Durant cinq jours intenses de formation à la préfecture de police de Man, plus de vingt policiers issus des postes frontières de Gbapleu, Sipilou, Zouan-Hounien et Biankouma ont bénéficié d’un renforcement de capacités en gestion des frontières. Organisée dans le cadre de la phase 2 du projet « Gestion des frontières en Côte d’Ivoire », cette initiative est le fruit d’une coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et la Confédération suisse, mise en œuvre par l’ICMPD (Centre international pour le développement des politiques migratoires).

Dans son discours, Natalija Spunjini, cheffe du projet ICMPD Côte d’Ivoire, a situé les enjeux : « Cette formation est un recyclage destiné aux agents des postes frontaliers. Elle complète les acquis de la phase 1 du projet. Les formateurs, issus de la Direction de la surveillance du territoire (DST), ont abordé des modules essentiels : la déontologie, la sécurisation des postes, la réglementation transfrontalière, la lutte contre la fraude documentaire, et plus encore. » Elle a salué l’engagement des participants, les invitant à transmettre les connaissances acquises à leurs collègues restés en poste.
Animée par des experts de l’Unité de Lutte contre le Trafic illicite des Migrants et la Traite des Personnes (ULTIM) de la DST, la formation s’est articulée autour de deux grands axes : la réglementation transfrontalière et la lutte contre la fraude documentaire. Le capitaine-major de police N’da Claude Kouakou, formateur principal, a précisé : « Nous avons insisté sur la tenue d’un poste, les conditions d’entrée et de séjour, l’usage de l’arme à feu, la reconnaissance faciale et les typologies de fraude documentaire. L’atelier pratique a permis une réelle immersion. Les résultats de l’évaluation finale sont excellents. »
Une approche interactive et participative a marqué les sessions. Les simulations sur documents frauduleux et les exercices de contrôle aux frontières ont particulièrement mobilisé les stagiaires. Pour le commissaire de police Kra Kouakou Didier, chef du commissariat de Zouan-Hounien, cette formation est tombée à point nommé : « Le monde évolue. Nous devons nous adapter. Grâce à ce recyclage, nous sommes aujourd’hui mieux préparés à détecter les faux documents et à gérer les flux transfrontaliers. Même les notions comme l’autorisation parentale pour les enfants en déplacement ont été clarifiées. »

La pertinence de la session n’a pas échappé aux autorités régionales. Le préfet de police de Man, le commissaire divisionnaire-major N’Guessan Ettien, a salué l’initiative : « Merci de former nos hommes. Ici, nos portes d’entrée sont sensibles. Si les agents ne disposent pas du minimum requis, il est difficile d’assurer une sécurité durable. » Il a également insisté sur l’importance de multiplier ces formations pour combler les défis liés aux zones frontalières complexes et parfois exposées à des trafics.
Pour le commissaire Cheick Fofana, représentant du cabinet du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, la formation va au-delà du renforcement technique. « C’est une réponse stratégique aux enjeux sécuritaires. Elle garantit la maîtrise des migrations, la lutte contre les criminalités transfrontalières, et favorise des échanges légaux et sûrs entre les pays. La sécurisation des frontières est un pilier de notre souveraineté nationale. »
La formation s’est déroulée dans une ambiance studieuse et conviviale. Outre les séances théoriques, les pauses-cafés et les moments d’échange ont favorisé la cohésion entre policiers venus de différents horizons. L’ICMPD, en collaboration avec la DST, avec l’appui financier de la Confédération Suisse a assuré une organisation logistique sans faille, renforçant la qualité pédagogique de la session.

Au terme des cinq jours, les participants ont exprimé leur gratitude pour cette initiative qu’ils jugent « salvatrice » et « structurante ». La cérémonie de clôture a permis de leur remettre des attestations de participation, en présence du préfet de police de Man. Les stagiaires repartent plus aguerris, plus motivés, et conscients de leur rôle stratégique dans la sécurisation des frontières nationales.
Par cette formation, la Côte d’Ivoire montre son engagement à bâtir une police de frontière professionnelle, ancrée dans les standards internationaux. Le projet « Gestion des frontières » se révèle ainsi comme un levier de modernisation, d’efficacité et de coopération régionale. Et pour les populations frontalières, c’est la promesse d’un contrôle plus rigoureux, mais aussi plus respectueux des droits et des personnes.
Kindo Ousseny