MAN/ La ville paralysée suite une grève des commerçants

Temps de lecture : 4 minutes

Par Jean Olivier Dan / La ville de Man a connu une ambiance particulière ce jeudi 12 avril 2018. Un groupe de commerçants se réclamant de la Fédération Nationale des Commerçants de Côte d’Ivoire (FENACCI), mégaphone en mains, sur des motos, a sillonné toute la ville de Man pour intimer l’ordre à tous les tenanciers de boutiques, de magasins et autres commerces de fermer sous peine de représailles.

Aucun quartier de la ville de Man n’a été épargné. Du quartier Sari à Grand-Gbapleu, en passant par le commerce, Doyagouiné 1 et 2, Libreville, pour ne citer que ceux-là.
Tous les magasins et boutiques ont baissé pavillon.

Au grand marché de Man, la rue jonchant l’officine du maire Tia Andrée qui d’habitude grouille de vendeurs de friperie dans des brouettes est déserte. Seule une vendeuse de pains est présente.

De même les ballets incessants de taxis, de vendeuses ambulantes et autres usagers de la route, de cette rue, menant également au CHR, n’étaient plus perceptibles. Même les vendeuses de légumes par peur ont rangé leurs marchandises pour rentrer à la maison.

Devant les magasins fermés, certains commerçants veillaient au grain pour ne pas que le mouvement ne soit infiltré par des voleurs.

Pourquoi ce débrayage?

Approchés pour  savoir les motifs de ce mouvement d’humeur, les responsables de la FENACCI, section Man disent leur part de vérité  

Les responsables fenacci à Man

« Nous avons décidé d’observer cette grève parce que la direction régionale des impôts nous fatigue. Nous voulons interpeller l’Etat ivoirien afin de mettre fin à des pratiques qui non seulement nous appauvrissent et nous rendent la vie dure mais également qui n’honorent pas la DGI » a indiqué Diakité Mohamed SG section Man et Vice-président National de la FENACCI.

Selon toujours, Diakité Mohamed, ce sont au total 9 points de revendications qui sont présentés à la direction régionale des impôts de Man. Il s’agit  entre autres de l’annulation de toutes les taxations d’office en cours, l’annulation de toutes les nouvelles impositions jugées abusives, l’interdiction des soldats en uniforme et des armes de guerre devant les commerces, l’interdiction des fermetures des commerces sans préavis, l’annulation de toutes les augmentations d’impositions jugées abusives et l’annulation de tous les déclassements jugés abusifs.

« Vu, tout ce qui précède, nous avons décidé de rentrer en grève le 11 avril dernier. Mais le préfet de la région du Tonkpi, Soro Kayaha Jérôme, nous a tous reçu et a demandé qu’on s’asseye pour discuter.  Ce que nous avons accepté en pensant que nos revendications seront prises en compte. Nous avons levé le mot d’ordre de grève. Le mercredi 11 avril, nous nous sommes retrouvés mais malheureusement, le DR a refusé d’accéder à nos revendications. Aucun point de nos revendications n’a été pris en compte. C’est ce qui nous a mis en colère et nous avons entrepris de rentrer en grève pour trois jours », indique le secrétaire de section FENACCI Man.

Rencontré Fousséni Django, directeur régional des impôts dit ne pas se reconnaître dans toutes ces accusations. « Le système des impôts ivoirien  est un système déclaratif. Le contribuable déclare  et les impôts contrôlent. Les impositions se font en fonction du chiffre d’affaire. A Man, il y a une fraude fiscale rampante et dangereuse », a indiqué Django Fousséni.

« Nous avons constaté une vaste fraude fiscale et nous avons donc instruit nos services aux fins d’accroitre les contrôles fiscaux sur les déclarations déposées pour corriger les fausses déclarations faites. La lutte que nous menons rentre dans la droite ligne des objectifs de la DGI.  Il y a beaucoup d’anomalies sur les impositions qui sont en train d’être corrigées, le niveau de cotisations très bas en tenant compte du niveau de vie et la présence de certains contribuables dans un régime qui ne correspond pas à leur volume d’activité sont les trois choses sur lesquelles nous travaillons. Et c’est dans ce cas se trouve un individu qui aujourd’hui trouble l’ordre public. Sinon en toute sincérité, mes services n’ont abusé de personne. Plusieurs contribuables ont déjà payé leurs impôts du mois de mars. C’est un individu qui instrumentalise les autres mais, nous pensons que cela va s’estomper seul »,  a terminé le directeur régional.

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