Le 1er mai 2024, jour pour se souvenir et célébrer les luttes historiques du mouvement des droits des travailleurs, a été l’occasion pour le directeur régional du travail du Tonkpi de relever les défis du monde du travail dans la région du Tonkpi. Il a dépeint un tableau sombre de la situation. Cette célébration a été aussi marquée par un géant défilé des travailleurs sous le regard bienveillant du préfet de la région du Tonkpi, préfet du département de Man, Célestin Wimbledon, président de la cérémonie.
Au terme du défilé des travailleurs dont les étudiants de l’INFAS et l’association des couturiers, stylistes et créateurs de mode ont été les principales attractions aux côtés des syndicats des travailleurs, ces derniers sont passés tour à tour pour exprimer leurs différentes préoccupations.
C’est donc après leurs différentes interventions que le Directeur régional du Travail Gonzreu Kapeu a dépeint la situation des travailleurs de la région et le tableau n’est pas reluisant dans le secteur privé. Selon lui, il y a trop de difficultés dans les relations professionnelles entre employeurs et employés.
« Difficultés dans l’application de certaines dispositions de la loi N°2015-532 DU 20 juillet 2015 portant code du travail ; refus ou difficultés pour certains employeurs d’appliquer les revalorisations salariales décidées par le gouvernement ; refus de déclarer les travailleurs à la CNPS, institution qui garantit leur retraite ; refus de se présenter à l’inspection du travail pour la conciliation en cas de litige ; le non-respect des procédures de licenciement ; le refus de payer les indemnités de rupture et l’absence de d’une représentation régionale permanente de la CNPS », a déploré le directeur régional du travail.
Selon lui, l’examen des statistiques issu de ses services du 1er mai 2023 au 30 avril 2024 révèle 296 travailleurs mis en chômage technique pour 3 entreprises concernées. Le licenciement économique de 241 travailleurs pour 3 entreprises. Pour ce qui est des licenciements individuels, sur 231 dossiers reçus par ses services, 207 ont été conciliés, 18 dossiers transmis au tribunal de première instance de Man et 6 en instance. Pour ce qui est du licenciement des travailleurs protégés, 14 dossiers sont reçus par l’inspection du travail.
Des chiffres qui interpellent sur la réalité du travail dans la région du Tonkpi. D’après lui, ces données expriment les difficultés qu’éprouvent les partenaires sociaux et surtout le problème de l’emploi dans la région.
Gonzreu Kapeu a précisé que ces nombreux cas de licenciement et de chômage technique concernent essentiellement les entreprises du secteur bois. Un secteur désormais sinistré du fait de la déforestation, de la rareté des espèces exploitables et des difficultés d’adaptation des entreprises aux nouvelles normes nationales et internationales.
Le directeur régional du travail a invité les entreprises à établir des relations professionnelles saines avec leurs travailleurs. Il a aussi fait plusieurs recommandations à l’endroit des employeurs et des employés pour assainir le secteur privé.
Les représentants régionaux des centrales syndicales UGTCI, Humanisme, FESACI et la confédération syndicale espoir ont tour à tour pris la parole pour exprimer les préoccupations de leurs différentes corporations.
C’est dans ce sens que Soumahoro Loua de l’Union général des travailleurs tout comme ses paires a déploré la cherté de la vie, qui se traduit par la hausse des prix des denrées de grandes consommation comme le riz, l’huile, la viande, le poisson qui selon lui sont hors de portée des ménages. « Il en est de même pour le prix du gaz butane, de l’eau, de l’électricité, du transport et du téléphone », a-t-il soutenu. Il a souhaité la révision de ces prix à la baisse et l’activation des services de contrôle des prix du ministère du commerce. Aussi, ont-ils plaidé pour le bitumage de certains axes routiers de la ville tout en se félicitant du démarrage des travaux de la voie qui relie la place de la paix à la scierie Capen.
Pour sa part le préfet de la région du Tonkpi, préfet du département de Man, Célestin Womblégnon a salué le bon ton employé par les représentants régionaux des syndicats. « J’ai apprécié la teneur de vos propos, et j’ai apprécié le style dans lequel vous avez tenu ces propos. Ce n’est pas un style vindicatif, bien au contraire vous avez parlé d’un ton apaisé. Même si quelque fois vos revendications sont un peu durs, vous êtes quand-même restés dans le bon ton », s’est-il féliciter. Le préfet hors grade a rappelé que le gouvernement a sous l’égide du président de la république a fait beaucoup d’efforts à travers l’adoption d’un certain nombre de mesure qu’il a prise pour permettre aux travailleurs qu’ils soient du public ou du privé d’avoir une bonne solde et un bon environnement de travail et en conséquence être épanouis.
Il s’est réjoui du nouveau statut des fonctionnaires qui apporte beaucoup d’innovation dont le congé de paternité. L’indemnité de logement désormais accordé à l’ensemble des fonctionnaires ainsi que la visite médicale annuelle pour ne citer que ceux-là.
Célestin Womblégnon a souhaité que les employeurs soient désormais invités à la fête du travail pour qu’ils puissent entendre ce qui est dit.
Il a déploré le non-respect de la loi par les entreprises alors que nul n’est au-dessus de la loi.
Kindo Ousseny