuer les tensions entre les villages périphériques et les espèces sauvages, contribuant ainsi à une coexistence harmonieuse.
L’éco-tourisme comme levier de développement durable
La valorisation éco-touristique du parc national du Mont Sangbé constitue une priorité stratégique pour la direction générale de l’OIPR. Avec son panorama unique et sa biodiversité florissante, le parc s’inscrit comme une destination à fort potentiel et un véritable produit d’appel touristique. Le colonel Zannou Moïse, directeur de la zone ouest de l’OIPR, a détaillé les projets en cours : « En plus des infrastructures écotouristiques, nous prévoyons de former des guides issus des villages riverains. Ce modèle inclusif va générer des revenus alternatifs pour ces communautés et renforcera leur rôle dans la protection du parc. » Cette dynamique va permettre également de recruter des jeunes des zones périphériques pour participer aux activités de surveillance et de suivi écologique. Un modèle gagnant qui associe conservation et développement local.
Pour cimenter cette synergie, l’OIPR selon le Directeur de la Zone ouest, met en œuvre des mesures riveraines variées, allant des appuis sociaux aux projets économiques. En 2023, par exemple, un bâtiment scolaire a été construit à Gouané, et des initiatives comme, les microprojets, le « Prix vert » la réalisation des infrastructures sociales de base encouragent les villages à devenir des partenaires actifs de la préservation. Pour 2025, une augmentation des financements alloués à ces initiatives est prévue d’après le colonel Zannou Moïse.
Cette approche participative a été saluée par le préfet de la région du Worodougou, préfet du département de Séguéla, Diarra Abdoul Karim, président de cette session, qui a souligné l’importance de la collaboration avec les associations villageoises pour la conservation et le développement (AVCD). « Les communautés riveraines sont le pilier de notre réussite. Leur engagement garantit une gestion durable du parc, » a-t-il déclaré.
Le préfet hors grade a encouragé les parties prenantes à redoubler d’efforts. « Le Mont Sangbé est un héritage commun. Ensemble, nous devons veiller à sa transmission aux générations futures, » a-t-il conclu.
Le secrétaire général de la préfecture, représentant le préfet de Biankouma, président du CGL lors des échanges a rappelé le rôle crucial du Comité de Gestion Locale (CGL), « Ce cadre de concertation renforce les liens entre les autorités, les communautés et les partenaires pour garantir la pérennité du parc», a-t-il souligné.
L’année à venir s’annonce riche en défis et opportunités. La valorisation écotouristique du parc devrait accélérer avec l’appui d’investissements locaux et internationaux. Parallèlement, les efforts de conservation se poursuivront, avec un accent particulier sur la sensibilisation des populations riveraines et le développement des infrastructures sociales.
Le Parc national du Mont Sangbé, fort de son patrimoine naturel et de l’engagement de ses partenaires, incarne une vision ambitieuse pour l’avenir de l’éco-tourisme en Côte d’Ivoire. En mobilisant les ressources locales et en renforçant la collaboration entre acteurs publics et privés, il s’impose comme un modèle de gestion durable au service de la biodiversité et du bien-être des communautés.
Kindo Ousseny